Le lien vers ce topo est ICI:
Les partis d’opposition hurlent leur indignation devant les conditions de vie précaire auxquelles doivent faire face les Cris d’Attawapiskat, parqués sur la rive ontarienne de la Baie James. En réaction, le gouvernement Harper ne trouve rien de mieux à faire que de mettre le Conseil de bande en tutelle.
Interrogé sur le dossier à la période de questions, le premier ministre Stephen Harper a soutenu qu’il n’était pas acceptable pour le gouvernement de constater de tels résultats alors que 90 millions de dollars en six ans ont été investis dans la communauté, soit environ 52 000 $ par habitant.
[…] Ce dernier a aussi demandé une vérification fiscale pour déterminer comment la réserve a dépensé l’argent qui lui a été octroyé.
Vives réactions de l’opposition
Le député néo-démocrate de Timmins-Baie James, Charlie Angus, dont la circonscription comprend la communauté autochtone, critique la façon de faire du gouvernement. Il estime que la solution trouvée par les conservateurs est de « blâmer la communauté ». « Pourquoi lorsqu’il s’agit d’une Première Nation qui demande l’aide du gouvernement celui-ci ne répond qu’avec du mépris? », s’est-il interrogé.
AJOUT: Merci à The Ubbergeek pour ces liens. On trouvera [ICI] 32 documents comptables, dont les États financiers de la bande (préparée par un bureau de vérificateurs comptables), pour chacune des années 2005-2011. Les années pour lesquelles Harper prétend faussement que la Bande n’a pas fourni de chiffres. C’est tout comme s’il accusait la communauté d’avoir falsifié les chiffres, ce qui pue le racisme à plein nez!
Et on trouvera [ICI] une étude magistrale et bien documentée, préparée par une étudiante en droit (métisse) originaire de l’Alberta et établie à Montréal, Âpihtawikosisân. À LIRE !!!
De son côté, le chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae, croit que les 90 millions de dollars du fédéral représentent une statistique trompeuse, puisque le montant comprend aussi les investissements pour l’éducation et les infrastructures, comme les routes et les égouts.
Réaction merdique d’un Premier-Ministre merdique. Réaction empreinte de mépris et de condescendance: on vous a donné des millions, vous les avez dilapidés, alors on va gérer les fonds à votre place!
Et ça va régler les problèmes de logement dans l’immédiat, ça? Ça va assurer le confort des résidents, privés d’eau potable et dont certains devront passer l’hiver sous la tente?
Le problème auquel font face les bandes autochtones, c’est la surpopulation des réserves dans lesquelles ils sont confinés et dont le périmètre est trop exigu. Je ne connais pas le territoire d’Attawapiskat, mais pour les avoir visitées, je connais les problèmes qui prévalent plus près de chez moi, à Pikogan, au Lac Simon, dans la Timiskaming First Nation de Notre-Dame-du-Nord, à Kitsisakik… La communauté d’Attawapiskat souffre d’un autre handicap: l’éloignement, d’où résultent des coûts faramineux pour les denrées essentielles.
La Consolidated De Beers exploite une mine de diamants, 90 km à l’ouest. La communauté crie en retire-t-elle des bénéfices?
De Beers fait également des paiements pour fonds en fiducie mis sur pied par la Première Nation. Ce fonds contient actuellement 10,5 millions de dollars. La chef de bande Theresa Spence souligne qu’elle n’a pas accès à cet argent immédiatement pour du logement. Elle aimerait renégocier l’accord avec De Beers, ce que l’entreprise ne souhaite pas, puisque cette entente sur les répercussions et les avantages a pris trois ans à négocier.
C’est très utile, ça, des fonds détenus en fiducie par De Beers… qui refuse de les libérer!
Pour sa part, le gouvernement canadien construit des écoles pour les petites afghanes, y construit des routes et y loge ses soldats; mais rien pour ces habitants du Quart-Monde qui vivent au nord de son opulente capitale, dont le nom rappelle pourtant étrangement celui de la communauté crie d’Attawapiskat.
Harper et le mépris des Premières Nations: rien de nouveau sous le soleil
Le 29 juin 2006, le Canada (avec la Russie) votait contre l’adoption de la Déclaration des droits des peuples autochtones à la première séance du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Ce vote constitue un revirement majeur par rapport à l’attitude adoptée par le Canada durant les 20 années pendant lesquelles s’est élaborée cette Déclaration.
[…] Alors que toutes les organisations impliquées s’accordent pour reconnaître le rôle proactif du Canada durant les 20 années qui ont mené à la rédaction de la Déclaration, les prises de position récentes obligent à questionner l’attitude du gouvernement Harper. Pour Rémi Savard, (professeur d’anthropologie spécialiste des questions autochtones) le Parti conservateur a toujours été opposé à ce qu’une organisation internationale (comme l’ONU) reconnaisse les droits des autochtones.
Au-delà de cette vision globale, le document émis par le gouvernement (2) (3) pour justifier sa position permet d’identifier clairement 3 éléments qui justifient l’opposition farouche du gouvernement devant toutes dispositions qui touchent à la terre, aux territoires, aux ressources naturelles. Tout aussi sensible est la reconnaissance du droit à l’autodétermination des peuples autochtones et enfin l’obligation qui est faite aux États, d’obtenir le « consentement libre, préalable et éclairé » avant de prendre toute décision concernant des « projets de développement » pouvant les concerner.
Compte tenu de ce mépris affiché depuis 2006 par Stephen Harper à l’égard des Premières Nations, sa réaction – une mise en tutelle – n’était-elle pas prévisible?
Question bête et méchante: on peut-tu mettre le gouvernement Harper en tutelle, nous autres?
Quelques commentaires glanés sur le site de la SRC:
- Les anglo-saxons, imbus de leur supériorité, ont toujours considéré nos frères autochtones comme une quantité négligeable. – Bernard Vey, 30 novembre 2011, 23h28
- Face à un problème de pauvreté criant sur cette réserve qui fait mauvaise presse sur la planète, le gouvernement Harper n’a trouvé qu’une seule réponse possible. La mise sous tutelle …
Mais voulez-vous bien me dire qu’est-ce que celà va régler des problèmes sociaux, de logistiques et d’habitation dans ce milieu ? – Viateur Beaupré, 30 novembre 2011, 21h14
- Une réaction autoritaire cache toujours un défaut dans la direction. Si on en est là, il y a une cause, la solution de tutelle ne corrige pas la cause, elle sert à autre chose….. – Alain Godbout, 30 novembre, 20h23
- Ces gens ont été déracinés de force au début du 20e siècle, puis aculturés, contrôlés, instrumentalisés, et après on les traite comme s’ils étaient des parasites, c’est dégeulasse. – François Desrochers, 30 novembre, 18h53
Je vous ferai grâce des crottins de vache; il s’en trouve aussi. Malheureusement.