Le chèque ci-dessus, émis par Arthur Hamilton [avocat du Parti Conservateur] en remboursement des honoraires encourus par Mike Duffy, porte la date du 3 avril 2013. Le mémo de transmission du chèque portait la mention Re: Agency Matter. Très explicite, n’est-ce pas? On dirait presque que l’expression sert à occulter kek chose!
Le 13 février 2013, Stephen Harper lui-même a demandé à Duffy de rembourser.
Deux semaines plus tard, le 28 février, le Sénat enclenche une vérification juricomptable des dépenses réclamées par les sénateurs Mike Duffy, Pamela Wallin, Mac Harb et Patrick Brazeau. Après une série de tractations épiques, Duffy rembourse au Gouvernement du Canada, en mars 2013, les 90172$ qu’il avait perçus en trop. Ici, ce sont les dates qui importent: au moment où Arthur Hamilton – l’homme qui parle à Dieu le père – transmet un chèque en remboursement de la note de frais d’avocats de Duffy, Stephen Harper – le PM qui contrôle tout et qui sait tout – ne peut pas ignorer que Duffy a triché, ni ne peut ignorer qu’il est sous enquête et qu’il risque de s’ouvrir la trappe. A-t-il cherché à acheter son silence?
Les frais réclamés par Mike Duffy au Sénat incluaient, entre autres, les déboursés qu’il avait encourus alors qu’il faisait campagne pour les Conservateurs à l’occasion du scrutin tenu le 2 mai 2011.
It’s known that Duffy appeared at events for various Conservative candidates across the country during the [ndlr: 2011] election. Senate rules are explicit that senators cannot claim expenses from the Senate when they are campaigning. – CBC News, 28 mai 2013
On ne se surprendra guère, dans les circonstances, que le cabinet du Premier-Ministre – que dirigeait alors Nigel Wright, ait remboursé les 90172$ perçus en fraude, et que l’avocat du Parti ait payé les frais d’avocat de Duffy à même les fonds du Parti; après tout, on ne va pas laisser tomber ces amis qui ont fait campagne pour nous… à même les fonds publics.
On ne les laissera pas tomber – à la condition qu’ils acceptent de porter le blâme et témoignent de la bonne foi du Comte von Krolock de l’Empereur von Harper [1].
Nigel Wright avait accepté de jouer le rôle du goujat; en échange, Von Harper avait mitraillé – du moins jusqu’à ces dernières heures – que Wright avait agi sans en parler à quiconque, qu’il avait accepté le blâme et offert sa démission. Malheureusement, Thomas Mulcair a obtenu des aveux de Stephen Von Harper: alors que ce dernier jurait le 5 juin que Nigel Wright agi seul, avait informé « a few people » – mais pas le Premier-Ministre! – et lui, Stephen Von Harper, avait congédié Nigel Wright!
Dans cette même entrevue, le premier ministre a changé sa version de l’affaire Duffy. M. Harper soutient dorénavant que son ancien chef de cabinet, Nigel Wright, a été «congédié» après qu’il eut fait un chèque de 90 000 $ au sénateur Mike Duffy pour qu’il rembourse ses dépenses inappropriées.
Cette affirmation est en contradiction avec la version qu’il donnait jusqu’à maintenant, soit que M. Wright avait reconnu son erreur en faisant le chèque et avait démissionné. – La Presse Canadienne, 28 octobre
Ce qui ne l’empêche pas d’affirmer haut et fort, quelques heures après s’être mis les deux pieds dans la bouche, qu’il n’a jamais changé sa version. Sauf que, désormais, Harper – qui sait s’être empêtré – refuse de dire en Chambre si Nigel Wright a démissionné ou s’il a été congédié. Quelle jouissance pour un litigator comme Mulcair que cette question plantée dans le cou de sa victime: Lire la suite