Exemple # 1: un agent – féminin – du réputé SPVQ confond p’tits vieux et anarchistes, et se porte à des voies de fait contre un pauvre bonhomme sans histoire qui a commis l’ignoble crime de vouloir terminer sa bière alors qu’il se trouvait du mauvais côté de la clôture qui délimite le périmètre dans lequel il avait le droit de consommer. Quelques pas de trop…
Exemple #2: un agent de la GRC menace de passer les menottes à un père qui a commis l’ignoble crime de chercher à s’approcher de sa fille, qui venait d’être tuée sous ses yeux alors que tous les deux circulaient à vélo. Une journée sans histoire, jusqu’à ce que les roues de leurs vélos se touchent; la jeune femme perd le contrôle de sa bicyclette et se fait happer mortellement.
Sont-ce de policiers chargés d’assurer la paix et le bon ordre, ou sont-ce plutôt des pitbulls enragés sous l’effet des speeds?
Exemple #1: le récit de Sylvain Bélanger – Le Soleil, 11 juillet 2012
Vendredi dernier, à la fin du spectacle de Tower of Power (un excellent groupe de rhythm and blues, soul) présenté au parc de la Francophonie, les spectateurs relativement peu nombreux, calmes et plutôt âgés […] ont eu la surprise de constater qu’à la sortie, une troupe de policiers, inexplicablement nombreux et belliqueux, les attendaient de pied ferme.
Voilà qu’une policière quitte les rangs et somme vulgairement un spectateur de jeter sa petite bière (il n’avait pas le droit de franchir la porte avec). Au lieu d’obéir, l’individu décide de terminer rapidement sa consommation (qu’il avait payé 6.25$ à moins de 5 mètres).
J’ouvre ici une parenthèse, qui m’apparaît essentielle. Si vraiment il est interdit de consommer à l’extérieur du périmètre délimité par une barrière, c’est en vertu d’un règlement; le consommateur n’est pas un dangereux criminel pour autant. S’il entreprend de caler son fond de cannette (ou de verre) en présence de l’agent, il met fin à l’infraction. Et l’histoire aurait dû se terminer là. Si ça avait été moi, j’aurais réagi de la même manière et pris une ou deux gorgées de plus. Le rôle de la police, ça n’est pas de procéder à des arrestations aux fins de remplir un quota, mais de veiller à ce que la foule se disperse dans l’ordre.
Cette folle hystérique n’a rien compris. Ou alors, c’est d’un crisse d’imbécile que venaient les directives.
D’un violent coup de paume, l’agente de la paix lui écrase la canette en plein visage, le pousse et appelle des renforts par son talkie-walkie. Une horde d’une dizaine de policiers se ruent sur l’homme et lui assènent de trop nombreux coups de poings, de pieds et de matraques. Deux jours plus tard, le pauvre a toujours le corps meurtri d’une multitude d’ecchymoses, des plaies de sang coagulé et éprouve toujours de la difficulté à marcher.
Un autre spectateur à quelques mètres du premier, lors de la sauvage intervention, également une bière à la main, peut-être vide, se verra plaqué tête première contre le sol, commotion cérébrale et se réveillera quelques heures plus tard aux soins intensifs, le corps tuméfié, la tête et le visage serties de multiples points de suture. Une batterie d’examens plus tard, on le laisse partir sans la moindre accusation. Mentionnons en terminant que plusieurs autres spectateurs se sont faits bousculer, inutilement, sans la moindre raison.
Ça, on appelle ça des voies de fait. Et c’est un acte criminel. Ni la policière, ni l’un quelconque de ses collègues de travail, n’était menacé de quelque façon que ce soit par ces personnes d’âge mur qui venaient d’assister à un spectacle dont ils sortaient satisfaits, heureux et festifs sans pour autant être agressifs; tout ça pour conclure que non, le fait d’étamper une cannette de bière au visage de celui qui la buvait, ça n’est pas de la légitime défense. Pas plus que le fait d’étamper le visage de la seconde victime au sol.
Si j’étais à la place de l’une ou de l’autre victime de cette bestialité policière, je porterais plainte non seulement en déontologie policière, mais au criminel. Un policier reconnu coupable de voies de fait perdrait automatiquement son job.
En quoi, cette sauvage intervention, manifestement planifiée, rime-t-elle avec la mission de maintenir un climat stable et sécuritaire, alors que les forces policières constituent le seul véritable danger lors d’une belle soirée festive?
Bonne question, en effet.
Surtout que la crise sociale qui a secoué le Québec ce printemps est en état de dormance en raison des vacances d’été et de la démobilisation qui s’en est suivie. En d’autres termes, il est exact que le citron avait été pressé et que les nerfs de milliers de policiers avaient été surexploités par ces manifs qui se succédaient et dont quelques-unes avaient donné lieu à des débordements par un petit nombre.
Mais les soirées de juillet n’ont pas grand chose en commun avec les soirées de mai. Rien ne justifiait ces actes de barbarie envers des citoyens qui sortaient d’un bon show.
Se pourrait-il que l’auteur de ce récit ait beurré un peu épais? Aura-t-il occulté certaines choses que l’on ignore? Aura-t-il exagéré l’état des victimes? L’alcool aura-t-il altéré sa perception des évènements? Évidemment, je ne saurais exclure ces hypothèses. Sauf que, en dépit de toutes les exagérations possibles, le SPVQ aura raté là une belle occasion de faire copain-copain avec des fêtards joyeux, de refaire son image et de susciter le respect.
S’ils devaient commenter, aussi bien l’empereur Labeaume que la direction du SPVQ vont féliciter ces pitbulls pour la vigueur de leur intervention. Même que sans cette intervention musclée, il y aurait eu des morts et le Château Frontenac auraient fait l’objet d’un attentat terroriste. Et puis, il y aurait eu des prises d’otages.
Ça fait 6 ou 7 ans que je n’ai pas mis les pieds dans le gros village, moi qui m’y rendais autrefois 8, 10 ou 12 fois par année. Mettons que ça m’donne pas l’envie de me promener dans ce patrimouène mondialle que sont les rues du Vieux-Québec.
Exemple #2: Louis Rosenfeld, menacé d’arrestation
En compagnie de et sa fille Rebecca, âgée de 20 ans, Louis Rosenfeld se promenait à vélo le mercredi 4 juillet quand la roue avant de la bicyclette de la jeune femme est entrée en contact avec l’arrière du vélo de son père; elle en a perdu le contrôle et s’est jetée vers un camion qui roulait à vive allure.
Rosenfeld mentionne que lorsque les agents de la GRC sont arrivés sur les lieux, ils l’ont gardé à plus de 10 mètres de la scène pendant presque une heure et menacé de lui passer les menottes quand il a essayé de s’approcher d’elle.
La GRC promet de se pencher sur la manière avec laquelle ses agents ont traité la situation. Elle justifie la conduite des agents par l’obligation que lui fait la Loi de faire une enquête approfondie sur tout décès survenu de manière non naturelle.
[Le père] .prouve un besoin de se pencher sur son enfant, et nous avons dû gérer des intérêts divergents, d’affirmer le Sergent Ian Shardlow, du détachement de la GRC à Okotoks. –
«[Le père] a un besoin de se plaindre et passer du temps, de sorte que vous êtes pris entre les intérêts concurrents sur la façon de le faire», d’affirmer le Sergent Ian Shardlow, du détachement de de la GRC à Okotoks [traduction] – The Canadian Press, 11 juillet 2012, dans le National Post
L’obligation qu’ont les corps policiers de faire enquête ne fait évidemment aucun doute. Ils doivent également s’assurer de recueillir tous les éléments de preuve nécessaires à leur enquête.
De là à empêcher un père de s’approcher du corps de sa grande fille décédée en de telles circonstances, il y a toute une marge! Même si le père avait étreint sa fille sous le regard des policiers, ça n’aurait en rien nui à l’enquête: le vélo n’aurait pas bougé, pas plus que les traces de sang et les chaussures, le sac à do ou les lunettes qui auront pu être projetées. Aucun des indices permettant d’évaluer la trajectoire du vélo et celle du camion n’auraient été altérées. La présence du père pendant quelques minutes n’aurait ni ajouté ni effacé d’éventuelles traces de freinage, le cas échéant. Ni modifié les points de repère que doivent noter les policiers.
Des policiers qui ont dû faire enquête sur les causes d’un accident de la circulation, j’ai dû en interroger des centaines de fois, moi qui suis assez vieux pour avoir plaidé AVANT l’introduction du no-fault au Québec… Je sais très bien quels sont les éléments de preuve et les mesurages qui leur sont nécessaires. Alors celle-là, non, on ne me la fera pas.
Les agents étaient pressés d’en finir, et la présence sur les lieux d’un père éploré, ça leur faisait perdre du temps. Et puis, peut-être qu’on ne leur avait pas enseigné que ce sont des êtres humains qui sont impliqués dans, ou témoins d’un accident. Ou qui voient leurs proches mourir sous leurs yeux.
La menace d’arrestation, c’était nettement de l’abus, et je presse la direction de la GRC de s’en dissocier et d’appliquer les sanctions qui s’imposent.
Dans une deuxième étape, que la GRC offre une formation à ses agents… et qu’elle les contraigne à mettre à jour leurs pratiques et connaissances en matière de gestion des drames humains.
Dégueu. Pauvres hommes, surtout le 2e. Il avait besoin d’aide, pas de menottes.
Bon me voilà qui pleure. Ma fille a 20 ans…
Ils devraient fermer la GRC carrément. Les erreurs stupides (je suis polie) se multiplient.
@ Fem_progress
Ton commentaire évoque dans mon esprit l’affaire Robert Dziekański, qui avait reçu une décharge de Taser mortelle à Vancouver en 2007. Le gars avait besoin d’aide, il ne comprenait pas l’anglais, il était incapable de communiquer, et parmi les policiers, personne n’a compris la différence entre inquiétude et panique, d’une part, et agressivité, d’autre part.
Ici, ils sont incapables de faire la distinction entre un père en état de choc, et un individu qui veut vraiment entraver leur travail.
Toronto 2010: combien de décisions douteuses ont résulté de l’ignorance des policiers face à leurs droits et obligations?
Montréal 2012: matricule 728, gaz aspergés en direction de la foule rassemblée sur des terrasses rue St-Denis.
La formation fait cruellement défaut, et le résultat, ce ne sont pas les bavures, c’est le fossé qui s’élargit. Ou la confiance qui se perd.
Des cas comme l’exemple #1 me font regretter de ne pas avoir suivi une formation d’avocat. Crisse que j’aurais été heureux d’offrir mes services gratuitement à cet homme !
À l’image de notre maire, les agents du SPVQ sont de plus en plus impulsifs et agissent trop souvent avant de réfléchir. Quand notre maire et son personnel politique poussent les personnes et veulent se battre doit-on vraiment s’étonner que les agents du SPVQ agissent de la sorte?
Et en plus certains agents de sécurité en remettent. Avant hier j’ai eu droit aux railleries d’un agent de sécurité pour avoir eu l’affront d’aller récupérer après le spectacle une bouteille d’eau (un modèle que j’aime bien et qui commence à être difficile à se procurer). Le fait que je doive avoir un 100 ml d’eau pour faciliter la prise de médicaments, me donne droit aux railleries d’un jeune con « cop-wannabe ». Ça m’apprendra à me remettre de chirurgies et autres traitements contre le cancer!
Ça m’aura pris tout mon petit change pour ne pas indisposer celle qui m’accompagnait. Si j’avais été seul le jeune con aurait su c’est quoi être victime de railleries. Quel meilleur endroit qu’un spectacle dans une ambiance festive pour donner son « show » de « power trip »! Tout le monde sait qu’un spectacle de Patrick Watson c’est encore plus violent qu’un spectacle de musique punk ou heavy metal! 8;-)
Pour ce qui est de la GRC, une tache de plus à leur dossier. La GRC à tellement de bévues à son actif qu’ils semblent ne plus se soucier de leur image!
Cependant, avocat du Diable – quelle alternative à la GRC dans un Québec indépendant? Même dans un ‘paradie socialiste/anarchiste’ (sarcasme, j’admet), le crime et violent aussi existera, y,aura des mafias qui essayeront de rester par example… Qu’est-ce que la gauche propose de réaliste?
L’agissement de toutes les polices dépend en bonne partie des mandats qu’elles reçoivent.
Parfois quand la société donne un pouvoir démesuré à des gens qui n’ont pas l’intelligence de le supporter, on se retrouve avec des cas de brutalité semblable!
@ Darwin et Badasse
La mission des policiers, c’est la répression du crime et le maintien de la paix sociale.
Or non seulement la répression du crime ne passe-t-elle pas par la répression sauvage de comportements anodins, mais, au surplus, la répression sauvage de comportements anodins alimente le désordre social.
L’attitude de la GRC envers Louis Rosenberg, c’est l’exemple parfait de la répression sauvage d’un comportement « anodin ». SAUVAGE, dans le sens de IRRÉFLÉCHI.
L’attitude de la policière du SPVQ envers le type qui cherchait à « caler » sa bière, c’est l’exemple parfait de la répression sauvage d’un comportement anodin. SAUVAGE, dans le sens de BRUTAL.
Il semble que le SPVQ n’a tiré aucune leçon de la mise à l’écart de Matricule 728 à Montréal.
« 728 » pourrait peut-être, à la rigueur, invoquer la fatigue mentale pour justifier son recours au gaz poivre contre des spectateurs passifs.
Cela dit, je ne l’excuse pas, mais je peux pressentir ses moyens de défense devant le comité de déontologie policière et – le cas échéant – devant un juge au criminel.
La brute du SPVQ ne peut même pas invoquer ce prétexte.
Il y a les directives inadéquates reçues d’officiers incompétents, mais il y a surtout une formation déficiente.
Faudrait former les agents… mais aussi les zoufs qui occupent des postes de commandement.
On ne pense pas assez à ces gorilles en cravate quand on parle de « formation inadéquate ».
Ça donne le goût d’être Hulk.
Bien d’accord sur les réponses, même Libertarian lad pour une fois.
Je suis persuadé que les policiers ont pris l’habitude de fesser avant de penser lors de la répression des manifs étudiantes. Ils se sont hanitué à faire quotidiennement ce qu’ils ne faisaient que quelques fois par année. On a ainsi banalisé le recours à la violence excessive. Et c’est là que je fais le lien avec le mandat qu’ils reçoivent. Surtout à Québec, le mandat était clair : fessez, ce n’est pas grave, l’important est d’arrêter ces manifs!
Avec toute cette répression de manifestants que l’on nous sert depuis le printemps, il semblerait que les flics se sont habitués à s’attaquer à de simples citoyens, nous sommes sans doute une proie plus facile que les véritables criminels. L’affaire de l’amuseur public est aussi bien révoltante!
Toute paperasse donne envie de vomir mon cher papi!