John le Frisé semble en faire sa marque de commerce: il se braque, il fait la sourde oreille, il niaise avec le puck, et il fait durer SON plaisir impérial au maximum. Et quand la marmite menace de lui exploser au visage, il fait siennes les conclusions que jusque là il avait ridiculisées.
La Commission Charbonneau est née après plus de 900 jours de gestation. Alors même que son Ministre de la Justice s’appliquait – dans un point de presse – à tenter de justifier l’indéfendable refus de tenir une Commission d’enquête, John Premier annonçait devant d’honnêtes travailleurs du PLQ que Commission il y aura. Encore que la Commission est née sans bras ni jambes; ses pouvoirs lui ont été greffés bien après l’accouchement…
Et le projet du Sûroit, abandonné en novembre 2004? Dix mois plus tôt, 67% des Québécois étaient opposés à sa réalisation. En février 2004, 4000 manifestants avaient défilé devant le siège social d’Hydro-Québec. Combien de temps avait mis ce gouvernement avant de reconnaître qu’il avait tort?
Et la privatisation du Mont Orford, annoncée en mars 2006 contre l’avis des ministres Pierre Paradis (tabletté depuis!) et Thomas Mulcair (également opposé au projet du Sûroit, dont on connaît le parcours au sein du NPD…)? Quatre ans après l’annonce de cette privatisation, le gouvernement du Frisé a viré capot. Quatre ans.
Et le moratoire sur les gaz de schiste? Y en aura pas, c’est sans danger! On connaît la suite: des plaintes ont été portées contre les gazières qui avaient laissé des puits d’exploration qui fuient.
Et Tony Tomassi? Le gros Tony avait été candidat du Parti Progressiste-Conservateur en 1993 dans St-Léonard-St-Michel. Après la solide raclée qu’avaient subi les Conservatifs cette année-là, John le Frisé avait pris la tête du parti aujourd’hui dirigé par Stephen Harper. Alors que Tomassi – devenu ministre – ployait sous les accusations de favoritisme, le Frisé aura défendu bec et ongles son compagnon d’armes de longue date avant de se résoudre à le démettre et à l’expulser du caucus. Tomassi a démontré son sens de l’éthique, lui qui aura perçu son salaire de député pendant deux ans sans se présenter à l’Assemblée Nationale. Eut-il cherché à prouver qu’il est un crosseur qu’il ne s’y serait probablement pas pris autrement!
THIS is our Prime Minister.
Valse hésitation: un pas en avant… un pas en arrière!
Lips Beauchamp avait invité les associations étudiantes à discuter? Moins de 48 heures plus tard, elle expulsait le porte-parole de la CLASSÉ, Gabriel Nadeau-Dubois. À une Pauline Marois pantoite [1] qui lui demandait de reprendre les discussions avec TOUTES les associations étudiantes, John le Frisé répondit par une question digne d’un chef d’État: vous iriez discuter avec Gabriel Nadeau-Dubois, vous? On ne négociera pas; notre décision est prise, et cette décision est ferme, ajoutera le ministre Raymond Bachand le 2 mai:
Selon M. Bachand, il serait illusoire pour le gouvernement de retourner s’asseoir à une table de discussion avec les quatre associations étudiantes.
Et voilà! Le Frisé lui aura joué le même tour qu’il avait joué à son ministre Jean-Marc Il-n’y-aura-pas-de-Commission-d’enquête Fournier. Bachand n’avait pas encore refermé complètement les mandibules que, au nom du gouvernement, le négociateur Pierre Pilote rappelait TOUTES les associations à une table de discussion élargie qui inclut les centrales syndicales et des représentants des universités et des collèges.
Un pas en avant, un pas en arrière. John James Le Frisé est d’une constance désarmante. Suroît, Mt Orford, gaz de schiste, Commission d’enquête, Tomassi… La constance dans l’inconstance.
À chaque fois qu’un journaliste ou qu’un parlementaire osait insinuer que peut-être il pourrait profiter du ras-le-bol de l’opinion publique contre la violence, John James a juré qu’il n’en était rien. Grotesque! Ignoble! La journaliste Martine Biron? Une cruche, qu’il lui dit… avant de la rappeler pour s’en excuser.
Si le passé est garant de l’avenir, il y aura donc des élections. Grotesque!
Jaaaaamais on ne fera d’élection sur le dos des étudiants!
Sauf que Jean Charest disputait à W Bush le record des taux d’insatisfaction. Et, conflit aidant, voilà qu’il amorce une remontée… alors que tous les oracles consultés s’entendent pour prédire des jours de plus en plus sombres pour le parti du Frisé, au fur et à mesure où les prises du gang-à-Lafrenière (Unité Permanente Anti-Corruption) se feront plus nombreuses. Au fur et à mesure où la Commission Charbonneau entendra ces témoins que John le Frisé tentait de soustraire à toute commission d’enquête. Déjà que l’UPAC semble avoir débusqué de sombres dividus connus pour leur proximité avec le PLQ.
Pas sur le dos des étudiants, non.
Mais s’il est vrai qu’un accord serait intervenu, comme l’annonçait la SRC à 14h, quelle merveilleuse occasion s’offrira à Jean Charest de déclencher des élections anticipées – avant qu’il ne soit trop tard pour lui – et de surfer sur cette entente avec les étudiants et sur son leadership retrouvé.
Des élections sur les ailes des étudiants, alors?
Au moment d’aller sous presse, j’ignore SI une entente a été scellée, et j’ignore évidemment quel en serait le contenu.
Mais si j’étais moi-même opposé à cette hausse des frais de scolarité, c’est tout simplement parce que le gouvernement entend faire payer par la génération de Jean-Luc Proulx – 23 ans – des hausses qui auraient dû être assumées par ceux qui ont aujourd’hui 40 ou 50 ans et qui, tout au long de leur cursus universitaire, ont vu leur frais de scolarité être gelés.
C’est à eux de payer. Et – coïncidence heureuse – ce sont justement ceux-là qui génèrent aujourd’hui les plus hauts revenus. Pas la génération des Jean-Luc Proulx et des 15-20 ans qui prendront bientôt le chemin des études universitaires si ce n’est déjà fait.
Douze semaines avant de se grouiller le cul. Douze semaines de niaisage. Et peut-être un mort, à Victoriaville. Peut-être. Peut-être un artisan de son propre malheur. Mais peut-être pas. On demeure, à cet égard, dans le flou. Dans une sorte de brouillard, comme celui de l’image ci-dessus.
Quel que soit le résultat des discussions tenues depuis une vingtaine d’heures, j’en retiendrai que si cette vingtaine d’heures avait été enclenchée il y a 10, 11 ou 12 semaines, cette fracture de la société québécoise n’aurait pas été.
Mais quand la ministre entretient une antipathie personnelle à l’égard d’un porte-parole étudiant (ce dont elle a fait l’aveu à TLMP), ça fait que ça niaise 10, 11 ou 12 semaines de trop.
FAIL.
C’est ça, le bilan que j’en fais, moi.
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[1] le néologisme pantoite est une création de la créature qui occupe le poste de mistress ministre de l’Éducation. De l’Éducation.
Mais bon, il est à craindre que soit le PLQ soit élus, soit la CAQ boosté par les gens de droite, soit le PQ qui franchement est pas énormément plus à gauche….
Faut pas oublier qu’à la commission Charbonneau, Charest a placé un pion/espion/ringmaster (chef de piste au cirque) de son Conseil privé pour «conseiller» la commissaire. (Je cherche la référence)
Comme disait La Fontaine :
Une montagne en mal d’enfant
Jetait une clameur si haute
Que chacun, au bruit accourant,
Crut qu’elle accoucherait sans faute
D’une cité plus grosse que Paris.
Elle accoucha d’une souris.
Quand je songe à cette fable,
Dont le récit est menteur
Et le sens est véritable,
Je me figure un auteur
Qui dit :«Je chanterai la guerre
Que firent les Titans au maître du tonnerre.»
C’est promettre beaucoup : mais qu’en sort-il souvent ?
Du vent .
http://www.lafontaine.net/lesFables/afficheFable.php?id=94