L’Université du Québec en Outaouais (UQO) refuse à l’association étudiante de l’établissement de louer un local afin de recevoir des représentants de la Coalition large de l’Association pour une solidarité étudiante, la CLASSE. […]
L’UQO avait d’abord exigé que l’association embauche des agents de sécurité pour encadrer l’événement. Toutefois, la direction s’est ravisée lorsque l’identité des conférenciers a été dévoilée.
L’AGE dénonce cette décision de la direction. Son vice-président, Antonin Bouret, ne comprend pas pourquoi certains conférenciers sont acceptés et d’autres pas.
« C’est un contrôle absurde de la part de l’Université. Ils jettent de l’huile sur un feu qui était pratiquement éteint. » — Antonin Bouret, vice-président de l’Association générale des étudiants, UQOAntonin Bouret ajoute qu’avec ce refus l’Université confirme que les tensions sont encore bien présentes.
Le porte-parole de l’établissement, Jean Boileau, a indiqué que la location d’un local a été refusée « pour des raisons de sécurité ». Il rappelle que l’université a été le théâtre d’événements violents et d’arrestations en avril dernier. – Radio-Canada, 19 juillet 2012
Il y a quelques années, Anne Coulter, une passionaria de l’extrême droite islamophobe, s’était vue refuser en ces termes le privilège de vomir sa prose abjecte à l’Université d’Ottawa.
« I hereby encourage you to educate yourself, if need be, as to what is acceptable in Canada and to do so before your planned visit here. Promoting hatred against any identifiable group would not only be considered inappropriate, but could in fact lead to criminal charges. »
Les mots ne sont pas ceux d’un grand diplomate. I hereby encourage you to get informed aurait sans doute mieux passé la rampe que ce peu brillant « educate yourself« . Traduction déficiente? Injure planifiée et délibérée? J’ai ma petite idée là-dessus, mais que peut bien valoir une opinion personnelle, après tout?
Le responsable de ce refus – le vice-doyen Houle – avait lui-même fait l’objet de commentaires particulièrement méprisants de la part de Me Pouloutine: La petite raclure de vomitoire qu’est ce François Houle… – 23 mars 2010, 19h12
Ou encore, toujours sous la plume infecte de Pouloutine: Ce polype intestinal en voie de liquéfaction qu’est ce François Houle… Cette charogne de pseudo-juriste – 24 mars 2010, 08h42
Moins de 30 minutes plus tard, toujours soucieux de faire honneur à sa profession d’avocat, Pouloutine chiait sur une toute nouvelle cible, celle à laquelle il associe les pouffiasses niqabées malodorantes (his own words): Vous voulez dire les 2 000 connards pro-islamiques qui sont indifférenciables d’une bande de chimpanzés. – 24 mars 2010, 09h08
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Ann Coulter, c’est pas n’importe qui! Le 3 avril 2010, Robert Fisk en publiait cette description des plus élogieuses, dans The Independant. Merci, Pouloutine, pour la référence:
After the international crimes against humanity of 11 September 2001, she said that the West should invade all Muslim countries and force their inhabitants to become Christians. In other words, she’s a pretty nasty piece of work. Not long ago, she even suggested that Muslims should not be allowed to fly – because they could always travel by magic carpet or camel. Cute, sensitive, childlike humour. Got it?
Fisk y était allé dune charge non moins virulente à l’endroit du vice-doyen: « Hereby » – indeed! Houle, the legalistic town crier. Then « to educate yourself » – the implication, of course, is that Coulter is a drop-out. « Inappropriate. » Oh my God, yes, we’ve got to behave in an « appropriate » way, haven’t we, in our nice happy-clappy liberal society? And then the killer: « criminal charges ». Yup, M. Houle is a thought-policeman. « ‘Criminal », mark you. Wow!
Wô les moteurs! D’un point de vue strictement juridique, Houle avait entièrement raison. Si Pouloutine l’ignore, il est mûr pour une bonne session de formation permanente; je le sais mieux informé que ce qu’il laisse parfois transparaître…
À l’époque, j’avais soutenu cette décision du vice-doyen Houle. Que l’Université soit un lieu de formation par les échanges d’opinions et des discussions, j’en conviens; cela n’excusera jamais des propos bêtement islamophobes, judéophobes ou homophobes – à titre d’exemple seulement. Au surplus, la direction de l’Université ne saurait par ailleurs mettre en danger la vie ou du moins la sécurité des conférenciers invités, ni celle des participants à ce genre de panels. Au surplus, ils sont les fiduciaires du patrimoine de l’institution, et il n’aurait pas été très sage de permettre à Ann Coulter d’enflammer les passions et d’exacerber les tensions comme elle promettait de le faire par un discours raciste susceptible de lui valoir des accusations en vertu des articles 318 et suivants du Code Criminel.
Et la CLASSÉ? Le danger de casse est-il comparable?
J’en doute fortement. Rien, à mon avis, ne laissait supposer que des opposants à la CLASSÉ ne s’en prennent aux conférenciers de la CLASSÉ. Après tout, Jeannot Mouton n’affirme-t-il pas sur tous les toits que ce sont les « carrés rouges » qui sont synonymes de violence et de perturbation sociale?
Les autorités invoquent la violence survenue en avril 2012. Soit. Mais ne sommes-nous pas en juillet? Et quelqu’un a signalé des comportements violents, ce moi-ci? Faudrait peut-être faire preuve d’un peu de cohérence dans le discours, non?
Rien ne laissait davantage entrevoir que la présence de représentants de la CLASSÉ puisse donner lieu à des propos haineux. Alors, quoi?
Quoiqu’il en soit, j’attends de Pouloutine qu’il dénonce VI-GOU-REU-SE-MENT le refus de l’UQO d’accueillir les représentants de la CLASSÉ dans ses murs, sur le ton qu’il avait utilisé pour vilipender le vice-doyen Houle. Injures en moins, toutefois.
Bref, encore du deux poids deux mesures pour ceux qui pensent la démocratie de façon unilatérale.