Monsieur TPS: de l’insoutenable poids de la corruption…

 

Lourd, lourd, le produit de la corruption…

Gilles Surprenant – ce Monsieur TPS que Lino Zambito avait juré avoir engraissé de 150000 ou 200000$ – se met à table devant la Commission Charbonneau, et reconnaît avoir reçu environ 600000$ au total, dont une partie du groupe Catania.

Tous des bons chrétiens! L’entreprise F. Catania soudoie et corrompt d’une main un fonctionnaire, et de l’autre main, elle « soutient fièrement la fondation de l’hôpital Charles-Lemoyne ». Ah, j’oubliais: avant de lui dire merci en lui glissant quatre mille beaux dollars dans une enveloppe, Catania – selon Gilles Surprenant – lui avait fait comprendre au début des années ’90 que « les gens qui nous empêchent de manger, on les tasse« .

Subtil…

Catania, père et fils

18 septembre 2008

Le nom de Frank Catania, fondateur de Construction Frank Catania et associés, figure dans le résumé de la preuve de l’opération Colisée de la GRC. Catania a été filmé en compagnie du parrain Nick Rizzuto au quartier général de la mafia. Les dirigeants de la mafia lui ont offert un cadeau pour son départ à la retraite, lorsque son fils Paolo a pris sa relève à la tête de l’entreprise. – André Noël, La Presse, 18 mai 2012

Les enquêteurs de l’escouade Marteau ont arrêté ce matin l’ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Frank Zampino, l’entrepreneur en construction Paolo Catania ainsi que Bernard Trépanier, ancien responsable des finances du parti du maire Gérald Tremblay, connu sous le nom de «monsieur 3%».

[…] Un vaste terrain appartenant à la Ville de Montréal avait été vendu au rabais à l’entreprise de Paolo Catania, Construction Frank Catania et Associés.

«Le stratagème était relativement simple : un élu et un fonctionnaire transmettaient de l’information privilégiée, soit des données techniques, avant la sortie de l’appel de qualification, à l’entreprise Frank Catania, en échange d’avantages», a résumé l’inspecteur Denis Morin, chef de l’Escouade Marteau. – André Noël et Vincent Larouche, La Presse, 17 mai 2012

C’est du scandale dit du Faubourg Contrecoeur qu’il est ici question.

Voici – en condensé – la page d’accueil de F. Catania: je me suis permis de déplacer le logo de l’entreprise… et d’écarquiller un ti-peu la paire d’yeux du client stressé. Après tout, on donne ici dans la satire, non?

 

Et j’ai ajouté une flèche pointant vers les oeuvres caricatives de ces bons chrétiens…

Zampito avait aspergé Zampino, Abdallah, Accurso, Vaillancourt, Bibeau, Surprenant. Tous auront vigoureusement nié, mais voilà que Surprenant déballe. Du coup, il corrobore Zampito. Les dénégations tiendront-elles la route? À suivre…

Mais revenons à ce pauvre Monsieur TPS, rongé par les remords.

Au point de retourner à l’État – via les casinos gobe-fortune – environ 300000 de ces beaux dollars du Royaume de Canada, gagnés à la sueur de son front…

Au point de retourner à l’État, entre les mains des enquêteurs de l’escouade Marteau, plus de 120000$.

À la fin de son témoignage, la Commission a déposé un sac de plastique contenant 122 800$ d’argent comptant. Gilles Surprenant a reconnu avoir remis de lui-même cet argent aux enquêteurs de la CEIC le 31 août dernier. Il s’agit de ce qu’il lui reste des pots-de-vin reçus ces vingt dernières années. – Pierre-André Normandin, La Presse, 18 octobre 2012

L’homme n’a jamais osé, affirme-t-il, étaler sa richesse. Il n’a pas modifié son train de vie. Il n’a pas partagé ce secret avec sa famille. Il a toujours eu peur de se faire prendre. Jamais il n’a admis avoir été intimidé quand Frank Catania lui avait dit que les empêcheurs de tourner en rond, on les tasse. Pourtant, ça semble assez évident…

Monsieur TPS était-il, au départ, un honnête homme? Son salaire lui suffisait amplement – la Ville de Montréal est un bon employeur, dira-t-il ce 18 octobre; probablement se croyait-il lui-même incorruptible. Mais « on les tasse« , ça veut dire quoi?

La Commission d’enquête pourrait-elle déboucher sur des manoeuvres d’intimidation? Sur des consentements arrachés sous la menace de sévices ou de chantage? Quand la pieuvre veut quelque chose, elle sait se faire entendre. Et elle sait se faire craindre. Combien de commerces incendiés à Montréal, ces dernières heures, au moyen de cocktails Molotov? Trois…

Je n’affirme pas que tous ces noms sortis du chapeau de Lino Zambito sont eux-mêmes des tentacules de la pieuvre. Mais la pieuvre a le bras long. Ou plutôt, le tentacule. Et elle a les ventouses puissantes.