Équipe Harel-Vision Montréal a remporté dans Rivière des Prairies-Pointe aux Trembles, ce 11 novembre, une victoire qui, à première vue, semble un peu courte.
La candidate de Vision Montréal, Cindy Leclerc, a remporté l’élection partielle dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, à Montréal. Mme Leclerc a ravi le siège de conseillère d’arrondissement, qui était vacant depuis le départ en juin de Marie Calderone, élue sous la bannière d’Union Montréal, le parti de l’ancien maire Tremblay.
[…] Après le dépouillement des 78 bureaux de scrutin, la candidate de la formation dirigée par Louise Harel a obtenu 1884 votes, soit 36,68 % des voix. Elle a devancé de 99 votes le candidat d’Union Montréal, Nino Colavecchio. Nathalie Pierre-Antoine, de Projet Montréal, est arrivée au troisième rang, avec 1467 votes. – Radio-Canada, 12 novembre 2012
On peut se demander s’il ne faudrait pas un tremblement de terre de forte magnitude pour secouer ces 1785 Montréalais de l’Est qui ne semblent pas avoir perdu la foi, malgré cette cascade de secousses qui ont ébranlé Union Montréal et malgré les allégations de corruption à un très haut niveau politique. Ils me font penser à tous ces fidèles du PLQ qui sont passés bien près de réélire les ministériels malgré toutes ces allégations de corruption qui avaient pourtant semblé plomber le parti de Jean Charest. Quousque tandem abutere patientia suffragatori? Quem ad finem sese effrenata iactabit audacia? [2]
Serait-ce à dire que le jeu de cache-cache invoqué par Michael Applebaum et le témoignage des Leclerc, Surprenant et Zambito devant la Commission Charbonneau auront eu un effet marginal sur l’opinion des électeurs?
Pas tout à fait. La dégringolade d’Union Montréal n’a de feutrée que les apparences. Il faut, en effet, comparer avec les chiffres de 2009, alors que le parti Équipe Tremblay-Union Montréal avait raflé près de 60% des suffrages. C’est donc une méchante drop pour Union-Montréal, dont le candidat Colavecchio a recueilli 34,8% des suffrages.
Cela étant, le véritable perdant de cette élection partielle, c’est, à mon avis, Richard Bergeron et son Projet Montréal, qui n’a pas su bénéficier autant que le parti de Louise Harel de la déstructuration du parti Union Montréal. Les Montréalais pourraient bien retenir de ce scrutin que l’alternative à Union Montréal, c’est Vision Montréal…
J’en suis étonné. D’une part, le parti de Louise Harel, c’était aussi le parti de Géranium Premier [2], celui qui a fait brièvement de Montréal une île, une ville. Et Louise Harel, c’est aussi la Ministre des Affaires municipales que l’on peut tenir co-responsable (avec son collègue Rémy Trudel) des fusions municipales. Cela dit, contrairement à la plupart des villes du West Island, les anciennes villes de Pointe-aux-Trembles et de Rivière-des-Prairies sont loin d’avoir perdu au change quand Montréal les a absorbées tour à tour. Mais ce facteur n’avait pas joué en 2009 quand le quartier avait donné une majorité écrasante à madame Calderone; je ne vois donc pas comment il aurait pu jouer en novembre 2012.
Vision Montréal n’est pas 100% clean – cela dit sans la moindre allusion malveillante à l’endroit de Louise Harel, qui avait été prompte à se débarrasser de Benoit Labonté quand ce dernier avait été éclaboussé. Il n’en demeure pas moins que les champions de la propreté [au moins apparente!], c’est Richard Bergeron et son parti Projet Montréal…
Le facteur Coderre
Perso, je perçois Denis Coderre comme une bête de folklore. Comme un politicien populiste… et superficiel. Si l’homme a du coffre, c’est davantage au niveau du tour de taille que du contenu. C’est un peu Fred Pellerin, mais sans la poésie, sans le regard mordant, sans le contenu philosophique et sans la finesse. Finalement, non, ce n’est pas Fred Pellerin…
Coderre est-il autre chose qu’un politicien qui a embrassé tous les bébés de Montréal-Nord? Il est formé en sciences politiques; peut-être profitera-t-il de son saut en politique municipale pour démontrer qu’il n’est pas sot.
La déconvenue d’Union Montréal ne va sûrement pas l’encourager à défendre les couleurs du parti de Gérald Tremblay, ce à quoi son appartenance à la famille libérale (Tremblay fut ministre sous Bourassa) l’avait pourtant préparé dans une certaine mesure. Mais la franchise Union Montréal est moribonde, et Coderre le sait. Quant aux deux autres formations, je ne vois pas comment elles pourraient accueillir à leur tête un transfuge Libéral. Coderre va donc devoir supputer ses chances d’être élu à titre de candidat indépendant à la mairie.
Louise Harel est totalement dénuée de charisme. On ne peut pas dire que Richard Bergeron transpire lui-même de cette substance dont se sont nourris Lulu Bouchard, Bill Clinton, Charles de Gaulle, Jean Doré, Jean Drapeau, John Kennedy, Régis Labeaume, Jack Layton, Jean Lesage, René Lévesque et Pierre E. Trudeau, Heu, pas nécessairement dans cet ordre, toutefois! Mais bon, c’est l’ordre alphabétique…
Pour l’instant, Michael Applebaum pourrait bien être soit un king maker, soit un maire de transition anglophone élu avec la complicité circonstancielle d’une ancienne ministre du Parti Québécois.
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[1] Jusqu’ à quand abuseras-tu de la patience des électeurs? Où s’arrêtera ton arrogance débridée? La citation est adaptée des Catilinaires, de Cicéron.
[2] Pierre Bourque, ainsi surnommé par le caricaturiste Serge Chapleau. Lu par ailleurs en 2007 dans Le Devoir: l’ex-directeur du Jardin botanique de Montréal surnommé Géranium Ier pendant son règne à la mairie.
Le moins pire des scénarios pour Montréal…