La Presse en a parlé. Le Journal de Montréal itou. Et le réseau ABC . Et même le Daily Mail, à Londres: The Vermont town where restaurants add 18 percent to the bill for anyone who speaks French…
La pratique aurait cessé, rapportait Gabrielle Duchaine, dans la Presse du 31 août.
«C’était complètement stupide, rage le président de la chambre de commerce régionale du Lac Champlain, Tom Torti. Nous mettons tout en oeuvre pour que les touristes québécois se sentent bien accueillis et voilà que des commerçants menacent de tout gâcher à cause d’un stéréotype.»
Stéréotype? Malentendu? Ignorance mutuelle? Un peu de tout cela… Au Québec, depuis le 1 mai 2012, le salaire horaire minimum des employés à pourboire est de 8,55$; les touristes québécois qui s’assoient à une table vermontoise prennent sans doute pour acquis que l’employé(e) qui les sert reçoit un salaire équivalent; or, le salaire horaire des serveurs et serveuses n’est que de 4,10$, au Vermont. De même, peut-être prennent-ils pour acquis que le prix du repas inclut le pourboire, comme c’est souvent le cas chez nous?
Steve Hulsey and Anne-Marie Humbert noticed the strange charge after a July meal at Splash at the Boathouse. Though the couple resides in Williston, Humbert is originally from France. On this occasion, her French-speaking nephew was visiting, so they all spoke French at dinner.
When the bill arrived for the party of three, Humbert […] realized it included an 18 percent tip. […] The waitress […] explained that she’d heard the family speaking French, and that the restaurant has “kind of a policy” to include the gratuity for parties that appear to be from Québec or Europe.- Kathryn Flagg, Seven Days, 15 août 2012
« The practice is so common, servers refer to it as the ‘Queeb tax’ – after the Quebecois who inspired it« , de rapporter le Londonb Daily Mail. Dont le reporter ajoutait:
Restaurant owners say it’s their solution to an influx of French-speaking Canadians from Quebec who are extraordinarily bad tippers — sometimes leaving just $1 or a few cents tip on $50 or $100 tabs.
[…] The problem likely arises from a cultural difference. In Canada and most countries, tipping 10 to 15 percent is customary, though many restaurants automatically include a gratuity on the bill.
Commentaire similaire le 27 août, cette fois au Réseau ABC. Abby Ellin écrivait alors:
Part of the problem, perhaps, is that Burlington restaurants have no uniform code on how much to charge foreigners in tips, so it varies from spot to spot. What’s more, many cafes and restaurants in Europe and Canada automatically include a gratuity in the bill, and many tourists expect it to be similar in the States.
Ce n’est pas comme ça que j’ai éduqué mes enfants [1]! Cela dit, il leur est arrivé de faire un peu honte à leur papa. Entre autres, ce soir (ce devait être plutôt la nuit) où mon fils aîné s’était fait raccompagner chez moi dans le cadre de l’Opération Nez-Rouge. À l’époque, il étudiait à l’Université de Sherbrooke mais il passait le temps des Fêtes à Rouyn.
Zéro pourboire! Z-É-R-O… Bin quoi, avait répondu le fiston, on donne ce qu’on veut! Justement, avais-je répliqué: on DONNE! Shit! J’en avais eu des échos… par l’accompagnateur, qui me connaissait et qui savait que c’est moi qui habitait là. Misère!
Il s’est bien repris, le rejeton; il est devenu bénévole pour Nez-Rouge… enfin, quand il est en ville.
Le droit applicable
Similar scenarios in other states have led to lawsuits. In 1999, a diner named Charles Thompson called 911 after a 15 percent tip was tacked onto his bill at a Thai restaurant in Miami Beach, Fla. Thompson, who is African American, told police that when he asked about the automatic gratuity, the restaurant owner explained it by saying, “Black people don’t tip well.” Thompson’s complaint prompted the Florida attorney general to file a lawsuit against the restaurant owner, and in 2009 the owner settled the charges by paying $15,000 and instituting a uniform tipping policy. – Kathryn Flagg, Seven Days, 15 août 2012
Les lois du Vermont stipulent qu’un restaurateur – entre autres – ne peut refuser de fournir un service pour des motifs reliés à la nationalité, l’origine ethnique, la religion, l’orientation sexuelle ou un handicap. Robert Appel, directeur-général de la Commission des droits de la personne du Vermont, estime qu’il serait contraire à l’esprit de la Loi d’appliquer une politique tarifaire différente à une certaine catégorie de clients. Qu’en est-il des Vermontois d’origine qui se montreraient eux-mêmes chiches, se demande-t-il? Et qu’arrive-t-il si le refus du pourboire est relié à l’attitude du waiter? – Kathryn Flagg, Seven Days, 15 août 2012
Il n’est pas nécessaire de bien connaître le droit applicable au Vermont pour conclure que s’il est tel que le décrit M. Appel, son interprétation est juste; les lois diffèrent mais les principes qui gouvernent leur interprétation sont les mêmes, au Québec, au Canada et au Vermont.
Ne vous laissez donc pas intimider… mais ne soyez pas trop radins!
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[1] Dans chacune des villes qui hébergent un Palais de justice en Abitibi et auTémiscamingue, j’avais développé une relation privilégiée avec certains serveurs et serveuses. Pas le choix: j’avais parfois besoin d’une table à l’écart, ou d’un service ultra-rapide, et ce privilège, il faut le payer! Et à Rouyn, j’étais trop connu en ville pour courir le risque d’y passer pour radin…
Mais à Halifax, alors que je m’apprêtais (c’était dans les années ’90) à acquitter une note qui s’élevait à plus de 200$, le serveur m’a fait reproche d’en avoir fait un examen trop attentif: je cherchais à vérifier si la facture incluait le pourboire – ce qui n’était pas le cas. Cette fois-là, j’avais laissé un pourboire équivalent à UN pour cent de la facture… au grand dam de mes invités! Mais j’avais pris la peine de m’en expliquer au type, qui pétait le feu! L’attitude belliqueuse du serveur lui avait coûté 35$…