La colère des Frères Musulmans, passe encore.
Ils ont raison d’être en colère; c’est bien d’un coup d’état militaire qu’il s’agit ici. Et cette colère, il est tout à fait légitime de l’exprimer.
Le problème – et ça, les masses pleureuses n’ont pas de l’exercice de la démocratie une connaissance assez approfondie pour en être vraiment conscientes – c’est que après l’élection à la présidence de Mohamed Morsi dans un cadre qu’on pourrait qualifier de démocratique, le bonhomme a tordu le processus au profit des Frères Musulmans. Et il a ainsi perdu la légitimité à laquelle il aurait pu autrement prétendre…
Les M.T.R. – maladies transmissibles religieusement
Surtout que l’élection de Morsi sous la bannière du parti Liberté et justice [1] – reposait sur un malentendu: les Égyptiens n’avaient pas voté POUR le candidat Morsi, mais CONTRE son adversaire Ahmed Chafik, trop identifié au régime Moubarak dont il avait été le Premier-Ministre. Un régime à qui ils venaient de botter le cul dans la foulée du printemps de Tunis. Faut se rappeler aussi que malgré ce mépris généralisé à l’égard d’Hosni Moubarak, les Égyptiens étaient à ce point réticents à plébisciter indirectement la Muslim Brotherhood qu’ils ont donné à Mohamed Morsi un mandat plutôt timide, à moins de 52%.
Une partie de ceux qui avaient élu Morsi appartenaient – certes – à la mouvance islamiste et pouvaient évidemment s’accommoder de la Charia. Mais Morsi avait AUSSI reçu l’appui des progressistes et des séculiers, aux yeux desquels il n’était finalement qu’un moindre mal… surtout après qu’il eut cherché à gagner leur confiance par des promesses qu’il a répudiées au lendemain de son élection.
Le message de l’électorat était sans équivoque mais par sa façon de gouverner, Morsi a démontré qu’il n’y avait rien compris. Ou alors, qu’il était de mauvaise foi.
Ce qui a poussé le bon peuple dans les bras douillets et pleins de tendresse des militaires.
Alors oui, il y a eu coup d’état, mais entre le maintien au pouvoir d’un islamiste avéré et le renversement d’un gouvernement pourtant élu démocratiquement, la communauté internationale (lire: l’Occident) a préféré, de loin, coucher avec une Armée qu’elle sait capable d’abus et de sévices mais qu’elle estime néanmoins exempte de maladies transmissibles religieusement.
D’élection en coup d’État, l’Égypte vogue de moindre mal en moindre mal, sans jamais arriver à bon port.