Il y avait aucune raison qu’on laisse passer une bombe atomique partir de l’Ouest… qu’ils amènent ça dans l’Est, qu’ils passent ça chez nous. Il doit y avoir d’autres places au pays de passer des bombes de même. – extrait d’une entrevue que donnait Raymond Lafontaine à Louis Lemieux, de RDI, tôt le 7 juillet (à 5:10)
Lafontaine – un entrepreneur en construction – est connu comme Barrabas au Lac-Mégantic; la tragédie lui aura coûté un fils et deux belles-filles. Au cours de l’entrevue, il laisse tomber que, tout récemment, les trains circulaient alors même qu’il manquait quelques pieds de rail. Bof! Et comment le sait-il? C’est à son entreprise que l’exploitant de la voie ferrée avait confier le contrat de raboudinage…
Si vous avez un enfant, vous allez voir que ça fait mal en tabarnak! (à 6:10) Je suis défait par des événements qui auraient pu être évités. Évités. Parce que nos politiciens sont là pour nous protéger, ils nous protègent pas…, ajoutera-t-il encore.
Je sais à quel point ça fait mal. Je suis passé par là…
Un autre qui a vu et observé a noté la présence d’une végétation abondante entre les rails, sur ce même tronçon. Un signe de dégradation des dormants. L’indice d’un mauvais entretien. Je ne suis pas un spécialiste de la question mais que des racines – aussi ténues soient-elles – puissent s’installer entre les rails me paraît constituer un risque de déstabilisation du sol.
Après avoir examiné les photos aériennes de la scène – et Dieu sait qu’elles sont légion! – un officier du Musée ferroviaire s’interrogeait sur les locomotives: où sont-elles, demande-t-il? Heu… Pas de locomotives, pas de système de freinage? Heu… Comme par hasard, des témoins avaient vu les flammes lécher une locomotive à Nantes, la localité voisine; les pompiers de Nantes confirment avoir éteint les flammes.
Se pourrait-il – je pose la question sans pour autant détenir la réponse – que quelqu’un ait jugé bon de détacher les locomotives du reste du convoi, à Nantes, en raison d’un risque d’incendie et de la présence de millions de litres de matière inflammable?
Le convoi comportait 73 wagons-citernes remplis de crude oil, acheminé semble-t-il depuis le Dakota vers la raffinerie Irving au Nouveau-Brunswick. C’est lourd, 73 wagons-citernes. Pour la Irving, l’opération est très rentable: le prix du pétrole nord-américain se transige à rabais, si on le compare au Brent de la Mer du Nord.
Cette voie ferrée a sans doute été conçue, aménagée et construite par un plus gros joueur – le Grand Trunk (l’ancêtre du CN) ou le Canadian Pacific Railways. Un propriétaire qui se sera départi de ce tronçon quand il a cessé d’être rentable. Peu importe. Une chose est sûre, toutefois, c’est qu’il n’avait pas été aménagé pour transporter des convois de 73 wagons de produits inflammables, explosifs et toxiques en milieu urbain, sans la moindre surveillance humaine… À l’origine, les trains qui l’empruntaient devaient transporter du papier, du grain, du bétail, du bois? Et peut-être du minerai – inerte?
Rien, en tout cas, qui puisse détruire un centre-ville. Rien qui puisse détruire des vies. Rien qui puisse détruire des familles.