Gilles Vaillancourt était connu pour être indélogeable, et il était indélogeable parce qu’il était connu; c’est ce principe qui avait fait les beaux jours des concepteurs d’une vieille pub pour la saucisse Hygrade.
Tout le monde en mange parce qu’elle est plus fraîche, et elle est plus fraîche parce que tout le monde en mange!
L’engouement pour cette saucisse a passé, mais on parle encore du syndrome Hygrade pour décrire ce genre de cercle très vicieux – du moins à la mairie de Laval…
À lui seul, le gros Coderre est plus connu du grand public [lire: de l’électorat montréalais] que les 10 autres candidats à la mairie réunis. Il avait pris l’habitude de twitter sur tout et sur rien, au risque d’ailleurs de passer pour LE twit des twits. Il était devenu le Roi de Montréal-Nord. Et quoique ce fut là plutôt inconvenant, il faisait campagne pour le poste de maire depuis des années, profitant de sa tribune de député grande-gueule bien au-delà du seuil de la décence la plus élémentaire.
Les tendances ont tendance à s’accélérer!
En politique, il suffit d’observer une tendance pour qu’elle bénéficie d’un phénomène d’accélération.
À Montréal, Coderre semble avoir fait le plein de ses appuis. Un premier sondage le donnant gagnant avec 39% des intentions de vote; un second le donne gagnant à 41%. C’est comme faire du sur-place, compte tenu des marges d’erreur.
Richard Bergeron était second à 23%, il est troisième à 21%; encore une fois, c’est une campagne qui SEMBLE piétiner. Le candidat jouit d’une bonne notoriété, lui qui avait terminé troisième en novembre 2005 et de nouveau troisième en novembre 2009, avec, cette fois, le vent dans les voiles et une part respectable de 25,6% des suffrages au poste de maire. Docteur en aménagement du territoire, sa formation en urbanisme aurait dû le propulser au firmament des étoiles municipales. L’homme a des idées mais ses idées repoussent l’électorat dit conservateur. Et il ne semble pas destiné à améliorer son score de 2009. Dommage, car il a du coffre; son parti, toutefois, pourrait faire des gains au niveau des arrondissements.
Marcel Côté – envers lequel j’entretiens des sentiments ambivalents [1]? La gaffe des robocalls, et surtout la manière avec laquelle il a cherché à la maquiller, lui a fait perdre en une semaine 50% des appuis déjà fort modestes dont il jouissait dans l’opinion publique. Non, Monsieur Côté, ça n’était pas qu’un simple sondage: c’était une campagne de salissage, indigne de cet intellectuel posé et rassembleur dont vous cherchiez à vous donner l’image. Votre chien est mort; Coalition Montréal ne se relèvera pas.
La campagne de Mélanie Joly a mis du temps à décoller. Elle avait recruté un seul candidat – un candidat de prestige, par ailleurs, mais Jean Fortier lui a fait faux bond il y a moins de deux mois:
Le seul candidat annoncé de Mélanie Joly à l’élection de novembre, Jean Fortier, quitte le navire. L’homme dit craindre de voir la candidature de la jeune avocate simplement diviser le vote. – Pierre-André Normandin, La Presse, 19 août 2013
Jean Fortier n’était pas n’importe qui; après tout, il avait été président du comité exécutif sous Pierre Bourque. Mais, on s’en souviendra, le maire Géranium Premier n’a pas laissé que de bons souvenirs à la tête de la ville. Sa défection n’aura peut-être pas été une si mauvaise chose pour Mélanie Joly, finalement…
Mélanie Joly n’avait pas réussi à se faire inviter aux différents débats opposant les candidats dits de prestige, les Bergeron, Coderre et Côté; on la tenait pour quantité négligeable. Jusqu’à ce que le charme commence à opérer. On l’a vue, notamment, aux Deux hommes en or de Télé-Québec; auditoire infinitésimal , mais performance magistrale. Elle dégage, la jeune dame. Et elle inspire. N’est-ce pas elle que Justin Trudeau avait mandatée pour gérer sa campagne à la chefferie du PLC pour le Québec?
Contre toute attente, un sondage publié le 7 octobre, lui accorde 16% des intentions de vote, un tout petit point derrière Marcel Côté. Désormais, Joly sera donc invitée à participer aux débats publics entre les candidats. Le premier a lieu le 9 octobre et il est diffusé en direct à Radio-Canada; solide performance pour Mélanie Joly…
Un deuxième sondage, réalisé le 16 octobre par une autre maison, pour le compte d’un autre média, accorde déjà la deuxième place à Mélanie Joly, avec 24%. Certes, les méthodes et les questions ont pu différer d’un sondeur à l’autre, mais la tendance est palpable.
La grande surprise dans ce sondage, c’est l’ascension fulgurante de Mélanie Joly. Il y a neuf jours, un sondage du Journal de Montréal la plaçait à 16% dans les intentions de vote des Montréalais. – Karim Benessaieh, La Presse, 16 octobre
Le ver d’oreille
Je vais donc risquer ici quelques prédictions.
- Coderre a fait le plein de ses appuis; je ne crois pas que les partisans d’une autre formation puissent glisser vers l’équipe Coderre – du moins, pas pour le poste de maire.
D’aucuns lui reprocheront – et ils n’ont pas complètement tort – d’avoir récréé une nouvelle Union Montréal, cette formation honnie qui s’était – en principe – sabordée et dont la majorité des anciens matelots rame désormais avec Coderre.
D’autres lui font reproche de sa vacuité; cette réputation de tête vide est probablement surfaite, et compte-tenu du rôle de chef d’orchestre que doit jouer le maire d’une ville de cette taille, il suffira à Coderre de savoir manier la baguette et de faire un choix judicieux de ses premier-violon et autres solistes; à cet égard, je crois qu’il a su s’entourer.
Coderre, ou bien les gens l’adorent pour son entregent, ou bien ils le haïssent, comme on peut haïr le chiendent et les mauvaises herbes qui poussent partout. Que 40% des Montréalais puissent souhaiter en faire leur maire ne signifie pas pour autant que les 60% qui restent seraient prêts à toutes les bassesses pour lui bloquer le chemin. Mais puiqu’il est donné si largement gagnant, il est loin d’être acquis que le taux de votation de ses partisans sera très élevé. Danger, donc…
- Par application du théorème voulant que les tendances ont tendance (!) à s’accentuer, et puisque Mélanie Joly n’a eu besoin que d’à peine une semaine pour effectuer un bond en apparence aussi prodigieux, j’ai l’impression que, dans les faits, la tendance va s’accentuer.
La notoriété de Coderre le sert bien… parfois; mais elle en fait également fuir quelques-uns. Dans le cas de Mélanie Joly, c’est l’inverse. Au départ, sa notoriété était nulle, et la crédibilité de sa candidature était loin d’être acquise; voter pour elle, ça ressemblait à un vote perdu. Mais ce n’est plus le cas; on la voit de plus en plus dans les médias, elle est photogénique, elle incarne le renouveau, elle est d’une autre génération, elle risque de jouir de l’effet d’entraînement « mairesse de Mégantic », et surtout, le challenger, maintenant, c’est elle. Ça n’est plus Bergeron. Bref, quiconque songerait à élire anybody but Coderre risque de reporter son choix initial sur elle.
Contrairement à Coderre, plus grande sera la notoriété de Joly, et plus grande sera sa part des suffrages. Or, de toute évidence, son statut de vedette en voie d’éclosion lui assurera une visibilité plus grande et on revient au syndrome Hygrade: plus on en parle et plus elle est populaire, et plus elle est populaire, plus on parle…
Elle jouit du momentum…
Louise Harel a laissé sa place à Marcel Côté, et Marcel Côté a foiré. Les appuis qui lui auraient été acquis, ils risquent d’aller ailleurs, mais puisque Richard Bergeron se situe lui-même à l’autre extrémité du spectre politique, je doute que les orphelins de Marcel Côté migrent chez Projet Montréal. Et les inconditionnels de Louise Harel, alors?
Je me demande s’ils étaient vraiment derrière Marcel Côté, anyways. Après tout, Harel avait obtenu près de 34% des suffrages exprimés en novembre 2009, dans une course à trois; Côté est passé de 17% à 11%, quatre ans plus tard, et ce, alors que le regroupement ad hoc Coalition Montréal avait été conçu aux fins de séduire les clientèles conservatrice, anglophone et des nostalgiques des anciennes banlieues (Côté), en même temps que les clientèles déjà acquises à la péquiste fusionniste de gauche qu’est Harel. Que Côté ne fasse pas mieux que son 17% initial me semble assez révélateur; les aficionados de Louise Harel n’avaient pas suivi. Ou du moins, pas en très grand nombre. Period.
Troisième de trois candidats en 2009 avec plus du quart des suffrages exprimés, Bergeron est le seul des candidats à la mairie qui ait la moindre expérience d’un conseil municipal; je croyais qu’il ferait donc mieux encore en 2013… mais c’est pas parti pour ça! Dommage, parce que son bagage de formation et d’expérience en font, de loin, LE meilleur candidat pour le job. Sauf que… Oui, je sais, un maire DOIT rêver pour sa ville, quand sa ville a la taille qu’a Montréal. Le maire d’une telle ville SE DOIT d’être un visionnaire. Mais les visions de Bergeron rebutent un certain électorat et son allié Ferrandez, sur le Plateau, est perçu comme un extrémiste anti-toto [2].
Qui reste-t-il, dans les circonstances?
Il reste Mélanie. Qui sera peut-être à la politique montréalaise ce que le Gangnam Style du Coréen Psy aura été à la musique pop: un imprévisible et redoutable ver d’oreille!
Pourquoi pas alors Mélanie Joly, se demande avec à-propos le blogueur Stéphane Gobeil, dans L’Actualité, avant d’ajouter:
Au début de la campagne, elle était considérée par bien des médias et des analystes comme quantité négligeable. Probablement que tel était aussi l’opinion de ses adversaires. Et maintenant, la voilà bonne deuxième. Elle est certes loin derrière Denis, mais elle a de l’élan et si j’ose dire, de l’allant.
Well said, Fred! Mélanie Joly IS going viral!
__________
[1] L’homme est un fédéraste de droite et certains de ses propos pendant le printemps érable étaient de nature à faire frémir. Son alliance avec cette indépendantiste de gauche qu’est Louise Harel, toute circonstancielle qu’elle soit, promettait d’éventuels conflits majeurs. Mais Marcel Côté n’a pas ue des défauts; je le crois honnête et intelligent, et sa formation constitue un atout. Mais sa plus grande force, c’est d’être abitibien de naissance!
[2] anti-toto, comme dans l’expression Si-t’as-pas-ta-Toyota-t’as-pas-ta-toto…
Coderre et Côté sont des crosseurs (le premier pour les commandites et l’Affaire Marie-Claude Montpetit et le deuxième pour les robocalls) qui essaient de capter le vote islamiste en ayant fait campagne dans une mosquée où les femmes, y compris la pôôve Liza Frulla qui suit Côté partout, doivent rester dehors!!! Normalement, ça aurait dû allumer ces monarcho-fédérastes enragés des bienfaits de la Charte des valeurs québécoises, mais il ne faut pas trop en demander à des monarcho-fédérastes quand une idée vient des «maudits pékisss»!!! Coderre est allé plus loin en promettant d’utiliser les fonds publics pour traîner le gouvernement du Québec devant les tribunaux contre la Charte!!! C’est purement irresponsable!!!
Alors, les deux sont refusés!!!
Bergeron est un rêveur qui ferait exploser le déficit et la dette de Montréal!!! C’est un proche de Amir Khadir (la femme de Khadir était sa colistière en 2009), sans compter sa conversion à l’Islam, ses diatribes sans aucune nuance contre les automobilistes et ses théories conspirationnistes sur le 11 septembre 2001!!! Sa place est dans un asile et non pas à la mairie de la plus grande ville du Québec!!!
Alors, il est refusé et c’est tant mieux!!!
Alors, il ne reste que Mélanie Joly, la libérale trudeauiste baisable qui parle comme une idiote utile sur la Charte des valeurs québécoises, mais qui offre quand même des idées intéressantes, hormis son engagement de donner l’amnistie aux compagnies qui nous ont floué dans le scandale de la corruption et de la collusion!!!
Pendant ce temps, seul Michel Brûlé, un entrepreneur qui s’est construit tout seul sans aucune subvention, parle réellement d’intégrité et de cure minceur dans la bureaucratie, en plus de parler comme le ferait le maire d’une métropole occidentale de langue française sur la Charte des valeurs et sur la protection de la langue française à Montréal!!! C’est le seul candidat qui ne se prostitue pas pour gagner le vote des Anglais et des islamistes!!!
Si je vivais à Montréal, c’est lui qui aurait mon vote!!! Mélanie Joly serait mon deuxième choix mais je l’utiliserais seulement pour battre Coderre!!!
Si je comprends bien ton raisonnement de pois chiche, les femmes qui portent le voile sont des islamistes…
De toute évidence, ton égérie Stephen Harper n’est pas d’accord avec toi, lui qui vient d’accorder la citoyenneté honorifique du Royaume de Canada à une crisse de folle de voilée [je ne fais que citer la vieille Filiatrault à propos des voilées par conviction] du nom de Malala Yousafzai, lauréate du prix Sakharov 2013 et presque nobélisée pour avoir survécu à un attentat des talibans.
Ils lui ont tiré une balle dans la tête; tu penses qu’elle les aime, les Talibans? Tu penses u’elle les aime, les islamistes? Et pourtant, la p’tite, elle porte le voile.
Avec fierté.
Vas-tu finir par comprendre, kâlisse d’insignifiant de binaire, que le monde n’est pas fait seulement de noir et de blanc?
@ PAPITIBI ,
Montréal , c’est gros et pas propre du tout. Que peut-on reprocher aux »CITOYENS » , rien , ils ne savent pas . Ils ne vont pas voir ce qui se passe au conseil et demander de la »TRANSPARENCE ».
En Abitibi , ce sont des Gars comme Oncle Conrad et Gérard De Serre qui venaient de Tingwick , qui l’ont défriché , aussi.
Papi ,
regardez aller Tingwick , John James de la Charrette et Yvon Vallière ont instauré un certain Code d’Éthique et de Déontologie dont je sais le pourquoi. J’avais posé une question à la DG de Tingwick et pour ne pas qu’elle perde la face. ==== Pareil comme Monsieur Robert Godbout lui prison à vie et moi comme j’ai déjà dit la Queenne voulait me coller 10 ans sur des entendus dire et en prévention en plus. Allo les Ti-Papouts de la King James.
Monsieur Papitibi ,
dans vos petites Municipalité , Cléricy entre autre , les citotens ont accès au Web comme les Citoyens de Saint-Rimi de Tingwick ? Quand je tape cette Municipalité je vois les règlements et le plus important fait par Métivier le règlement de zonage.
Pourquoi à Tingwick , je ne puis voir ce fameux règlement de zonage , pourtant Madame Éva Fréchette a été en poste là aussi. C’est Elle qui a fait que les Saint-Rémitiens , sont au courant le 17 octobre 2013.
Papi , comme je l’ai dit à Nenki , je vais passer pour le fou du Village , mais pas grave , je fais chier la Haute pis en sacrament.
J’exige de la »TRANSPARENCE DE MA MUNICIPALITÉ » et il devra en être ainsi un jour.
Papi , merci d’accepter que je m’étende ici , je ne m’étends pas trop là , mais pourrais le faire.
J’ai très hâte dans mon coin , après le 23 octobre , et après le 3 novembre encore plus.
Bonne fin de journée ,
Jean-Marie De Serre.
Benazir Bhutto était aussi contre les islamistes et elle portait le voile!!! Ce n’est pas le fait que Bhutto et Malala portent ou non le voile qui écoeure les islamistes, c’est qu’elles parlent trop fort pour l’émancipation politique des femmes dans ces pays-là!!!
@ papitibi.
Vouloir l’émancipation politique des femmes, ce n’est pas la même chose que de vouloir leur émancipation sociale (le port du voile, par exemple) ou leur émancipation économique!!! Ici, Thérèse Casgrain voulait bien que les femmes votent, mais elle ne croyait pas à la parité homme-femme et elle n’aimait pas qu’on lui présente l’idée d’une femme première ministre car pour elle, la politique était toujours mieux servie par un homme au sommet de la pyramide!!!
Pour revenir sur le sujet qui de toute évidence n’est pas l’islamisme. 😉
Dans ce merveilleux monde de la politique au Québec où – dernièrement – il semble bien que pour « performer » comme « under dog » il faille être en mesure de faire une belle prestation à la TV donnant un cachet déterminé par l’UDA. Être dans l’ombre ne veut pas dire que nous pourrons incarner le changement. Qu’a fait Mélanie Joly en politique depuis 5 ans? A-t-elle contribué aux campagnes d’inconnus, de nouveaux partis politiques?
Sa montée fulgurante me fait penser à quelqu’un de bien connu à Québec. Dans les deux cas, on n’était pas connu du grand public. Par contre, dans le milieu politique il ne s’agissait pas d’un (une) inconnu(e).
Plusieurs années plus tard à Québec il y a de plus en plus de contribuables qui commencent à trouver la performance moins agréable quand vient le temps de payer le compte de taxe de la ville. Et pour ce qui est de la dette, la tendance n’est pas à la baisse. Est-ce ça le changement? Une vedette dans les médias qui signe des autographes tout en obtenant une hausse du compte de taxe et de la dette?
J’ai encore la prétention que dans le milieu on en sait un peu plus que ce que nous apprend Wikipedia. 😉