À Calgary, pas de forages dans ma cour… diantre, on se croirait chez les écolo-marxistes du Québec!

La légende: le Québec écolo-marxiste fait bande à part, en matière d’exploration gazière et pétrolière

• Pas de danger de voir l’artistocratie québécoise faire des vidéos pour nous montrer à quel point l’exploitation des gaz de schiste peut améliorer le sort des communautés rurales… – Le tatagoniste, 19 avril 2012: le progrès par le schiste

• au Québec, 37 000 idiots utiles ont signé une pétition contre le gaz de schiste… – Le tatagoniste, 18 avril 2012: le gaz de schiste changera le monde

• Désormais, quand on voudra explorer sur un territoire municipal (comme c’est le cas en Abitibi), le maire au pouvoir aura désormais le droit de vie ou de mort sur le projet avec la nouvelle loi. Comme l’exploration minière est hautement risquée (il faut dépenser des centaines de millions de dollars pour savoir si les métaux sont en quantités suffisantes et répartis de façon à pouvoir les prélever de manière rentable), cela prend des années avant de passer de  l’exploration à l’exploitation. Devant l’expectative qu’un changement de maire peut saper tous vos efforts, pensez-vous sérieusement que les investisseurs prendront le risque supplémentaire de faire de la business au Québec???? – Isabelle Robillard, 18 janvier 2012 (chez le tatagoniste)

Rassure-toi, Isabelle: ce pouvoir, les maires abitibiens n’en veulent pas. Le lobby des mines les a convaincus que s’ils voulaient l’exercer, ils vont devoir embaucher du personnel à grand frais… et s’ils devaient bloquer un projet d’exploration, leur décision sera contestée devant les tribunaux et la ville pourra être poursuivie en dommages. Alors ils ont sagement battu en retraite.

L’Alberta néo-socialiste d’Alison Redford: Holy shit!

La silhouette de Calgary est dominée par les sièges sociaux des compagnies pétrolières, et ses habitants tirent une parties substantielle de leurs revenus de l’industrie de l’énergie. Des amis de la mélasse pétrolière, en somme!

C’est dans ce contexte qu’une pétrolière entend développer un site à fort potentiel malheureusement situé en milieu urbain, rapportait NathanVanDerKlippe dans le Globe and Mail, édition du 28 juin 2012. Traduction assurée par l’auteur du présent billet.

L’émergence d’une controverse autour des forages en milieu urbain a forcé l’engagement, par le gouvernement Albertain, d’imposer des balises à l’industrie du pétrole et du gaz, en même temps qu’elle illustre comment, malgré ses préjugés favorables à l’industrie, la population Albertaine peut s’opposer farouchement à l’exploration dans son arrière-cour. 

À une époque où l’Alberta presse ses voisins à l’Ouest et au Sud  est de demander à ses voisins de l’ouest et au sud d’accepter le transport par pipeline du brut albertain à travers leur territoire respectif, la province fait face à l’opposition et aux scrupules croissants de ses propres résidents. 

[…] La zone qui fait l’objet des revendications de Kaiser Exploration est située à quelques centaines de mètres d’un centre de détention, d’un quartier domiciliaire, d’un réservoir municipal, d’un centre commercial et de restaurants. Quelque 17.000 résidents des quartier Rocky Ridge et Royal Oak considèrent cet environnement comme leur chez-soi, et plusieurs d’entre eux perçoivent le forage d’un puits comme précurseur d’un envahissement de leurs rues paisibles par de lourds camions-citernes et d’un développement industriel qui n’a pas sa place à cet endroit. 

En Alberta, une distance de 500 mètres suffit largement. La réglementation interdit les forages pétroliers à moins de 100 m d’une résidence, d’un puits ou d’un réservoir. Kaiser Exploration effectue ses opérations de forage derrière un monticule qui le ses soustrait – en bonne partie – à la vue des clients du centre commercial, bien au delà de la zone-tampon de 100 mètres. Si bien qu’en décembre, le Energy Resources Conservation Board a donné son approbation.

La population a réagi avec vigueur et des avocats ont reçu mandat de contester. La Ville de Calgary a elle-même fait part de son opposition. Kaiser a interrompu ses travaux, le temps que la révision judiciaire de son permis suive son cours, et c’est maintenant au tour du gouvernement Albertain de s’engager à légiférer.

Et pourtant…

[…] These will not be easy issues to sort out. For one, oil and gas wells inside city limits aren’t unusual in Alberta. Calgary itself has roughly two dozen. Edmonton has them, too – there, a well sits on a golf course. The city of Medicine Hat actually produces its own gas, including from 136 wells within municipal boundaries. But even there, drilling inside city limits has been halted since 2005. – The Globe and Mail, article de NathanVanDerKlippe, déjà cité.

Si seulement ces ignorants de dretteux pouvaient connaissaitre la situation réelle, telle qu’on la vit, nous, en Abitibi! Observez bien cette photo, à gauche. C’est la fosse de la mine Lamaque, à l’entrée Est de Val d’Or, quelques centaines de pied au nord de la Transcanadienne (route 117). À gauche du carrefour giratoire, c’est la voie de contournement. Face à la 4e Avenue qui se termine dans le coin inférieur gauche, la distance entre la paroi de la fosse et la voie de contournement correspond à la largeur de la 4e Avenue! Cette fosse est profonde de plusieurs centaines de pieds; la plupart des gratte-ciel du Boulevard René-Lévesque, à Montréal, pourraient y étre enfouis en position debout!

La cour arrière des maisons de la rue Lasalle (qui longe la route 117 sur la photo) est à  200-220 pieds de la fosse (tel que mesuré sur Google maps). Les quelques résidences en façade de la voie de contournement, au nord de la 4e avenue (on ne les voit pas sur cette photo) se trouvent, elles, à environ 130 pieds de la fosse. Quarante mètres!

Et la Robillard braille parce que le gouvernement a osé vouloir donner aux administrations municipales le pouvoir de dire NON aux minières désireuses d’exploiter en milieu urbain? Tabarnak!

Pourtant, le laxisme du Québec n’a rien à envier au laxisme des autorités albertaines… et ce, avant même que les conditions soient resserrées là-bas (comme le gouvernement Albertain s’y apprête). Ça n’empêchera pas David Gagnon de publier sa bullshit sur cet enfer que constitue le Québec pour l’industrie minière, pétrolière et gazière.

La Loi sur les mines est à ce point pleine de trous que le Québec est considéré par les compagnies minières comme le meilleur endroit au monde pour y exploiter une mine. On comprend pourquoi : à l’époque, elles fermaient les livres puis laissaient leurs désastres environnementaux derrière. Les avantages fiscaux sont tels que le Québec arrive… dans le trou! C’est du moins ce que prétend le vérificateur général. – Éric Moreau, Le soleil, 9 novembre 2009

Tous les Abitibiens le savent: l’État doit consacrer au moins un demi-milliard à la restauration des sites miniers orphelins. Et c’est pas fini: l’arsenic enfoui sur les bords du Lac Duparquet a commencé à fuir, maintenant que la rouille s’attaque aux contenants! Adieu, nappe phréatique… Et ce n’est là qu’un exemple avec lequel je suis plus familier.

Back to Alberta!

Un article publié le 25 juin par le Calgary Herald fournit des précisions additionnelles sur l’opposition des citoyens au forage en milieu urbain:

• Sur l’image ci-dessus (un montage de mon cru). le type qui porte la pancarte « No Oil Wells » parmi un groupe de manifestants s’appelle Ed Lee, et il est de la banlieue de Royal Oak. La photo de ces manifestants coiffait l’article du Herald.

• C’est à proximité du Wal-Mart du Country Hills Boulevard que le puits de pétrole devait être foré. La madame a s’ra pas contente…

• Le 22 juin, Ken Hughes, Ministre de l’énergie dans le cabinet Redford, a écrit dans une lettre: A review of policy options will allow us to ensure we find the appropriate balance between opportunities for responsible resource development and respect for the interests of Albertans and property owners.

N’en déplaise aux dretteux et autres libertariens de pacotille qui voient dans l’opposition à l’exploration sauvage une crise d’écolo-marxisme aiguë, c’est cet équilibre entre les intérêts de l’État, des riverains et des exploitants de la ressource que recherche la vaste majorité des tenants d’un moratoire.

Et le juriste en moi ajoute que l’octroi de permis d’exploration AVANT l’entrée en vigueur de la réforme du droit des mines risque d’avoir créé des droits acquis (en faveur de ces amis du Parti qui accueillent à bras ouvert des ministres démissionnaires); ces droits acquis risquent de mettre le Québec dans la marde!

Évidemment, ces dretteux mangent dans la main de l’industrie – ou alors, comme tout véritable idiot utile, ils se laissent berner par le chant des sirènes, inconscients qu’ils sont d’être manipulés.

• Dale Hodges, un élu local, s’interroge: “They say this is a sweet oil well, but if they drill (further) down, it turns to sour gas. They could end up with a sour gas well. They don’t intend to, but it could happen”

• La mise en oeuvre de ce projet pétro-industriel risque de causer des problèmes de circulation et d’évacuation des travailleurs: seulement deux artères municipales conduisent au site d’exploration.

• Le Energy Resources Conservation Board doit rendre sa décision avant la fin d’août.

Annexe abitibienne

À Malartic, grâce au pouvoir d’expropriation que la Loi garantit aux entreprises manières, Osisko Mining a pu exproprier un quartier complet (205 résidences, dont 130 ont pu être déménagées). Là où se trouvaient il y a quelques années les rues Wolfe, Montcalm, des Cyprès, des Cèdres, Millenbach, Hetherington, Fournière, et d’autres dont je n’ai pas retenu le souvenir, on trouve aujourd’hui  une fosse capable d’engloutir la Tour Eiffel ou la Place Ville-Marie. À terme, nous disent les ingénieurs chargés du projet, la fosse sera longue de 2 km, large de .8 km et profonde de 400 mètres. Cette profondeur suffirait LARGEMENT à y enfouir la Freedom Tower et ses 1776 pieds de hauteur (541 mètres). La tour Burj Dubaï – qui culminera à plus de 2000 pieds? Bof, c’est pas encore assez pour « accoter » la profondeur de la fosse Osisko. La tour du CN? Ha! Ha! Avec ses 342 mètres, faudrait en empiler deux l’une par dessus l’autre, et ça ne suffirait même pas! 

Le Québec, terre hostile au développement minier? Informez-vous, calvaire!

Bien sûr, le gigantisme de cette fosse creusée en milieu urbain n’émeut personne à Hampstead ou à Westmount; les expropriés de Malartic, c’est des no-name. Mais dans l’état actuel du droit québécois, rien n’interdirait à une entreprise minière d’exproprier le territoire de Westmount ou de Town of Mount-Royal ou Sillery, pour y creuser une fosse. Tollé prévisible? À qui l’dis-tu?

Un aperçu, pour Malartic, où la ligne orangé suit le tracé de la route transcanadienne. Suivi d’une carte aérienne des environs de la fosse Lamaque, à Val d’Or.