Le Labeaume-à-images: c’est finiiii

 

En ce premier jour d’avril, et alors que le chef Jean Soulard quitte les cuisines du Château-Frontenac, le Roi-Soleil annonce que son Moulin à Images fait naufrage. Un malheur n’arrive jamais seul…

L’année 2013 sonnera le glas du Moulin à images. Le Bureau du maire Labeaume a confirmé, lundi matin, que la Ville de Québec mettrait fin à l’aventure de ce spectacle conçu par Robert Lepage.

Le spectacle gratuit présenté dans le Vieux-Port depuis les fêtes du 400e anniversaire de la ville de Québec, en 2008, en sera donc à sa dernière année. Le contrat de cinq ans qui liait la Ville et la compagnie Ex Machina ne sera pas renouvelé.

Le Journal de Québec, qui a obtenu les taux de fréquentation en vertu d’une demande d’accès à l’information, a révélé dans son édition de lundi matin que l’achalandage était en chute libre depuis la participation record de 600 000 spectateurs, en 2008.

La dernière évaluation de foule parlait d’à peine 70 000 spectateurs pour l’année 2012, alors que la moitié des représentations ont attiré à peine un millier de spectateurs, selon Le Journal de Québec.

[…] Rappelons que la Ville de Québec investit 3,5 millions de dollars chaque été pour la présentation du Moulin à images. – Radio-Canada, 1 avril

Trois millions virgule cinq par année, 70000 spectateurs; la ville a donc investi 50 dollars par spectateur – mais certains de ces spectateurs habitent le modeste hameau de Labeaumeville. Ça fait donc un peu cher pour quoi, 40 ou 50000 touristes. Mais est-ce trop cher payé? 

Sous l’impulsion de Régis Labeaume, Québec – qui était déjà une ville à la fois belle et riche en histoire, se donne l’image d’une ville qui ose. Une réputation que Montréal n’a pas – ou n’a plus. Québec se transforme en une bourgade-concept. La valeur ajoutée par toutes ces audaces auxquelles le nom de Régis Labeaume est associé – comme le Moulin à images, comme le Red Bull Crashed Ice – est difficilement quantifiable. Ces audaces que la configuration du patrimoine bâti de Québec peut autoriser, aucune autre destination touristique ne saurait les reproduire en Amérique du Nord.

Québec est à la fois plus vieille par ses pierres, et plus jeune – par son audace – que Montréal.

Cette audace pourrait, à terme, lui rapporter gros en termes de création d’emploi et de croissance aussi bien démographique qu’économique.

Mais – car aussi vrai que tous les contes de fée débutent par Il était une fois – mais, dis-je, trop, c’est parfois comme pas assez. Au tournant des années ’60, Jean Drapeau a beaucoup rêvé et rêvé très grand pour Montréal. Trop grand? Trop cher? Très cher, à tout le moins. Tellement cher, à vrai dire, que le coût de ces infrastructures a fini par handicaper Montréal et la tirer vers le bas. Expo 67, le métro, le stade olympique, c’était un peu beaucoup pour une seule décennie et des poussières…

Un amphithéâtre de 400 millions? Ça, c’est beaucoup plus coûteux que le Moulin à images. Surtout que cet amphithéâtre nouvel à Pédalo n’apportera rien à Québec que d’autres agglomérations ne sauraient offrir; sa construction remettra Québec à niveau, pour lui permettre de lutter à armes presque égales avec des voisins plus gros ou aussi gros qu’elle. Encore là, toutefois, Québec pourrait faire davantage qu’une glace milieu d’un gros parquigne; encore faudrait-il, toutefois, que cet amphithéâtre puisse être arrimé à d’autres types d’investissement pour devenir un pôle de développement.