Ce billet porte sur The Economist et sur l’influence exceptionnelle qu’il exerce auprès des dirigeants de ce monde, autant sur plan économique que sur le plan politique. Mais, disons-le sans ambages, ce n’est là que prétexte à la publication de larges extraits d’un article que publiait The Economist dans son édition du 7 juillet 2012 sur la gouvernance erratique du gouvernement Harper.
Il eut été difficile d’analyser la portée qu’aura cette publication si l’aura qui entoure The Economist n’avait pas d’abord été décrite. Priceless? Inestimable? Non, il ne s’agit pas de la valeur de cette voiture, dont l’image coiffe le présent billet. Il s’agit plutôt de la valeur des dommages qu’aura infligés au Canada le portrait peu flatteur de cette gouvernance.
Pssst! The Economist a fait d’un carré rouge son logo. The Economist = violence !!!
The Economist est publié à Londres [1] sans interruption depuis 1843; il tire à 1,5M d’exemplaires, dont la moitié sont écoulés aux USA. « Never in the history of journalism has so much been read for so long by so few. », écrivait déjà il y a plus de 60 ans son ancien editor, Geoffrey Crowther. Il est vrai qu’à cette époque, le tirage était plutôt anémique. Nonobstant, l’influence exercée par The Economist était déjà considérable.
Les lecteurs de The Economist ne constituent que 0.24 % mais ce sont eux qui dirigent, pour bonne partie, les entreprises du pays, ses industries et son gouvernement, titrait une publicité de l’hebdomadaire vers 1990. Et dans un article qui en soulignait le 150e anniversaire, le Chicago Tribune publiait le 10 septembre 1993:
The Economist is a publication for the elite, written by the elite. To its staff it draws the best and brightest in Britain, and not just the cream of journalistic talent. Some of its writers come from backgrounds in government, academia and management consultancies.
The Economist, which was 150 years old on Sept. 2, is widely regarded as the best newsmagazine in the world. It is a journal of opinion, not always right in its opinions, but thoughtful, rational and independent. It eschews stuffiness and adopts a sophisticated tone spiced with wit and irreverence.
[traduction par l’auteur] The Economist veut INFLUENCER, et il n’est pas possible de mesurer jusqu’à quel point il y parvient. Bill Emmott, son jeune rédacteur en chef et diplômé d’Oxford, confirme [nous sommes en 1993!] que les commentaires qui lui sont adressés indiquent que les décideurs, aussi bien à Londres et à Washington que dans les autres capitales « nous prennent très au sérieux. »
«Nous cherchons à façonner la manière dont les gens pensent« , at-il dit. « Nous visons davantage le macro-climat de l’opinion que des décisions ou politiques prises individuellement. Certains estiment, à Washington, que notre force tient de la perspective non-américaine que nous offrons. On nous perçoit comme capables d’exprimer une opinion à la fois rationnelle et non partisane, d’un point de vue européen.
« La lecture de The Économist doit suffire à permettre une meilleure compréhension du sujet abordé. Je suis toujours renversé par le respect que l’on nous témoigne à Washington. Des Sénateurs à qui je me suis adressé me disent à quel point ils apprécient. C’est une belle vitrine pour la Grande-Bretagne et la rigueur intellectuelle qu’on y a développée. «
Bref, quand The Economist s’en prend à un gouvernement le message est est lu par l’élite mondiale des décideurs. Or il se trouve que The Economist s’en est pris ce 6 juillet 2012 à la gouvernance de Stephen Harper et ce, dans un article d’une rare virulence.