L’histoire qui suit me touche à plus d’un titre.
Cette belle pièce de notre patrimoine religieux, c’est l’église où j’ai grandi en Dieu, flanquée de son presbytère. Mon église paroissiale. La photo est prise depuis l’intersection du Boulevard St-Joseph et de la rue de Bordeaux, à Montréal-en-ville. Et tout à gauche, c’est l’école primaire St-Pierre-Claver, entre l’Avenue De Lorimier et la rue des Érables. Mon alma mater, si je puis dire. Quand j’y suis arrivé, il y avait encore des tramways sur St-Joseph et sur De Lorimier.
Les parents d’aujourd’hui s’inquiètent pour la sécurité de leurs enfants; aussi bien sur De Lorimier que sur St-Joseph, ça roule sur quatre voies, et ça roule vite.
Une centaine de parents et d’écoliers ont manifesté proprement le matin du 2 mai, suivant un itinéraire dont ils avaient préalablement informé l’agente socio-communautaire de la police de quartier: ils traversaient tous ensemble au feu vert, pour faire ainsi le tour de l’intersection une fois aux 4 ou 5 minutes. Bref, ils tournaient en rond, sans nuire au trafic automobile; quand un automobiliste s’immobilisait en empiétant sur le passage réservé aux piétons, on lui rappelait ses obligations.
SPVM: Crise de ridiculite aiguë
«Nous avons informé l’agente sociocommunautaire de la police de quartier de la tenue de la manifestation. Ça s’est fait de manière informelle, on lui a dit qu’on allait traverser la rue d’un côté à l’autre, en respectant la signalisation, sans entraver circulation. On n’a pas fait de plan écrit», indique la directrice [de l’école, Lucie] Perelman.
Ainsi, vers 7h30, une centaine de parents, avec leurs enfants, se sont réunis à l’angle des deux artères pour manifester. L’agente sociocommunautaire, bien connue dans l’école, était présente.
Le groupe faisait le tour de l’intersection, traversant au feu vert seulement, sans obstruer la circulation. Casseroles et autres instruments se faisaient entendre. Une animatrice munie d’un mégaphone félicitait les automobilistes qui se comportaient bien.
Mais un policier a jugé que la chose était illégale et a déclaré aux manifestants que, en vertu «du nouveau règlement», s’ils voulaient se déplacer, ils devaient «fournir un itinéraire» à la police, faute de quoi ils devaient manifester en bordure de la rue sans obstruer le trottoir. Le règlement P6 n’aurait pas été mentionné, mais tous les manifestants ont fait le lien entre l’affirmation du policier et le fameux règlement municipal.
[…] «Moi, j’ai décidé de continuer à marcher, mais le policier m’a dit d’arrêter. Je lui ai dit que nous n’avions pas de masque, qu’on respectait les feux de circulation. Il m’a dit qu’il fallait alors fournir un itinéraire. Je lui ai fait remarquer qu’on ne faisait que tourner sur les quatre coins de rue», raconte Mme Grenier.
[…] À la police de Montréal, on refuse de faire un lien entre l’intervention du policier et le règlement P6.
«Bien avant P6, on demandait aux manifestants s’ils avaient un itinéraire à nous fournir. Et de toute façon, si les policiers présents avaient voulu appliquer P6, ils n’auraient pas pu, puisque la décision d’appliquer le règlement se prend au niveau du commandement», explique le commandant Ian Lafrenière, de la police de Montréal. – David Santerre, La Presse, 2 mai 2013
L’une des mamans qui manifestaient ce matin-là, Marianne Giguère, précise – c’est dans Le Devoir -, qu’ils étaient plutôt 80 « manifestants » et que six policiers en voiture et à vélo sont intervenus. Elle ajoute que les policiers ont bel et bien invoqué le règlement R-6…
Moi, j’ai décidé de continuer à marcher, mais le policier m’a dit d’arrêter
De quel droit un policier peut-il interdire à un piéton solitaire – ou même à 12 piétons qui s’entendent pour le faire – de marcher en faisant 10 fois, cent fois ou mille fois le tour d’une intersection tout en respectant les feux de circulation? Tant qu’ils sont moins de 50…
Bien avant P6, on demandait aux manifestants s’ils avaient un itinéraire à nous fournir???
Bullshit.
Que le SPVM ait pu le demander avant l’entrée en vigueur de ce règlement P6 dont la légalité est d’ailleurs mise en doute, c’est bien possible, mais en l’absence de règlement à cet effet, personne n’avait l’obligation de fournir au préalable l’itinéraire de la manif projetée ou en cours.
Re-Bullshit; sans avoir le courage de nommer le règlement qu’il invoquait au soutien de l’exigence d’un itinéraire pré-annoncé, le policier a invoqué « le nouveau règlement ». Des nouveaux règlements qui exigent la divulgation d’un itinéraire, il n’y en a pas des tonnes.
Décidément, le commandant Ian Lafrenière tient mordicus à la réputation qu’il s’est donnée de dire n’importe quoi.
Et après ça, la police se demande encore pourquoi elle a perdu toute crédibilité au sein de la population.