L’honorable Big Max Bernier-de-la-Beauce, ministre de son état, est un grand ami de l’Alberta et de ses sables assaisonnés de goudron.
Ce 29 juin, il publiait dans le Huff Post une 2859e profession de foi dont j’ai envie de partager une partie du contenu. Contre toute attente, Big Max y dénonce en effet l’empreinte qu’a laissée jusqu’ici l’exploitation des sables bitumineux sur l’environnement. C’est pour mieux affirmer qu’il existe enfin une solution – développée au Québec – mais c’est déjà un début, et si ZE SOLUTION devait muer en ZE CANULAR , bin au moins, on pourra toujours lui remettre sous le nez son constat d’un désastre écologique.
Big Max Bernier semble avoir compris de ses fonctions qu’il doit maintenant se faire le publiciste des entreprises sous sa juridiction à titre de ministre d’état à la petite entreprise. Il y a là un problème…
J’ai récemment eu l’occasion de visiter l’usine pilote nouvellement construite de Gradek Energy à Montréal, une petite entreprise fondée par un entrepreneur québécois, Thomas Gradek. M. Gradek est l’un des nombreux entrepreneurs et chercheurs à travers le pays qui sont en train de développer des solutions innovatrices pour régler les problèmes environnementaux provoqués par l’exploitation des sables bitumineux.
M. Gradek a inventé une bille de polymère réutilisable qui permet de récupérer le bitume dans les bassins de décantation – ces lacs de déchets créés par le processus d’extraction – et d’y laisser de la matière organique inoffensive et de l’eau.
[…] Ce type de technologie va transformer ce qui n’est pour le moment qu’une grande quantité de déchets, qui peuvent polluer le sol et l’eau et qui émettent d’importantes quantités de gaz à effet de serre, en matières utiles et en richesses. Les sables bitumineux vont ainsi graduellement devenir une ressource beaucoup plus verte. Contrairement à ce que prétend M. Mulcair, nous ne laisserons pas un fardeau environnemental aux générations futures.
Maxime a le coeur vert. On aura tout vu…
De cette nouvelle technologie, il écrivait sur le Huff Post: Gradek Energy traite en ce moment des déchets de Syncrude Canada. Au cours des dernières années, cette technologie a été testée et validée par plusieurs organisations, y compris dans des centres de recherche universitaires, des gouvernements et du secteur privé. M. Gradek a un plan crédible pour éliminer tous les bassins de décantation existants en Alberta sur une période de dix ans.
Un plan CRÉDIBLE. C’est quoi un plan crédible? Un plan qui a le potentiel de fonctionner mais dont on ne peut être assuré qu’il va vraiment remplir ses promesses? Entéka, à moi qui ai pourtant beaucoup appris sur le sens qu’il faut prêter aux mots et même aux virgules, on a enseigné que le degré de certitude diffère selon que l’on parle de plan crédible ou de plan éprouvé. Ou selon que l’on parle de plan crédible ou de plan infaillible.
Un plan crédible, mais aux yeux de qui? Aux yeux des électeurs crédules? Aux yeux de la communauté scientifique?
cette technologie a été testée et validée par plusieurs organisations, y compris dans des centres de recherche universitaires, des gouvernements et du secteur privé
DES gouvernements? Je doute que le Liechtenstein soit du nombre, mais j’aurais cru que le Canada, peut-être… Mais alors, si le Canada avait fait effectuer des études CONCLUANTES sur l’efficacité du procédé mis au point par Gradek Energy, toi qui es membre du cabinet, tu le saurais, n’est-ce pas? Et si tu le savais, tu en aurais publié les résultats, n’est-ce pas?
Puisque tu n’as pas identifié le Canada – qui aurait pourtant intérêt à refaire sa virginité sur le plan environnemental, alors tu me permettras d’exprimer ici un certain scepticisme.
DES centres de recherche universitaires ou des organismes privés? Tu saurais fournir trois ou quatre noms? Deux noms? Même pas un seul?
Gradek Energy a été incorporée en 2001. Et au meilleur de mes connaissances, ses travaux ont été recensés une seule fois dans les milieux universitaires; c’était en 2004, dans les Cambridge Journals. Le site prévient qu’il pourrait être perturbé le 3 juillet, entre 07:00 et 08:00, Greenwich mean time. Compte tenu du décalage horaire, l’impact de cette interruption sera marginal au Québec!
Gradek Energy, Inc, presented the company’s new « RHS bead technology »; the beads purportedly remove a variety of hydrocarbons from contaminated water or soil slurry with lower emissions than thermal treatment. Gradek Energy also touts that the beads are reusable, have low operating costs and reduces operating time, have 500 life cycles and produce feedstock quality petroleum as a by-product.
Çà ne ressemble en rien à un commentaire dithyrambique, ça; c’est plutôt un simple énoncé des prétentions de Gradek Energy à l’égard de ses billes de polymère.
À suivre…
D’autres observations et les questions qui tusent dans le billet suivant. Avant d’entreprendre la lecture de ce prochain billet, pourquoi ne pas jeter un coup d’oeil sur ce petit vidéo, où l’on apprend notamment que l’exploitation des sables bitumineux s’étend sur un territoire égal à la superficie de la Floride. Ou de l’Angleterre. Bof! Ils prétendent pouvoir nettoyer les bassins de décantation existants – ce qui représente quelques dizaines de kilomètres carrés. Mais le reste du territoire déjà charcuté, on en fait quoi? Et les retombées dans l’atmosphère, a-t-on inventé un aspirateur pour les récupérer?