Même s’il n’en a pas l’air au premier coup d’oeil, ce billet traite de la responsabilité des élus. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de niaiser un peu Sa Petite Majesté.
Sa Grandeur? Heu, faut quand même pas exagérer, là, là.
Mais pour ce qui est de la tonitruance, Sa Majesté Régis-Labadaboum appartient aux grands [ ] de ce monde.
C’est du délire, a pesté le maire Labeaume. Ça n’a aucun sens. J’ai tellement hâte qu’on soit débarrassé de ce gars-là. […] C’est tout à fait odieux. Quel homme odieux et laid… » – Régis Labeaume, au sujet du Conseiller indépendant Jean Guilbault
La citation, telle que rapportée par Le Journal de Québec, n’est pas tout à fait exacte. La finale, c’était plutôt: Quel homme odieux. Quel homme odieux et laid. L’extrait diffusé par la SRC au Téléjournal Midi du 28 août ne saurait mentir (ça débute à 1:35).
Conflit latent, conflit de manants
Labeaume et Guilbault sont à couteaux tirés depuis longtemps; Sa Grandeur Tonitruante avait poursuivi Guilbault en diffamation, mais ça s’était terminé en queue de poisson. La virulence des attaques de Guilbault, pendant l’assemblée du 27 août, était injustifiée. Par contre, sur le fond, il avait raison: ce n’est pas parce qu’un règlement municipal ne peut pas être aussi efficace qu’une action du gouvernement – en raison de sa portée territoriale trop limitée – que la Ville peut s’en laver les mains.
Quand les éclosions ont débuté en 2012, ce n’est pas seulement le Maire, ni son équipe, qui ont dormi au gaz; les conseillers indépendants itou. Mais voilà, au début de la présente vague de légionellose, j’ai l’impression qu’aucun des membres du Conseil ne possédait l’expertise qui permet de faire le lien entre l’état d’entretien des tours de refroidissement et l’éclosion de la maladie.
Par contre, et même si ce sont les vacances d’été, le Maire aurait pu, et il aurait dû s’inquiéter suffisamment pour alerté les autorités compétentes. Compétentes, au propre comme au figuré. Au sens légal et surtout au sens de la science.
Mais là, tout le monde s’énarve, parce que personne ne veut faire l’objet de poursuites ni surtout être condamné par un tribunal, suite à un recours collectif des victimes. Oh, bien sûr, ce sont les assureurs qui vont assumer les conséquences financières du jugement. Mais les conséquences politiques, c’est autre chose…
Et surtout les conséquences sur le confort psychologique des acteurs de cette négligence collective.
J’ose espérer, d’autre part, que les autorités auront su faire des prélèvements dans les quelques dizaines de tours qu’elles auront inspectées. Des prélèvements, et des analyses qui permettront, en bout de ligne, d’identifier l’édifice qui aura été à la source de cette éclosion, de même que ses propriétaires et gestionnaires. Ce n’est pas aux victimes qu’il incombe de le faire… Mais puisqu’il y aura des poursuites, aussi bien – pour la Ville et pour la direction de la Santé Publique – identifier les responsables.
Yves Bolduc, qui s’exprime et raisonne davantage comme un enfant que comme un Ministre de la Santé, avait menti à la population, avec son « C’est pas moué, c’est les autres avant 2003! ». C’est lui que je tiens pour le principal responsable po-li-ti-que de cette crise. C’est lui qui a eu – comme disaient les avocats d’avant le no-fault – « the last clear chance to avoid… », ce qu’il a bien sûr nié. Sauf que l’historique des éclosions de légionellose le confirme. C’est un lâche. Un poltron. Et un menteur.
Labeaume, là-dedans, n’est qu’un acteur mineur; le rôle qu’il tient, c’est un rôle muet. Je sais, Sa Majesté préfère l’avant scène, mais vaut mieux pour lui qu’il demeure ici de taille liliputienne.
Surtout que Me Jean-Pierre Ménard a déjà commencé à monter le dossier des victimes.
P.S.: Merci à YGRECK pour sa brillante caricature. Il a vraiment du talent , le Ygreck. Sauf que, sur le plan idéologique…