Ce billet constitue un complément au précédent.
Où en étais-je avec ce Thomas Gradek? Ah oui, ses billes de polymère qui promettent de séparer proprement le sable du goudron… Mais elles ne vont pas ressusciter les oiseaux englués dans le goudron ni les poissons empoisonnés par les rejets toxiques dans la rivière Athabasca et ses affluents. Ni replanter les arbres abattus… quoique, à cet égard, les exploitants ont entrepris de reverdir les territoires dont ils ont brassé le sous-sol pour en extraire le bitume.
Quant aux populations autochtones dont les territoires de chasse et de trappe ont été détruits… Syncrude est fière de préciser sur son site que 8% de son personnel provient des Premières Nations. Fort bien, mais les autres, ceux qui ne peuvent chasser faute de forêts pour abriter la faune, ou qui ne peuvent pêcher pour cause de pollution des lacs et cours d’eau? Et la nappe phréatique? Ah, bin oui, les déchets sont contenus dans des bassins de rétention. Sauf que… il y a des fuites.
Thomas Gradek apparaît sur un clip diffusé par YouTube depuis mars 2009. La citation qui suit provient de la page YouTube:
They attract tar-like bitumen — the oil part of the sands — while repelling water. They first proved useful in cleaning up oil spills. If all goes well, not only will developers be able to use them to stop the spread of contaminated ponds, which now cover more than 50 square km (20 square miles) of northern Alberta landscape, but recover oil that goes to waste, Gradek said. « We will eliminate the tailings ponds that are there within 10 years, and they will not have any more tailings ponds generated because we’re going to be taking their end-of-pipe (waste), » Gradek, an engineer by trade, said.
Éliminer les bassins existants d’ici 10 ans? Wow! Mais j’aimerais lire les conclusions d’une étude indépendante plutôt que cette auto-promotion.
J’ai fait le tour du site de Gradek Energy; nulle part n’y est-il fait mention de la moindre confirmation des capacités de cette technologie par des études indépendantes provenant de source gouvernementale, universitaire ou autre. Si de telles études existaient, Gradek Energy ne s’empresserait-elle pas d’en faire mention? J’ai également parcouru le site de Syncrude; on ne semble pas y confirmer l’existence d’un projet pilote mené conjointement par Syncrude et Gradek. Max Bernier se serait-il mis un orteil dans la bouche en affirmant que Syncrude nettoie déjà ses déchets par application de cette technologie?
Je crois comprendre que la technologie de Gradek a été testée aux laboratoires CANMET à Devon, en Alberta. Good. CANMET est un organisme du gouvernement fédéral.
Si la technologie permettait VRAIMENT de remplir ses promesses et de nettoyer non seulement les déchets de l’exploitation future mais surtout les déchets déjà rejetés dans l’environnement, alors pourquoi le Canada se serait-il retiré des accords de Kyoto? Pourquoi le Canada n’est-il pas en mesure de respecter ses engagements face à la communauté internationale?
Une autre question, honorable Jos Louis libertarien: si cette technologie était vraiment éprouvée et efficace, pourquoi son usage n’est-il pas généralisé parmi les exploitants? Et pourquoi ce foutu gouvernement n’oblige-t-il pas les exploitants à les utiliser?
Bon, je retire ma dernière question: le gouvernement est mû par une foi inébranlable dans la capacité et dans la volonté de la grande entreprise de s’auto-discipliner. Il va donc laisser aller…
Thomas Gradek a comparu le 12 mai 2009 devant un Comité parlementaire. J’extrais cette partie de son témoignage:
In these jars…. We have one here that we haven’t disturbed, but this is essentially what we could end up looking at in terms of treatment, where bitumen is on the beads and you have clear water and residual solids at the bottom, which are settled.
Un volontaire, pour boire de cette « eau claire« ? Moi, je passe mon tour…
[…] Gradek Energy proposes to eliminate tailing streams from the oil sand operations and over time eliminate the existing tailing ponds at no cost to oil sands operating companies. Our objective is to reclassify oil sands production as clean oil. The key is RHS technology.
Gradek Energy is developing a hydrocarbon capture technology, called RHST, for application in any media. RHST has been proven through extensive testing in the laboratory, and Gradek Energy is designing a pilot project with oil sands operator participation to prove its performance in eliminating hydrocarbons and tailings streams that proliferate massive ponds.
Parlons-en, de la pollution!Tout comme Maxime Bernier l’a lui-même reconnu la semaine dernière, [voir billet précédent] Thomas Gradek confirme ici que les bassins de rétention traditionnels laissent échapper des quantités massives de polluants.
Le grand Maxime n’en estime pas moins que l’industrie est capable de s’auto-discipliner. Pourtant, cette industrie soit-disant capable de s’auto-discipliner n’a pas attendu la disponibilité d’une technologie efficace avant de sortir de terre ce goudron dont elle ne savait pas comment le rendre inoffensif.
[…] The RHST project is a planned two-phase piloting program. We are in the design stage of the first phase of the program at present. The first pilot phase will demonstrate the continuous-flow operation feasibility. The second phase will demonstrate the scalability of the process for ultimate commercial-scale operations.
[…] RHST has the potential to reduce the environmental impact of the oil sands operations overall […] it has the potential to provide a healthier environment by reducing the effects of effluents and their emissions […] it has the potential for overall improvement on operational costs by eliminating tailings management expenses and future liabilities […] RHST has the potential to enable the operators to achieve their bitumen recovery efficiency obligations with the ERCB […] RHST has the potential to facilitate compliance with U.S. regulations and policy on transportation fuels.
Gradek apporte un point intéressant, qui échappe trop souvent à nos élus Conservatifs: économie et souci de l’environnement PEUVENT aller de pair.
RHST is a no-cost solution for the industry. It results in water that can be directly treated and recycled, and soil ready for reclamation that is trafficable.
It’s also a process that addresses U.S. regulations directly and completely. Reduced carbon intensity overall is in accordance with the low-carbon fuel supply act, greenhouse gas emissions are eliminated from tailing ponds in accordance with the climate change act, and waste fuel designation with a RIN value is in accordance with the renewable fuel supply act.
The oil sands present a tremendous economic opportunity for Canada constrained by an environmental impasse. Implementation of the RHS technology will help the Government of Canada and the industry balance these competing interests.
Bonne chance! Mais je reviens à ma question: si ce procédé industriel est aussi efficace que son concepteur le prétend, pourquoi ce gouvernement n’a-t-il pas maintenu son adhésion à Kyoto? Pourquoi annonce-t-il déjà qu’il ne sera pas en mesure d’atteindre même les objectifs plus modestes qu’il s’était fixés?
Absence de volonté politique? Refus idéologique de contraindre l’industrie à se soumettre à des normes plus strictes? Ou, plus simplement, constat des limites de la technologie mise de l’avant par Thomas Gradek?
L’arnaque des sables!
Si les petites boules sont bonnes pour extraire le pétrole de l’eau de rivière et d’étangs elles sont bonnes pour extraire l’eau d’étangs.
Si les petites boules étaient capables d’aller chercher le pétrole ou le goudron dans l’eau, toutes les entreprises de la planète mélangeraient le sable bitumineux à l’eau pour en extraire gratuitement le goudron.
Qu’en pensez-vous?
Do you smell that?
It’s the smell of fresh bullshit!
Bernier c’tun vrai! Un vrai qui ose défendre l’entrepreneurship et la prospérité économique d’une manière efficace et puissante! Nous sommes loin de ces granolas émasculés que l’on trouve habituellement dans les parlements occidentaux. Non la p’tite poussière des sables ne lui fera pas couler de larmes, les guerriers ne sont pas nés pour pleurer!
@Badasse
Berné, c’est un vrai! Un vrai bagarreur de rue, oui, meilleur avec ses poings (Joe Louis est son idole comme il l’avait démontré chez les soldats en Afghanistan!) qu’avec des points d’information… 😉