Harper: moins de gouvernement? Vraiment? Et qu’en pense Paola Ortiz?

À vous tous, libâââârtariens un peu naïfs qui appuyez Stephen Harper pour ses efforts dans la réduction de la taille de l’État, je vous dis de bien vouloir ouvrir vos jolis petits yeux morons marrons.

Vous n’y êtes pas. Mais alors, pas pantoute!

Demandez à Paola Ortiz, cette Mexicaine de 31 ans qui vit à Montréal depuis 2006 après avoir fui un mari policier… et violent.

Demandez à cet expert qu’est Me Jean-Claude Hébert [1]. Ancien membre de la Commission de réforme du droit, Me Hébert dénonçait le 20 septembre cette intrusion du pouvoir exécutif dans le pouvoir judiciaire que constitue l’imposition d’une peine minimum. D’une part, c’est là saper l’autorité des Tribunaux en laissant entendre que les juges manquent d’intelligence. D’autre part, c’est là pelleter des centaines de millions dans la cour des provinces, qui devront construire et gérer (sans soutien financier du fédéral) de nouvelles institutions carcérales pour héberger ces milliers personnes condamnées à une peine minimale pour des infractions relativement mineures…

Moins d’État? Non. Un État plus répressif, c’est un État forcément plus gras. Plus gras, mais avec moins de compassion pour les démunis…

Mais revenons pluôt à cette Paola Ortiz, ignominieusement jetées aux orties par un gouvernement qui dit n’importe quoi pour justifier ses politiques de cul.

Le Mexique, un havre de paix pour les femmes violentées, dit le ministre Jason Kenney

Mme Ortiz ne veut pas retourner au Mexique où elle affirme avoir été la victime de violence physique et sexuelle. […]

Mme Ortiz, qui habite Montréal, a fait une demande de statut de réfugié au Canada en 2006 parce qu’elle se disait victime de violence conjugale au Mexique de la part de son conjoint d’alors, un officier de la police fédérale.

Sa demande a été refusée par l’Immigration canadienne, qui soutient que le Mexique assure la protection des femmes victimes de violence conjugale.

Bullshit!

Depuis son arrivée au pays, Mme Ortiz s’est mariée et a eu deux enfants qui bénéficient de la citoyenneté canadienne. Elle a aussi obtenu un certificat de sélection du Québec, dans le but de décrocher une résidence permanente au Canada. – un compte-rendu de Radio-Canada, 21 septembre 2011

Le Mexique, un oasis de protection à l’égard des femmes victimes de violence conjugale, estime le Ministre? Voici ce que pensait Amnesty international au 1 août 2008… il y a 3 ans à peine:

Thousands of Mexican women who survive violence in their homes are being put at risk of further abuse by a justice system that often fails to take their safety seriously, said Amnesty International in a new report today.

Amnesty International’s report explores the obstacles Mexican women face when trying to report cases of domestic violence – including the refusal of officials to accept complaints,  deficient investigations and poor enforcement of protective measures.  The report is being published 18 months after Mexico passed a law to counter violence against women.

[…] Women who find the courage to report the abuse are often treated with indifference and have to prove they are subject to violence. In many cases officials even ask them to deliver summons to their aggressor. 

Ça, c’est bin l’bout d’la marde! Dire que chez nous, l’avocat qui prépare une demande en divorce/séparation pour sa cliente demande au huissier d’aller signifier la procédure une fois que la madame s’est mise à l’abri!

Et de qui a-t-elle peur, Paola Ortiz? Son bourreau et mari éconduit est… policier. Holy shit! Sa plainte sera-t-elle prise au sérieux par la police mexicaine? Poser la question, c’est un peu y répondre, non?

Amnesty International, c’est pas crédible, c’est des estis de go-gauche, diront certains. Bon bin alors, la Banque interaméricaine de développement, cé-tu plusse crédible?

Mexico’s laws have failed to make a dent in violence against women, psychologist Carla Moreno told IPS. Inter-American Development Bank (IDB) figures show that seven out of every 10 Mexican women have suffered some form of abusive treatment at some time in their lives. 

Moreno has plenty of experience on this issue, as the director of the non-governmental Association of Women Survivors of Sexual Abuse (MUSAS), which provides legal and psychological support to an average of 1,200 women a year, victims of violence at home or at work. 

The latest abuse scandal in Mexico was the beating and repeated rape of 13 women at the hands of 20 soldiers who were guarding ballot boxes from the Jul. 2 national elections, in the northern state of Coahuila, on the border with the United States. – source: IPS, 14 août 2006

Cé bin l’bout d’la marde: vingt soldats, chargés de les protéger, violent 13 femmes!

Ça doit être une autre gang de go-gauches! Voyons donc ce qu’en pense l’anthropologue Kaja Finkler, professeur à la University of North Carolina (si c’est des zamaricains qui le disent, c’est crédible, non?)

[…] uses an anthropological perspective to examine domestic violence and its effect on the health of impoverished women in Mexico. A brief exploration of the notion of sickness if offered, and domestic violence is analyzed within its historical context and contemporary settings in Mexico. The isolation of the nuclear family, the lack of community sanctions against domestic violence, and the corrupt legal and police system all contribute to this violence. [sommaire publié dans Social Science & Medicine, Vol 45(8), Oct 1997, 1147-1160 ]

Si j’ai bien compris, l’Honorable Ministre Jason Kenney dit avoir pleinement confiance en la police et en la justice mexicaines… ici décrites comme étant particulièrement corrompues.

Et voilà pourquoi l’ordre d’éviction a été maintenu, malgré la crise d’angoisse qu’aura subi madame Ortiz.

Quel beau et grand pays que le Canada.

J’ai honte, tabarnak!

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[1] Jean-Claude Hébert n’est pas seulement un criminaliste réputé; c’est aussi l’un des esprits juridiques les plus brillants que compte aujourd’hui le Québec, et l’un de ses plus grands experts en matière de droits de la personne.