En ce lundi de Pâques, continuons la célébration du pardon!
Et condamnons à l’unisson cet apartheid abject que pratiquent les Palestiniens à l’égard des Juifs!
Il y a quelques semaines, le webzine Rue 89 se faisait l’écho d’un article publié le 3 mars dans le journal israélien Haaretz; telle que relayée, l’information comportait toutefois une erreur de taille que Rue 89 s’est empressé de corriger:
A partir de ce lundi, plusieurs lignes de bus reliant la Cisjordanie au centre d’Israël sont exclusivement réservées aux Palestiniens.
Haaretz relève que les autorités publiques ne parlent pas « officiellement » de ségrégation. En novembre dernier, le quotidien rapportait déjà que le ministre des Transports étudiait un projet similaire, sous la pression de représentants de colonies qui se plaignaient que les Palestiniens empruntant leurs bus représentaient un danger.
Correction le 04/03/2013 à 14h50 : ces lignes de bus relient la Cisjordanie au centre d’Israël et non la Bande de Gaza au centre d’Israël.
L’article original , tel qu’on peut le lire sur le site du Haaretz sous la plume de Chaim Levinson, ne parle pas de la bande de Gaza et aucune mention n’y est faite d’une mise à jour visant à apporter une correction; selon toute vraisemblance, Rue 89 semble seule responsable de la méprise.
Faut-il s’étonner, dans les circonstances, de cette citation par JSS News Propagande et de la conclusion fantaisiste qu’elle en aura tirée?
A partir de lundi, plusieurs lignes de bus reliant la Cisjordanie et la bande de Gaza au centre d’Israël sépareront leurs passagers juifs et arabes. [cité depuis Rue 89]
On l’aura compris, Afikim interdira uniquement aux juifs de monter dans les bus qui relient Gaza à Ramallah. D’ailleurs, il est interdit pour un juif israélien d’entrer dans la bande de Gaza… Dès lors, comment un bus qui relierait les deux villes pourrait être chargé de juifs ?
Pas forts, les auteurs de ce texte – que ce soit Haaretz ou Rue 89 – qui auront d’abord parlé de la bande de Gaza. Mais surtout, ou bien l’auteur de ce texte de JSS Propagande – Élinor Cohen-Aouat – est-elle fichtrement mal informée sur l’actualité en Israël ou, comme cela me semble plus probable, le sens de l’éthique lui fait-il particulièrement défaut! De toute évidence, elle cherche à noyer le poisson et à détourner le regard.
Cohen-Aouat a le culot de coiffer son texte du titre « propagande honteuse de Rue 89 sur l’apartheid israélien ». Elle écrit par ailleurs que cette demande en provenance de Juifs vivant en Judée-Samarie [d’autres parleraient plutôt des territoires occcupés!] n’a jamais été validée et jamais mise en place.
Jamais mise en place? Heu… Voyons ce qu’en disait Haaretz le 3 mars:
The Afikim bus company will begin operating Palestinian-only bus lines from the checkpoints to Gush Dan to prevent Palestinians from boarding buses with Jewish passengers. Palestinians are not allowed to enter settlements, and instead board buses from several bus stops on the Trans-Samaria highway.
Last November, Haaretz reported that the Transportation Ministry was looking into such a plan due to pressure from the late mayor of Ariel, Ron Nahman, and the head of the Karnei Shomron Local Council. They said residents had complained that Palestinians on their buses were a security risk.
Cé-t-y vrai, ça, que les palestiniens ne sont pas autorisés à fréquenter les « nouveaux quartiers juifs » qui ont poussé comme des champignons? Et qu’ils y soient légalement autorisés ou que la population juive les en repousse sous le regard complice des autorités, ça change quoi? Me semble avoir vu un reportage à Radio-Canada pas plus tard que la semaine dernière, dans lequel on voyait des soldats israéliens dire à une palestinienne voilée qu’elle n’avait pas le droit d’aller « par là« ? Si les Juifs ne veulent pas côtoyer les Palestiniens dans leurs rues et dans leurs immeubles, est-il plausible – sinon probable – qu’ils qu’ils en viennent à leur interdire de prendre place dans le même autobus qu’eux?
Cette Palestinienne n’avait plus accès à sa propre maison, dont elle avait été évincée, mais à travers moult détours et le perçage d’un mur intérieur, elle parvenait à s’y rendre. Un grillage empêchait les voisins Juifs de lancer des pierres en direction de son balcon. Propagande abjecte, ou vérité propre à inspirer la honte? Peu importe la réponse à la question, la méfiance aura fait place à la haine, et la haine aura engendré une situation conflictuelle.
Je puis comprendre la réticence des habitants des nouveaux quartiers [1] à tenir les indigènes Palestiniens arabophones à distance; quelle qu’en soient la cause et peu importe qui en sont les responsables, les tensions entre les deux groupes sont profondes et sources d’insultes et de conflits.
Certains circuits d’autobus demeurent « mixtes », de poursuivre Haaretz, mais les passagers palestiniens y font souvent l’objet de harcèlement ou d’intimidation, soit de la part des passagers juifs, soit aux points de contrôle.
« Les deux nouvelles lignes d’autobus qui entreront en service demain (lundi) sont destinées à améliorer les services aux travailleurs palestiniens qui entrent en Israël au passage Eyal, » de déclarer le Ministre, avant d’ajouter que ce nouveau service est destiné à mettre fin aux services de transport pirate, dont la fréquence est irrégulière et les tarifs, exorbitants.Selon le ministère, les nouveaux circuits d’autobus sont destinés à relier la zone de Tzofim près de Qalqilya à des lieux de travail dans la région de Sharon et Tel-Aviv, et ce, « à un tarif particulièrement avantageux. » – Haaretz, 3 mars [ma traduction]
Sondages zé images
L’apartheid, c’est pas nécessairement une affaire de textes de loi. C’est aussi une affaire de coeur et d’attitude. Et si j’en juge par ce clip – publié en novembre 2012, apartheid is real in Israel.
Si j’en juge, également, par ces sondages réalisés en terre d’Israël, où la population juive se montre de plus en plus favorable à un apartheid institutionnalisé dont elle ne cherche même pas à cacher le jupon qui dépasse!
With three months to go before a general election, a survey reported in the Haaretz newspaper shows further evidence of a sharp tilt towards nationalism in Israeli society.
More than two-thirds of those questioned by Dialog, an opinion pollster, said they would oppose suffrage for the 2.5 million Palestinians living in the West Bank were it to be annexed to Israel.
Nearly three-quarters — 74 per cent — say they also support a system of segregated roads for Palestinians and Israelis in the West Bank, – Adrian Bloomfield, The Telegraph, 23 octobre 2012
Compte tenu du contexte politique en Israël, le gouvernement – quel qu’en soit le chef – va devoir naviguer entre cette volonté très nette de la population juive de vivre sous un régime d’apartheid et le message adverse qui lui viendra de la communauté internationale.
Ce qui importe, pour l’État d’Israël, c’est l’image qu’il projette non seulement dans le monde musulman, non seulement chez tous ceux que les faux-amis d’Israël aiment qualifier d’idiots utiles, mais chez tous ceux dont Israël croit pouvoir compter sur un soutien éternel.
Mark my words: si aux seules fins d’assurer sa survie le gouvernement Israélien devait céder à la pression de ses électeurs, c’est là où ça compte qu’il va perdre la bataille de l’opinion publique: devant le Sénat et le Congrès, à Washington.
Bref, et même si mes amis sionistes persistent à jouer à l’autruche, Israël marche littéralement sur des oeufs.
Et ce ne sont pas des cocos de Pâques!
Complément de lecture
Le journaliste pigiste Ben White – un diplômé en littérature de Cambridge – passe dans certains milieux pour être un activiste antisémite. Antisémite? Je ne sais pas. Mais opposé à Israël, ça, ça saute aux yeux! White est un critique très virulent de ce qu’il considère comme un État qui – à ses yeux – pratique l’apartheid.
Oublions pour un instant le qualificatif dont on l’affuble, et jetons plutôt un coup d’oeil aux arguments qu’il invoque au soutien de sa thèse… tout en gardant à l’esprit ce commentaire plus ou moins éditorial que comporte le coin inférieur droit de l’image qui coiffe le présent billet: pas facile, en effet, de critiquer Israël sans passer pour un vulgaire et abject antisémite. Pourtant, ceux-là mêmes qui crient à l’antisémitisme ne se privent pas du plaisir de critiquer Barack Obama ou Pauline Marois. Ou, l’an dernier, Jean Charest. Ou, il y a 10 ans, W Bush. La critique de W Bush est perçue par les dretteux de service comme étant l’expression d’un fort sentiment anti-US. Pourtant, ces même défenseurs de la Foi en Uncle Sam ne cessent de vomir sur l’hostie de nèg’ islamo-socialiste qui lui a succédé.
Et personne n’a été accusé d’être anti-québécois au seul motif qu’il (elle) pourfend les politiques de Charest ou de Marois. Mais quand il est question d’Israël, l’épiderme est sensible…
Revenons à ce Ben White. Il a publié en octobre dernier, sur les pages d’Al-Jazeera (ouch!), un article intitulé (en anglais): Israël pratique l’apartheid – pas besoin d’en avoir confirmation par un sondage!
Bien documenté, son (long) article. Ce sera mon seul commentaire; au lecteur de déterminer si ses affirmations et ses sources sont crédibles.
___________
[1] habitants des nouveaux quartiers – un euphémisme pour désigner ceux que les « indigènes » palestiniens et les journalistes de Radio-Canapalestine appellent les colons juifs.
« Les deux nouvelles lignes d’autobus qui entreront en service demain (lundi) sont destinées à améliorer les services aux travailleurs palestiniens qui entrent en Israël au passage Eyal, » de déclarer le Ministre, avant d’ajouter que ce nouveau service est destiné à mettre fin aux services de transport pirate, dont la fréquence est irrégulière et les tarifs, exorbitants. – Haaretz
Et si à Montréal les francophones en avaient assez de prendre l’autobus en compagnie des Juifs haredim, les insultaient et en jetaient parfois hors de l’autobus sous l’oeil complaisant des policiers. Devant cet état de fait, les autorités mettraient en place des lignes à l’usage exclusif de ces gens, probablement à leur grand plaisir, qu’ils soient persécutés ou non, mais c’est une autre question.
Dans le pire des cas ce serait sans nul doute une amélioration de leurs conditions, mais le véritable questionnement devrait porter vers l’acceptation en premier lieux des comportements racistes par la société québecoise qui auraient mené à ce dénouement. Dans le cas de la Palestine, malgré toute la supposée complexité du problème palestinien qui mène à ce genre d’événement, la conclusion à tirer sur la société israélienne est facile, c’est la même.