Oui, je sais, Goofy Legoof n’a pas le monopole des volte-face spectaculaires; matante Pauline en a elle-même fait une spécialité! Et oui, Legoof n’en est pas à ses premières gaffes. Mais voilà, à moins de 10 jours du scrutin – et alors que se tenait le vote par anticipation, il en remet quelques couches.
Il y a quelques jours, il menaçait la haute direction de la Caisse de Dépôt et d’Hydro-Québec de faire tomber des têtes si Thierry Vandal ou Michael Sabia ne pratiquaient pas le CAQuisme intégral. Ça laisse un arrière-goût d’ingérence de l’État dans la conduite des affaires.
« Si M. Vandal n’est pas prêt à couper 600 millions et si M. Sabia n’est pas prêt à augmenter à 25 % les participations dans les compagnies québécoises, il va y avoir un changement », a-t-il indiqué au Journal de Québec. Il a ajouté à La Presse qu’il faut « remplacer les sous-ministres et les présidents des sociétés d’État qui ne pensent pas comme nous ». – Antoine Robitaille et Guillaume Bourgault-Côté, Le Devoir, 25 août
Je sais que les experts peuvent se tromper; les pertes de la Caisse de dépôt, il y a quelques années, sont là pour nous le rappeler. La nomination de Michael Sabia ne m’avait pas enchanté mais sous sa direction, la Caisse a connu un redressement; j’veux bien que la Caisse apporte son soutien à l’entrepreneurship québécois, mais sa mission première, c’est d’abord de faire croître ses actifs et d’assurer notamment la pérennité des fonds de retraite… pour éviter, entre autres, des déficits actuariels.
Les régimes de retraite des employés municipaux
Déficits actuariels? Il semble que le déficit cumulatif des fonds de retraite des employés municipaux s’élève à près de 5 milliards de dollars. C’est à donner le vertige.
l’Union des municipalités du Québec (UMQ) a dernièrement interpellé les partis politiques. Elle souhaite un meilleur partage des risques entre employeurs et employés. Autrement dit que ces derniers contribuent davantage.
[note: l’hyperlien ci-dessus renvoie à un reportage de Radio-Canada Abitibi-Témiscamingue; malgré la mention de quelques données régionale en ouverture, le reportage est de portée générale]
La CAQ partage peu ou prou le point de vue de l’UMQ. « Il faut redonner aux municipalités un certain rapport de force lorsqu’elles vont renégocier les conventions collectives avec leurs employés », estime Christian Dubé, avant d’élargir le débat. « Il va devoir y avoir un réalignement du rapport de force, mais aussi du risque entre l’État, les employés municipaux et les contribuables », conclut-il. – Radio-Canada, 23 août 2012
Dans sa plateforme, la CAQ propose « un comité d’experts [qui] sera aussi mis en place pour proposer des solutions durables à la gestion des régimes de retraite des employés municipaux ». [1]
Or voilà que LeGoof entreprend un volte-face spectaculaire. D’une part, ce Comité d’experts existe déjà; d’autre part, LeGoof n’aura pas la patience d’attendre la publication de son rapport, attendue dans 4 mois.
François Legault ne veut pas attendre la fin des travaux du comité d’Amours sur les régimes de retraite avant de trouver une solution. Ce comité ne sert qu’à «pelleter le problème en avant», croit-il.
Le comité est présidé par Alban d’Amours, ancien patron du Mouvement Desjardins. Il est notamment épaulé par le fiscaliste Luc Godbout (Université de Sherbrooke), Claude Lamoureux (ex-président du Régime de retraite des enseignants de l’Ontario) et Bernard Morency (premier vice-président à la Caisse de dépôt et placement). Le comité a fait plusieurs rencontres depuis cet hiver et continue de plancher sur son rapport. – Paul Journet, La Presse, 24 août
Pour réduire le déficit actuariel de 4,8 milliards dans les régimes de retraite des municipalités, « il n’y a pas 56 000 mesures : il y en a trois,a indiqué le chef caquiste lors de points de presse à Charlesbourg et à Champlain. On peut augmenter les cotisations, hausser l’âge de la retraite ou diminuer les prestations ». – Antoine Robitaille et Guillaume Bourgault-Côté, Le Devoir, 25 août
Faudrait peut-être penser aux causes de la maladie, avant de penser à la couleur du cataplasme que Legault s’apprête à appliquer sur la plaie. Peut-on ici parler des fusions forcées par le PQ en 2001, et du remède apporté par les Libéraux à leur retour au pouvoir?
Cela dit, pourquoi la CAQ prévoyait-elle mettre en place un Comité d’experts qui existait déjà? Méconnaissance? Improvisation? Amateurisme? Et puisque la CAQ prévoyait former un tel Comité, par quelle acrobatie intellectuelle LeGoof en arrive-t-il à promettre maintenant de mettre de côté non seulement les conclusions du rapport, mais le Comité lui-même?
À vrai dire, ça me fait penser à l’obscurantisme qui a présidé à la mise au rancart par les Conservateurs du registre des armes d’épaule, sans égard à l’opinion des usagers et des experts. La science infuse?
LeGoof semble vouloir « régler le problème » en imposant des solutions mur-à-mur, applicables aussi bien aux cols blancs qu’aux cols bleus; ça m’inquiète! Dans la mesure où tous les travailleurs ne s’usent pas égal. Un mineur qui atteint la soixantaine risque d’être plus amoché qu’un pousseux de crayon du même âge.
Le printemps-érable
Un autre volte-face de Goofy LeGoof a inspiré à un intellectuel de bécosse ce billet inspirant:
Après avoir plié devant les syndicats, Legault plie devant les carrés rouges. Décidément… Legault est « prêt à négocier avec les étudiants »… Négocier quoi????? La crise est finie! Ils sont de retour en classe! Allô?????
C’est court, n’est-ce pas? Quand il s’agit de cet être transcendant, vaut mieux que ce soit soit bref!
Au printemps, la CAQ proposait déjà un remboursement proportionnel au revenu. Elle appuyait par contre la hausse proposée par le gouvernement Charest, qui était alors de 1625$ en cinq ans.
Peu avant le déclenchement des élections, la CAQ a changé sa position sur la hausse des droits de scolarité. Cette hausse ne s’appliquerait qu’à partir de janvier 2013. Après cinq ans, les droits de scolarité seraient indexés.
[…] François Legault a nuancé sa position cet après-midi dans le dossier des droits de scolarité. La Coalition avenir Québec propose une hausse de 200$ par année pendant cinq ans, mais ce n’est plus une position ferme. C’est maintenant une offre faite aux étudiants.
[…] «On sera ferme sur les objectifs, mais souple sur les moyens», a répété M. Legault. Il croit encore que les universités sont sous-financées et que les étudiants devraient y contribuer davantage. Mais il serait prêt à moduler la hausse des droits de scolarité, le crédit d’impôt et les prêts et bourses pour atteindre cette fin. – Paul Journet, La Presse, 27 août 2012
Un sondage probabiliste mené par la maison Papitibi.com auprès d’un nombre confidentiel d’adultes, entre le 27 et le 27 août, confirme que dans une proportion de 104,7%, les Québécois sont convaincus que Goofy Legoof changera encore d’opinion sur au moins l’un des deux sujets abordés ci-dessus.
Ce nombre confidentiel de répondants m’amène subrepticement vers cette autre perle de Goofy: la purge qu’il entend faire dans les effectifs d’Hydro-Québec lui a été inspirée par deux sources crédibles qui préfèrent garder l’anonymat!
Les rapports secrets… et le lobby de l’Institut Économique de Montréal
Pour la première fois, François Legault a donné un peu de détails ce matin sur les 25% de réductions de dépenses qu’il promet de faire à Hydro-Québec. Il se base sur des études secrètes, la mise à jour d’une autre étude qui recommandait la privatisation de la société d’État et la réduction déjà en cours du coût des grands chantiers.
La réduction annuelle de 600 millions $ s’appuie d’abord sur une étude de Claude Garcia et de l’Institut économique de Montréal. Cette étude estimait à 1,2 milliard les compressions réalisables à la société d’État. Elle proposait aussi de la privatiser (voir compte-rendu et l’étude complète). Cette idée avait été reprise en partie par l’ADQ, mais a été rejetée par la CAQ.
[…] M. Legault s’appuie aussi sur d’autres études, dont il ne veut pas parler. C’est parce que leurs auteurs ne voudraient pas les endosser publiquement. «(Leurs auteurs) ont souhaité, compte tenue [sic] que les études ont été faites avec des moyens limités, qu’elles restent privées», a-t-il dit. – Paul Journet, La Presse, 27 août
Et de un, l’IÉDM n’est pas un organisme indépendant. C’est un lobby, au service d’un groupe de pression aux tendances libertariennes. Or Goofy Legoof reproche au PQ de s’être transformé en porte-voix des syndicats, et au PLQ d’avoir les mains attachées dans le dos par ses bailleurs de fonds et les entrepreneurs mafieux.
Un rapport préparé pour le compte de la CSN ne serait ni plus, ni moins crédible qu’un pain sorti des fours de l’IÉDM. En se basant sur un rapport de ce lobby, LeGoof adopte les manières de faire que pourtant il dénonce chez ses adversaires.
Et de deux, les chiffres de l’IÉDM s’appuient sur l’hypothèse d’une privatisation – hypothèse que LeGoof dit rejeter. Ce seul fait suffit à rendre plutôt suspects les chiffres qu’il avance.
Et de trois, si les auteurs d’études encore inédites invoquent leur état d’ébauche incomplète pour refuser de les soutenir en public, réalisés avec des moyens modestes pour refuser de les rendre publiques, à plus forte raison un aspirant premier-ministre devrait-il éviter d’y prêter foi. Et ce, même si des militants du Parti ont cru pouvoir valider les chiffres à l’interne. Qui sont ces militants? Quelle est leur formation? Leur expérience? Leur réputation? S’ils étaient eux-mêmes crédibles, est-ce que LeGoof ne se serait pas empressé de les identifier, de les présenter et d’offrir leurs cogitations en pâture à l’opinion publique?
N’est-ce pas Goofy LeGoof qui faisait reproche à Matante Pauline d’avoir négligé de déposer le cadre financier du PQ AVANT les débat et face-à-face auxquels elle a participé? Le PQ a publié ses chiffres… mais la CAQ voudrait aujourd’hui nous faire avaler ses couleuvres, les yeux bandés?
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[1] Transparence totale: cette citation est extraite d’un communiqué de presse du Parti-Québécois. J’ai tenté sans succès de corroborer le contenu de la plateforme de la CAQ auprès de la CAQ elle-même; si le PQ avait menti sur ce contenu, j’imagine qu’on l’aurait su!
Avec l’allure que prend la soirée des élections, qui selon vous sort le grand perdant? Marois, John James ou Legault?
Pour moi c’est Legault et son « sinistre de la santé-wannabe » qui n’aura pas réussit à aller chercher le vote des « anglos » de façon à affaiblir de façon plus spectaculaire le Quebec’s Liberal Party.
Pour le grand gagnant je ne peux m’empêcher de me bidonner en pensant à la rue et Léo qui a défait un maudit arrogant du QLP!
Et avec le discours de Françoise David, on n’a plus à se préoccuper des Caribous qui sont définitivement en voie d’extinction. Les RIP on peut oublier ça. 8;-P
Ce matin, j’apprends cette histoire de fusillade et passe vraiment proche de m’étouffer en lisant ceci:
J’espère que ce n’était qu’une crampe au cerveau. 8:-(