Le National Post a publié le 28 mai les résultats d’un sondage téléphonique réalisé par le 23 mai 2012 auprès de 1836 Canadiens âgés de 18 ans ou plus; la marge d’erreur (au niveau national) est de 2,29%, 19 fois sur 20. On remarquera des résultats que le Bloc semble avoir été exclu des options offertes, ce qui pourrait avoir faussé les résultats au Québec; j’y reviens plus loin.
The wide-ranging Forum Poll for the National Post sought the opinions of a sample of Canadians of voting age and found the NDP was the declared preference of more than one-third, compared to less than one-third who chose the Conservative Party and one-fifth the Liberal Party.
The voting intentions, if actual ballots, would translate into a minority government for the NDP, says Forum Research Inc.’s president Lorne Bozinoff.
[…] “A lot of what we see and hear about these days is the ’1%’ versus the ’99%’ and this poll is a perfect reflection of that,” Mr. Bozinoff said. “I think this suggests a longterm trend and the Conservatives are at the wrong end of that long-term trend.”
S’il est vrai qu’une tendance à long terme se dessine, comme le croit le président de Forum Researh Inc, j’ose espérer que le Calgary Boy’s Club va allumer avant qu’il ne soit trop tard. Mais puisqu’ils sont animés de la foi qui transporte les montagnes…
Conservative support was highest in Alberta and lowest in Quebec. The Liberals’ support was highest in households with incomes above $100,000.
HA! La voilà donc, la différence majeure entre le PLC et le NPD!
The Forum Poll for the National Post also suggests a wide majority of Canadians – more than three-quarters – think Canada suffers from an income gap, where the rich are getting too rich and the poor are getting too poor.
Regionally, Albertans were the least likely to worry about an income gap (63% did), compared with 89% in Atlantic Canada, 80% in British Columbia, 78% in Ontario, 77% in the Prairies and 76% in Quebec.
Il est intéressant de comparer l’opinion que se font les Canadiens d’un dollar fort (High dollar, dans le tableau qui suit).
Les Albertains sont deux fois plus nombreux que les Ontariens à se satisfaire d’un dollar fort; cet écart peut constituer un encouragement au discours de Thomas Mulcair sur la maladie hollandaise. Les Conservatifs vont s’appliquer à ridiculiser Mulcair sur ce point, mais de toute évidence, il détient là un numéro gagnant en Ontario, au Québec et dans les Maritimes. Or si c’est l’Ontario qui a permis aux Conservatifs d’obtenir une majorité aux Communes, le poids démographique de la province peut également lui permettre de défaire les Conservateurs à l’automne 2015.
Surtout si le taux de chômage devait y demeurer élevé. Surtout si, comme certains le craignent, le Canada devait entrer en récession avant la fin du présent mandat de Stephen Harper. La Grèce semble « faire des p’tits »; aussi paradoxal que ça puisse paraître, Harper pourrait en payer le prix, lui qui cherche pourtant à pousser le Canada à l’autre extrémité du spectre.
Pourquoi? Parce que si la Grèce devait entraîner l’Europe vers une faillite virtuelle, forcément, le Canada va en ressentir les effets. Tout comme il attrape le rhume quand les USA toussent…
La diabolisation de Mulcair par les journaux Postmedia
New Democratic Party leader Thomas Mulcair and his wife have repeatedly refinanced their home west of Montreal, gradually increasing the debt on the property over a series of 11 mortgages, land records show.
Mulcair’s office will not explain why the couple have loaded more and more financing onto the home they’ve lived in since the early 1980s, saying only that it’s a “private matter.”
It is unclear why Mulcair would need to refinance the modest two-garage home in Beaconsfield so many times, bumping the value of the mortgage from $58,000 to $300,000.
[…] If past opposition leaders are any example, Mulcair is likely to become the target of Conservative party attack ads before the next election. As a New Democrat, his credibility as financial manager will likely figure into the critique.
The serial refinancing of a home does not necessarily indicate personal financial difficulties, however. – Glen McGregor, National Post, 27 mai 2012
Le Post n’affirme rien. Il se contente d’insinuer. Il se contente de suggérer – insidieusement – qu’un leader socialiste qui n’est pas capable de gérer ses finances personnelles risque de précipiter le Canada dans l’abîme et d’en faire une nouvelle Grèce! Aussi subtile soit la manœuvre, disons que le jupon dépasse. Surtout que dès le lendemain, un autre chroniqueur du Post cogne sur le même clou:
Is this bad debt and the result of poor financial planning? Or is this exactly what debt should be used for — enhancing both your career and your wealth? We don’t know, he isn’t saying. – Gary Marr, National Post, 28 mai 2012
Mais parfois le Post ne se contente pas d’insinuer. Il mord! À titre d’exemple, plusieurs collaborateurs du Post ont ridiculisé le chef de l’Opposition pour ses prises de position sur la maladie hollandaise. Le sujet est assez vaste pour inspirer un second billet; on verra. Mais en attendant, voici un échantillon des coups de dents du Post:
- Andrew Coyne: There is a method to Thomas Mulcair’s ‘Dutch Disease’ madness If it makes no sense in economic terms, there may yet be a political method in Mr. Mulcair’s madness. That is, he may be attempting a classic regional straddle, playing on the economic anxieties of rust-belt Ontario (the reason you’re down is because those western oilmen are up) without alienating too many potential voters in the West (it’s not your oil I detest, it’s the gases it emits).Or rather, he’s trying to break up the Conservatives’ winning coalition of Ontario and the West, using oil as the wedge. – Andrew Coyne, 18 mai 2012
- Rex Murphy: Mulcair is too loud on Alberta, too mute on Quebec For over 100 days now, Montreal has been the scene of protests, civil disorder and a couple of truly wild and vile incidents […]
Meantime, in the faraway province of Alberta, the resentment toward NDP leader Thomas Mulcair’s comments on the oil economy, and the oil sands project in particular, is wide and deep. Mulcair’s remarks have stirred the bitter ghost of the National Energy Program, that critical and not-yet-forgiven federal blundering into Alberta’s economy under Pierre Trudeau’s imperious hand. – Rex Murphy, 26 mai 2012
- Rex Murphy on Thomas Mulcair: How recklessly unCanadian:
now along comes the freshly minted leader of Her Majesty’s Opposition firing both barrels at the oil sands, blasting its pace of development, and — effectively — blaming the economic woes of the Ontario, Quebec and New Brunswick on the economic success of the West.
This is raw territory. It seeks collision, not compromise. – Rex Murphy, 19 mai 2012
Divisif. Recklessly unCanadian… Et comme si ça ne suffisait pas, à la maladie hollandaise, Andrew Coyne oppose la « folie irlandaise » de Mulcair!
Le topo, ici, n’était pas d’élaborer sur la maladie hollandaise; il s’agit plutôt de démontrer – encore une fois – que quand leurs politiques et leur manières de primates ne parviennent pas à séduire l’électorat, plutôt que de renoncer à leur idéologie ils préfèrent entreprendre une campagne de salissage et ainsi effacer toute opposition.
Typique de la droite…
Une erreur des sondeurs?
Les tableaux publiés par le National Post sont basés sur une Chambre composée de 308 députés. La maison de sondage en a réparti 303 entre le PCC, le NPD et le PLC; il en reste donc 5 pour Elisabeth May et les troupes de Daniel Paillé.
Voyons maintenant comment les sondeurs ont réparti le vote au Québec: 40% au NPD, 19% aux Conservateurs et 12% aux Libéraux. Il reste donc 29% à partager entre des indépendants très marginaux, des Verts plutôt marginaux et un Bloc plutôt marginalisé le 2 mai 2011, mais qui semble avoir repris du poil de la bête. Avec 25% des suffrages, le Bloc peut-il vraiment faire élire moins de députés que les Conservateurs au Québec? J’en doute.