L’héroïne des souffrants
Articulée et convaincante, Isabelle Gaston se rend disponible pour les médias. Trop, diraient certains. Mais les journalistes l’ont mise sur le speed dial. Dès que se produit un drame familial, hop là, on présente un micro au docteur Gaston. Mais on doit se rappeler que nous sommes avant toute chose, en présence d’une femme qui a vécu le summum de l’horreur et qui souffre encore. Pas d’une critique impartiale en matière de justice. La souffrance est souvent mauvaise conseillère.
Peut-on lui suggérer, avec tout le respect possible, un peu plus de pudeur et de retenue?
Son geste mardi à la commission a mis bien des gens mal à l’aise. On la sentait très fragile. Si certains disent qu’elle est une sainte, elle n’a pas à devenir une martyre. – Lise Ravary, Journal de Montréal, 28 mars 2013
Les trop nombreuses interventions d’Isabelle Gaston créent un malaise, titrait alors Lise Ravary. Il y a le nombre et la nature des interventions, et il y a – malheureusement – la qualité de leur contenu.
Pensée magique?
« Je ne vois pas comment ça pourrait faire autrement que d’avoir un nouveau procès« , déclarait-elle après les plaidoiries devant la Cour d’appel, ce 30 septembre.
C’est quoi, déjà, la profession de la dame? Ah oui, j’me souviens: urgentologue… Qu’une urgentologue puisse se laisser envahir par la pensée magique et puisse faire preuve d’un jugement et de réflexes aussi déficients, ça ne me rassure pas vraiment sur les capacités de la dame d’exercer sa profession.
Comment réagira-t-elle en salle d’urgence devant un enfant qui pourrait présenter les symptômes d’une affection requérant des soins immédiats et suivis? Va-t-elle nier l’évidence et retourner cet enfant chez lui sous prétexte que – pensée magique oblige – il ne faut surtout PAS poser ce diagnostic qui risque de chagriner les parents?
La Cour d’appel, ça ne carbure pas aux émotions. Désolé, madame Chose, vous qui courez après les journaleux pour offrir vos larmes en pâture à leurs micros. Et désolé, messieurs/dames les journaleux de l’ethnie Québecor, vous qui tendez le crachoir à la dame sans vous soucier du tort incommensurable que votre course au sensationnalisme risque de causer non seulement à Isabelle Gaston mais à ses proches.
À vrai dire, ça me dégoûte.
«Il est vraiment dangereux. En aucun temps il a perdu le contact avec la réalité, il savait très bien ce qu’il faisait», a indiqué l’oncle des petites victimes, Patrick Gaston, dans une entrevue à LCN lundi matin.
C’est aussi l’avis de la Couronne qui souhaite que le verdict de non-responsabilité criminelle rendu contre Guy Turcotte il y a deux ans soit cassé. – Agence QMI, Le Journal de Montréal, 30 septembre 2013
Minute, moumoute, c’est du droit, et le droit n’est pas affaire d’émotions! J’y reviendrai plus loin
Les émotions d’Isabelle, les profits de Québecor
Je me suis commis sur les pages du Hournalle de Mourial, et je me permets de citer ici l’essentiel de mes interventions; pourquoi, en effet, devrais-je réinventer la roue?
Je comprends la douleur des membres de la famille Gaston et leur haine viscérale à l’égard de Turcotte,
En revanche, l’étalage de cette haine et de cette douleur, et l‘exploitation que font les médias des sentiments de la famille Gaston et en particulier les émotions exprimées par la mère des petites victimes, c’est une forme de voyeurisme. C’est indécent. Et c’est contraire aux intérêts de la famille Gaston.
L’opinion que peut avoir la famille Gaston en 2013 sur l’état mental de Turcotte en 2009, la Cour d’appel n’en a rien à cirer. L’opinion de « mononc Patrick » sur l’état mental de Guy Turcotte au moment du double meurtre, la Justice n’en a rien à cirer. Est-ce de l’indifférence? Pantoute!
Les émotions de la mère, ça fait peut-être de la bonne copie pour les journaux mais à terme, ça n’aidera pas Isabelle Gaston, bien au contraire.
Vivre le deuil de son propre enfant, je sais ce que c’est; je suis déjà passé par là, avec en prime le deuil de deux petits-enfants. Brasser et rebrasser les mêmes images d’horreur pendant plus de 4 ans, croyez-moi, c’est pas l’idée du siècle!
Et c’est justement de ça dont je me préoccupe pour l’instant. De ça, et de la paranoïa qui a entouré le verdict et qui risque d’entourer la décision de la Cour d’appel si jamais cette décision ne satisfait pas le bon peuple…
Je trouve vraiment dommage que les médias accordent une telle importance à l’opinion profane de la maman et de sa famille; leur frustration n’en sera que plus grande quand ils verront que la Cour d’appel doit faire avec le dossier tel que constitué. La Cour d’appel va devoir décider en fonction des expertises et des témoignages au dossier, et à ce stade-ci, elle va devoir se demander si, compte tenu de la preuve entendue par le juge, il a donné aux 12 jurés des directives adéquates et les a bien orientés sur l’état du droit avant qu’ils rendent leur verdict.
Dans le cadre d’une entrevue avec un individu comme Turcotte, par ailleurs, un psychiatre expérimenté peut sans doute parvenir à décoder le non-verbal et à tirer des conclusions d’un regard fuyant, d’une réaction nerveuse, des tics, de la salivation, de la sueur, etc.
Cette science a pour nom la synergologie. Tout au long de ma carrière de plaideur je ne savais pas que ça s’enseignait mais si avec un peu d’expérience un avocat peut apprendre à décoder ces indices, raison de plus pour un psychiatre d’y parvenir, lui dont c’est la spécialité de sonder les âmes!
C’est du droit, joualvert!
La décision que va devoir rendre la Cour d’appel ne sera pas une réponse à l’appel du pied lancé par le clan Gaston; ce sera la réponse à trois questions bien précises, que comportait le mémoire en appel préparé par le bureau des substituts du Procureur-Général du Québec:
1. Le juge du procès a-t-il erré en droit en donnant ouverture au verdict de non-responsabilité criminelle pour cause de trouble mental?
2. Dans ses directives au jury, le juge du procès a-t-il insuffisamment et inadéquatement instruit le jury sur la notion de «trouble mental» au sens de l’article 16 du Code criminel
3. Dans ses directives au jury, le juge du procès a-t-il manqué à son devoir de passer en revue les parties essentielles de la preuve, et de faire le lien entre les éléments de preuve pertinents à la défense de troubles mentaux et le droit applicable en matière de non-responsabilité criminelle?Selon le ministère public, même si tous les experts ont conclu à un trouble d’adaptation chez l’ex-cardiologue, ce n’est pas cette condition qui explique le meurtre de ses deux enfants, mais la combinaison de plusieurs facteurs, dont son intoxication au méthanol, alors que Guy Turcotte avait ingurgité du liquide lave-glace dans le but de se suicider.
Or, l’intoxication, sur le plan juridique, ne permettrait pas de conclure à un verdict de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux. – La Presse Canadienne (dans Le Devoir), 30 septembre 2013
C’est le 30 novembre 2011 que la Cour suprême a tranché un question qui avait fait l’objet de décisions contradictoires jusque là. Il s’agit de la décision rendue dans le dossier Tommy Bouchard-Lebrun, quelques mois à peine après le verdict du jury dans le procès de Guy Turcotte [1].
Je répète, TOUS les psychiatres qui ont témoigné au procès de Guy Turcotte, que ce soit pour la défense ou au soutien de l’accusation, étaient unanimes sur le diagnostic d’un trouble d’adaptation; le jury devait toutefois se demander si un simple (?) trouble d’adaptation peut suffire à expliquer les gestes scabreux posés par Turcotte, et si, d’autre part, l’intoxication du Dr Turcotte au méthanol n’aurait pas largement contribué à lui faire perdre TEM-PO-RAI-RE-MENT conscience de ses actes.
Au procès, les opinions des experts étaient partagées sur les effets du trouble d’adaptation. Il est par ailleurs plutôt inusité que la Couronne cherche aujourd’hui à démontrer que l’intoxication au méthanol a largement affecté le degré de conscience qu’avait Turcotte de ses actes, alors que, au procès, elle avait plaidé le contraire! C’est un jugement rendu sur la non-recevabilité d’une défense d’intoxication APRÈS LE JUGEMENT TURCOTTE par la Cour suprême du Canada qui explique ce revirement à 180 degrés. Et Me Poupart, l’avocat de Turcotte, a aujourd’hui beau jeu pour plaider que la Couronne n’a pas le droit d’invoquer en appel un argument que non seulement elle n’avait pas invoqué en première instance mais que, pire, elle avait combattu!
Alors qu’en appel, la couronne affirme que les crimes ont été causés en grande partie par l’intoxication au lave-vitre, au procès, elle tentait de démontrer que l’intoxication de Turcotte était minime.
En effet, son but était que le jury puisse en venir à la conclusion que Turcotte n’était pas intoxiqué au point de ne pas pouvoir préméditer les meurtres. Sans la préméditation, Turcotte aurait en effet bénéficié d’une peine moins sévère.
De plus, la défense allègue que la couronne n’a pas contesté le caractère de vraisemblance de la défense de non-responsabilité en première instance et qu’elle ne peut pas changer de stratégie en appel en la contestant soudainement. – Me Julie Couture, Droit Inc, 30 septembre 2013
La Couronne n’a pas particulièrement bien paru: On pourrait même dire qu’elle a gaffé au procès.
La juge en chef de la Cour d’appel, Nicole Duval-Hesler, a toutefois noté que la Couronne ne s’était pas opposée au moment du procès, mais Me Pennou [NDLR: le représentant du ministère public devant la Cour d’appel], tout en admettant l’erreur, a répliqué que l’erreur de la Couronne ne cautionnait pas celle du juge et que celui-ci avait quand même commis une erreur en droit.
Prenant à son tour la parole, l’avocat de Guy Turcotte, Me Pierre Poupart, a d’abord rappelé que la Cour d’appel devait à tout prix éviter de devenir un 13e juré et que la Couronne ne pouvait pas simplement se reprendre en deuxième instance après avoir manqué son coup en première instance.
C’est mon opinion personnelle – mais pas tout à fait profane! – que la Cour d’appel fera bénéficier Guy Turcotte des règles d’équité procédurale. Me Poupart a dessiné sa stratégie en fonction du déroulement du procès, et non pas en fonction de l’orientation qu’un procureur moins erratique aurait pu donner à la preuve de la Couronne.
Est-ce que le juge devait intervenir au procès et rabrouer la Couronne pour son erreur tactique, si tant est qu’une telle erreur ait été susceptible d’être décelée au moment où elle aurait été commise? Non seulement Me Poupart a-t-il raison de plaider que les juges de la Cour d’appel ne sont pas un 13e juré, mais il aurait pu ajouter que le juge n’a pas à se substituer à l’avocat de la Couronne s’il le voit commettre une gaffe.
Cela dit, je n’étais pas présent au procès, je n’ai entendu ni les témoins, ni les plaidoiries, ni les directives du juge au jury, et je ne puis que me fier aux compte-rendu; la Cour d’appel disposera de meilleurs outils pour rendre jugement.
Comment ça marche?
Encore une fois, je me permettrai ici d’adapter un commentaire dont j’ai donné la primeur au Hournalle de Mourial. Un certain 123Allo m’avait fait une réponse dont je cite un court extrait: [Guy Turcotte] n’avait pas à être parfait mais juste à semer un doute dans la tête du psy.
Ma réponse ratisse large et elle pourra en étonner plus d’un…
Le « doute raisonnable », c’est pas au niveau de l’évaluation que ça joue, mais au niveau du verdict. Le témoin expert est, comme son nom l’indique, à la fois un témoin et un expert.
Et il doit en principe témoigner non pas ce qu’il veut voir, mais de ce qu’il a constaté selon ce qui lui semble le plus plausible sur le plan scientifique.
En principe. En pratique, les avocats savent choisir leurs experts en fonction de l’opinion qu’ils attendent d’eux. Dans une cause de responsabilité civile, l’avocat du demandeur choisira un orthopédiste connu pour sa « générosité » dans l’évaluation du préjudice; au contraire, l’avocat du défendeur fera appel à un orthopédiste plus parcimonieux. À tel type de blessure correspond un certain éventail reconnu par l’ensemble du corps médical, disons par hypothèse « incapacité entre 5 et 8% ». Comme avocat, si je voulais un rapport d’expert qui donne 8 à 10%, je savais à qui m’adresser; tout comme je savais quels orthopédistes contacter si je voulais que mon témoin-expert dise « 4 à 5% ».
Pour le reste, bien sûr, ils sont capables de justifier leurs conclusions dans un sens ou dans l’autre et le juge va devoir choisir en fonction de la qualité APPARENTE des explications écrites et des témoignages. APPARENTES, pcq bien sûr, un juge n’est pas un médecin, il doit se fier sur ses impressions.
Mais le jugement rendu se doit néanmoins d’être motivé, genre: « si je préfère l’opinion du Dr X, c’est pour telle raison… »
Au criminel, les jurés ne PEUVENT PAS expliquer pourquoi ils ont préféré la version du psychiatre X à celle de son collègue Y. La seule chose qui reste pour permettre à une cour d’appel de rendre sa propre décision, c’est la qualité des directives données par le juge aux jurés. Il y a des normes très strictes…
L’incidence de la décision Bouchard-Lebrun sur les délibérations de la Cour d’appel
Isabelle Gaston a donné une entrevue à Anne-Marie Dussault dans le cadre du 24/60. Elle y confesse son ignorance du droit – ce qui ne constitue pas vraiment une surprise.
Toutefois, elle ne s’en pas moins autorisée à évaluer la performance des plaideurs devant la Cour d’appel, et bien sûr, elle est d’opinion que le procureur de la Couronne a mangé tout rond l’avocat de la défense.
Encore du wishful thinking. Et encore une fois, Isabelle Gaston s’expose ainsi à d’atroces et inutiles souffrances le jour où elle chutera en bas de son nuage ouaté.
Mais là, c’est le Réseau Radio-Canadien de l’information et je note chez Anne-Marie Dussault [qui est elle-même avocate] une volonté de désamorcer les faux espoirs de son interlocutrice.
Dussault recevait également en entrevue Me Véronique Robert, cette criminaliste qui avait plaidé l’affaire Bouchard-Lebrun devant la Cour Suprême et qui est sans doute mieux placée qu’Isabelle Gaston pour mesurer les différences entre les faits de l’affaire Turcotte et les faits de l’affaire qu’elle avait plaidée en 2011.
La différence est de taille: avant de choisir de s’intoxiquer par la drogue, et contrairement à Turcotte, Tommy Bouchard-Lebrun ne souffrait d’aucun désordre mental. Parce qu’elle comprend le droit comme elle veut bien le comprendre, madame Gaston estime que la Cour d’appel va devoir appliquer à Guy Turcotte les principes dégagés dans Bouchard-Lebrun.
Pari risqué, surtout que, encore une fois, la madame semble mettre tous ses oeufs dans un panier dont la Cour d’appel lui dira peut-être qu’il était percé.
Je doute que ce soit là la meilleure manière de gérer cette douleur immense qui l’habite; bien au contraire, et sans le vouloir, elle jette de l’huile sur le feu qui la ronge.
Et c’est à pleurer.
Pourquoi tu défends toujours les criminels, toi??? à ce que je sache, ce n’est pas illégal de demander un nouveau procès pour une affaire quelconque!!!
« Cruche hier, cruche aujourd’hui, cruche demain », répétait le père Ovide dans l’oeuvre de Claude-Henri Grignon.
Ce n’est pas le crime, ni le « criminel », que je défends. C’est le principe de droit. Et derrière le principe, c’est l’état de droit, fleuron de cette belle civilisation judéo-chrétienne que tu prétends défendre alors que ce que tu défends, c’est l’arbitraire.
Jusqu’à preuve du contraire, Guy Turcotte n’est PAS davantage un criminel que toi tu le serais si tu avais commis les mêmes gestes sous hypnose ou pendant un épisode de somnambulisme.
= = =
Et dis-moi, grosse gallinacée pas de tête, où, quand et en quels termes j’aurais affirmé qu’il est illégal de demander un nouveau procès?
C’est légitime pour la Couronne de faire la démarche mais contrairement à toi qui te pavanes de ton ignorance crasse, j’ai – moi – une idée assez précise de la règle de droit et des obstacles auxquels fait face la Couronne, compte tenu du droit applicable.
Mais peut-être parles-tu du droit d’Isabelle Gaston de demander un nouveau procès? Si c’est ça, tête de noeud, sache que le Québec n’est pas la France et qu’il n’existe pas ici de « partie civile » dans le cadre d’un procès criminel. À vrai dire, Isabelle Gaston n’a AUCUN droit, et compte tenu du fait qu’elle est mue par les émotions plutôt que par la raison, mieux vaut qu’elle n’ait pas un crisse de mot à dire.
Mais peut-être veux-tu parler du droit de la famille Gaston d’exprimer ses émotions? Ce droit-là, il existe. Mais tout ce qu’elle réussit à faire, c’est un peu comme de l’auto-mutilation.
Elle est majeure et vaccinée; si elle veut s’enfoncer un poignard dans le coeur et si elle se complaît dans sa propre souffrance, c’est son affaire. Mais là, elle se donne en spectacle et ça devient indécent. Voilà…
Et si c’est un effet cathartique qu’elle recherche, désolé, mais elle aurait avantage à consulter. Re-voilà.
«Isabelle Gaston n’a AUCUN droit»
Pourquoi tu penses que Boisvenu veut faire changer la loi en ce sens???
@Proulx
Ni toi ni Boisvenu n’avez compris la différence entre le droit public et le droit privé.
DROIT PRIVÉ: La Gaston aurait pu poursuivre le Turcotte pour la perte de la présence et de l’affection de ses enfants. Avec son argent à elle. Évidemment, c’est pas ça qui va lui rendre les deux p’tits. Et j’ajoute que l’indemnité serait de toutes façons tellement basse que bof…
DROIT PUBLIC: dans une poursuite criminelle, c’est l’État qui attaque l’accusé. Pas parce que l’accusé a pété une vitre de madame Chose, mais parce que en pétant la vitre il a rompu la paix sociale et défié l’ordre public.
Dans ce processus, la victime est comme un instrument que va utiliser l’État. C’est l’argent de l’État qui est ici en cause. C’est l’État qui fournit l’avocat, la salle de Cour, les interprètes, greffiers, les jurés, la prison, le personnel carcéral, les psys et autres intervenants qui vont travailler sur la réhabilitation, etc. La victime, elle, ne fournit que l’événement qui va éventuellement servir de point de départ.
Tu vas me dire que dans une poursuite civile entre Papitibi et Jean-Luc Poche, l’État fournit le juge, le greffier, la salle d’audience. Right. Sauf que le justiciable paie des frais de greffe pour chacune des étapes du procès. Je dis pas que le principe de l’utilisateur-payeur est respecté à 100% mais…
Dans une instance criminelle, c’est l’État qui choisit s’il va poursuivre ou non. C’est lui qui décide de l’éventail de punition pour l’accusé trouvé coupable, alors que dans une poursuite civile, la condamnation aux dommages est faite en fonction des dommages; tu reçois une balle dans la tête, tu poursuis ton agresseur et si par miracle t’as aucune séquelle, tu recevras pas grand chose en guise d’indemnité. En droit privé, tu prends action, TU es le centre de l’affaire. En droit criminel, tu es blessé, l’État fait condamner l’agresseur non pas en fonction de TES besoins, mais en fonction des besoins de la société en général.
Et je le répète encore une fois, il serait malsain de permettre à la victime de décider de la peine que devra purger l’accusé. Pourquoi? Parce que la victime est dirigée par ses émotions et on peut difficilement la croire impartiale.
La victime recherche tout naturellement la vengeance; l’appareil judiciaire, lui, a d’autres objectifs.
Vengeance et justice sont deux concepts incompatibles entre eux. En matière de justice civile, la victime n’obtient pas vengeance, elle obtient RÉPARATION. Ou compensation, plus ou moins adéquate, pour le dommage subi; et bien sûr, un enfant qui meurt ça n’a aucune valeur quantifiable et la perte d’un enfant ne se « répare » pas.
Toi qui prétends défendre bec et ongle notre civilisation judéo-chrétienne, pourquoi invoques-tu la loi du tallion pour soulager la victime? Dans la tradition chrétienne, Dieu n’est-il pas miséricorde???
En matière de justice pénale et criminelle, l’État doit chercher à empêcher le contrevenant de récidiver et quand il impose une peine exemplaire pour certains délits, c’est pour dissuader les imitateurs en puissance de faire pareil.
Period!!!
Parfois je me demande si ton trip ne serait pas que le Québec copie la réforme de la grosse Taubira en France: http://www.dreuz.info/2013/10/cecile-bourgeon-la-mere-de-la-petite-fiona-va-etre-remise-en-liberte/
Et après, tu reviendras me parler de la moralité de la gauche et de l’aptitude de celle-ci à servir la Justice!!!
Proulx,
Pour in conservateur ou un republicain justice veut dire vengeance.
Il s’agit de l’article le plus clair et objectif que j’ai lu sur l’affaire Turcotte. C’est cette information qui est pertinente pour avoir « un public bien informé ».
J’en suis venue antipathique à la cause Gaston avec ce brassage médiatique à la carré rouge. Sur les réseaux sociaux, je ne lis que des menaces de morts et de vengeance à l’endroit de M. Turcotte… En résumé ça se lit comme suit: ‘ »T’avais pas le droit de tuer alors je vais te tuer. » Jolie polémique de bas étages.
Est-ce que M. Turcotte pourrait être un danger s’il se retrouvait dans la même situation, durant sa liberté jusqu’en 2015? Non, il serait hors de doute un malade mental incurable à répéter une relation de mépris dominante-dominé. Ok ces dernières lignes étaient subjectives…
Ceci dit, mon coeur est avec les deux petits. Justice se fera, mais de grâce, pas la vengeance.
@ Jo
Merci.
Il est certainement possible d’éprouver de la compassion pour ces enfants qui ne sont plus, et aussi pour les deux familles, sans pour autant crier vengeance. Isabelle Gaston a perdu gros. Est-ce pour autant nécessaire de qualifier les grands-parents Turcotte et l’ensemble de la famille Turcotte de monstres, au motif qu’ils apportent leur soutien à Guy T?
Personne ne pourra m’accuser d’être sourd à la douleur d’Isabelle Gaston. J’ai moi-même été durement éprouvé, pour avoir perdu dans un accident d’automobile ma fille, son conjoint et leurs deux enfants. Alors non, je ne suis pas sourd.
Je puis publier sur mon blogue un billet clair, objectif et pertinent; s’il n’est lu que par 1000 personnes, ça ne suscitera pas une vague de fond dans l’opinion publique… Ce qu’il faudrait, c’est un effort plus grand de la part des médias
a) pour informer correctement, à la lumière du droit et de la science (psychiatrie)
b) pour limiter le dérapage citoyen et ces appels à la vengeance et à la haine.
À cet égard, la Presse a mieux fait que les journaux-à-Péladeau, dont le populisme suffit largement à me tenir loin du PQ malgré ma profession de foi souverainiste… Radio-Can a également fait des efforts louables, avec ses entrevues à RDI (surtout… et peu regardé!) avec Me Danielle Roy ou des juges à la retraite.
Je peux mesurer l’ampleur du vide de la perte de votre femmes et enfants. Je trouve admirable que vous soyez toujours en vie… Mes sympathies.
En effet, la famille Turcotte est aussi victime mais surtout légitime de d’entourer G.T., brebis égarée…
D’ailleurs, la couronne fait appel pour réviser la décision de la Cour Supérieur sur sa remise en liberté jusqu’en 2015. À mon avis ce ne peut qu’être politique afin de calmer les remoues, car réussir à renverser une 2e décision d’un juge dans le même dossier, il est vrai que je commencerai à douter de la crédibilité de nos tribunaux. La décision de la Cour était solidement supportée, même la 3e condition pour un public bien informé… Alors? On renverse la décision ou on informe le public? Qui décide que la couronne peut faire le clown avec mon argent (impôts des contribuables) à faire appel? C’est un vrai cirque. Donnez donc cet argent en support aux victimes. C’est bien ça qu’I.G. voulait, de l’argent?
@ Jo 01h08
On accuse ici les juges et avocats d’élitisme et de condescendance, alors qu’ils ne font rien de plus qu’appliquer une règle jurisprudentielle bien établie et qui repose d’ailleurs sur des bases solides.
Non, le critère, ça n’est pas l’opinion de ces masses tourmentées par la soif de vengeance; le critère, c’est celui du citoyen lambda raisonnablement informé.
Est-ce une insulte à la démocratie? Non.
Et pourquoi? Parce que le droit essaie d’éviter les conclusions arbitraires. Or, il n’y a rien de plus aléatoire et plus arbitraire que l’opinion d’une foule qui confond OPINION et INFORMATION, et qui croit trouver LA Vérité là où d’habiles manipulateurs veulent bien l’amener. Guy Turcotte a fait l’objet d’un lynchage sur la place publique, par une foule guidée davantage par la vision d’horreur des 46 coups de couteau au corps des deux enfants que par la preuve déposée au procès.
= = =
Dans les heures qui ont suivi le dépôt du jugement ordonnant la libération de Turcotte, le procureur de la Couronne (Me René Verret) avait fait preuve d’une grande retenue; peut-il encore, dans les circonstances, obtenir la permission d’en appeler? À mon avis, la Cour lui accordera cette autorisation. Pourquoi? Parce que la requête soulève un argument fondé sur du droit nouveau. C’est là un critère important quand il est question d’autoriser un appel.
Dans un deuxième temps, la Cour d’appel se prononcera sur le bien-fondé de l’appel; ça viendra plus tard mais puisqu’il y a urgence, ça devrait venir rapidement. La Couronne soulève que le juge Vincent a donné une importance démesurée à l’argument basé sur « les moyens de défense » de Turcotte.
En principe, une Cour d’appel n’a pas à se demander si elle aurait rendu le même jugement; elle doit simplement se demander si le jugement dont il est fait appel était raisonnable, compte tenu du droit, et si le juge a vraiment fait le tour des arguments.
Et à mon avis, le jugement Vincent n’est PAS entaché d’erreur, ce qui ne veut pas dire qu’un autre juge n’aurait pas pu rendre une décision contraire. Vincent me paraît avoir analysé et sous-pesé TOUS les arguments qui lui ont été soumis, et sa conclusion ne me semble pas pouvoir être qualifiée de déraisonnable.
Si la Cour en arrive à cette conclusion, ça va encore japper… Et pourtant on ne parle pas ici d’un verdict, mais d’une libération provisoire. Or aussi longtemps qu’il n’aura pas été trouvé coupable, Turcotte peut encore bénéficier d’un verdict de non responsabilité criminelle pour cause d’aliénation passagère. Turcotte étant passé aux aveux, par contre, on ne peut plus parler d’acquittement.
Et si le verdict du premier procès devait être répété au deuxième, alors rien ne justifie qu’il demeure à Pinel si preuve était faite de sa guérison. Voilà qui confère au jugement du juge Vincent un caractère de « raisonnabilité » suffisant pour le mettre à l’abri d’un renversement. Opinion d’un juriste qui en a plaidé quelques unes, des requêtes pour permission d’appeler; je sais sur quel clou je devais frapper si je voulais gagner.
Papitibi, tu dois être bouddhiste pour faire preuve d’une telle distanciation. Tu es un être réalisé, qui a tout compris, tout saisi, et nous, nous sommes des cruches pleines d’émotion. La loi passe avant l’individu, mais je dois quand même te dire que j’ai plus confiance aux paroles d’un être réalisé qui est passé plusieurs milliers d’années avant toé et qui prêchait complètement le contraire.