Shati (Al Shati)
Comment peut-on être si sûr que c’est Israël qui a bombardé l’école de l’ONU à Gaza ce matin après avoir lu ça:http://jssnews.com/2014/07/30/un-journaliste-italien-maintenant-que-je-ne-suis-plus-a-gaza-voici-la-verite/ – Jean-Luc Proulx, 30 juillet, 20h36 (commentaire demeuré inédit)
La question peut se poser, en effet; d’ailleurs, je n’ai jamais caché ici que aussi bien le Hamas que la clique-à-Méthaneyahu sont responsables des mêmes crimes de guerre à l’égard des Gazaouis.
Le Hamas allume la flamme, et le méthaneyahu explose au visage des victimes civiles. Le crime du Hamas, c’est de s’abriter derrière des boucliers humains et de planquer ses roquettes au milieu des populations civiles. Le crime d’Israël, c’est de traverser ce bouclier humain pour atteindre les roquettes sous leur pieds. Sans compter, bien sûr, les violations des cesser-le-feu, quelle qu’en soit la partie responsable.
Cela dit, et puisqu’il est question ici du bullying exercé sur les correspondants étrangers par le vilain Hamas, oserons-nous poser la même question, mais… à l’envers?
Le reporter italien aurait été victime d’intimidation de la part du Hamas? Maintenant qu’il a quitté Gaza il peut ENFIN publier LA Vérité – avec un V majuscule, et accuser le Hamas? ? Dans ce tweet qu’il adressait en italien [ma traduction], il semblait bien catégorique: « Maintenant que je suis sorti de Gaza, je confirme: Israël n’est pas à blâmer pour le massacre des enfants hier à Shati. Le communiqué émis par #IDF rapporte la vérité, c’étaient des roquettes du Hamas. » [1]
Le bonhomme est un expert en balistique? Il a examiné le ou les obus? Auquel cas, qu’est-ce qui lui fait dire avec une telle certitude qu’ils ont été tirés par le Hamas? Il ne les a jamais perdus de vue depuis le tir jusqu’à l’impact?
En anglais, le même Barbati tweetait sensiblement – mais pas tout à fait – la même chose [ma traduction, encore]: Hors de Gaza et loin de toute menace de représailles du Hamas; ce sont des tirs de roquette ratés qui ont tué ces enfants hier à Shati. J’en prends à témoin les militants qui se sont empressés de déblayer les débris [2].
Le Monde Juif.info propose plutôt cette traduction: tir de roquette raté qui a tué les enfants à Shati. Témoin : les membres (du Hamas) se sont dépêchés d’aller ramasser les débris. Les originaux des deux tweets de Barbati y sont reproduits.
Au vu des tweets antérieurs du reporter Gabriele Barbarti, très critiques contre l’armée israélienne, son tweet de mardi disculpe totalement l’armée israélienne sans la moindre ambiguïté. […] Après la mise au point de l’armée israélienne, les médias n’ont pas rectifié l’information mensongère et ont préféré mettre dos à dos Tsahal et l’organisation terroriste islamiste.
Certes, la condamnation du Hamas est exempte, ici, de toute ambiguïté. Ce qui ne veut pas dire qu’elle est exempte de toute interprétation abusive. Un ancien plaideur, qui avait fait du contre-interrogatoire son arme favorite, ne saurait d’ailleurs se contenter de cette version sans poser des tas de questions. Notamment:
- Des militants du Hamas?
- À quoi les-a-t-il reconnus et distingués de simples civils? Une cagoule, peut-être, à défaut d’uniforme?
- Était-il présent où n’est-ce que du ouï-dire?
- Dans quelle mesure s’est-il fié aux seules affirmations de Tsahal?
- Dans quelle mesure sa conclusion découle-t-elle de ce que des militants du Hamas auraient vidé les lieux pour soustraire des preuves de l’oeil inquisiteur des journalistes?
- A-t-il tenté de vérifier si les Palestiniens – qu’ils soient militants ou non du Hamas – qui auraient ramassé les débris l’ont fait pour s’assurer que Tsahal ne s’en emparerait pas de manière à occulter sa propre responsabilité dans le bombardement?
- A-t-il comparé cette version à la version du Hamas?
- En quoi la version israélienne lui aura-t-elle paru plus crédible?
C’est très éprouvant, une contre-interrogatoire; notre bien-aimée vice-reine déchue en sait quelque chose [3]! Qu’on me comprenne bien: je poserais les mêmes questions à quiconque jure sur les mêmes bases (mais à l’inverse) que l’armée israélienne est responsable, et le résultat serait le même.
Qu’on me comprenne encore mieux: je sais le Hamas capable de fabriquer de faux martyrs des forces israéliennes pour mieux empissetter les médias occidentaux. Je le sais, et l’ai toujours dénoncé.
Le Hamas a-t-il volontairement fait exploser des Palestiniens pour mieux en accuser Israël? C’est une hypothèse. Le Hamas a-t-il foiré et et tué accidentellement des frères Palestiniens. C’est une autre hypothèse. Moi, je n’exclus rien, à moins d’une preuve concluante et cette preuve, à l’égard de CE massacre survenu à Shati, je considère qu’elle n’a pas été faite. Ni dans un sens, ni dans l’autre.
Pour me convaincre du contraire, l’une ou l’autre partie devra faire la somme d’éléments de preuve (ce qui inclut la preuve balistique et la preuve circonstancielle) à la fois graves, précis et concordants. Si un juriste me lit, l’expression « grave, précis et concordants lui sera très familière, et pour cause.
Voilà pour le massacre de civils au refuge Onusien de Shati. Passons maintenant à l’autre massacre qui a été rapporté, celui du camp de réfugiés de Beit Hanoun.
L’intimidation
Comment expliquer qu’en trois semaines de combats à Gaza, aucune image de membres armés des organisations terroristes palestiniennes n’est montrée aux téléspectateurs […]?
Le réalisateur franco-israélien de documentaires, Michael Grynszpan, a posé la question à un journaliste espagnol tout juste sorti de la bande de Gaza. « C’’est très simple, ont voit très bien les gens du Hamas lancer les roquettes, ils sont à proximité de notre hôtel, mais si jamais nous osons pointer nos caméras sur eux ils peuvent nous tirer dessus ou nous tuer. », lui a confié le journaliste.
Lorsque le réalisateur lui a demandé de répéter ses propos face caméra le journaliste a refusé et a mis un terme à la discussion. – Yaacov Tanenbaum, Le Monde Juif.info, 31 juillet 2014
L’organe de presse Le Monde Juif a raison de poser la question. Oui, il m’apparaît probable que l’intimidation par le Hamas puisse teinter l’information qui nous parvient des médias. Tout comme le NY Times est lui-même victime d’une campagne d’intimidation par une OSBL sioniste américaine, CAMERA (Committee for Accuracy in Middle-East Reporting in America). Insatisfait des so-called préjugés défavorables de l’influent quotidien new-yorkais, le CAMERA a commandité une série d’affiches hautes de 3 étages (yes, 30 pieds!) à Times Square.
Peut-être Le Monde Juif devrait-il s’interroger par ailleurs sur la qualité ET SUR LA FIABILITÉ de l’info diffusée en Israël? De dire « nous sommes une démocratie » et eux, c’est des barbares, désolé, mais ça ne suffit pas. Encore faut-il distinguer la Vérité de la sale propagande.
Traduction: Les journalistes ne subissent aucune intimidation du Hamas et peuvent travailler librement, 99% du temps. Il nn sont victimes de « pressions » que si les faits sont défavorables au Hamas. En guise de comparaison, la plupart des médias israéliens tirent leur information directement de l’Armée ou du gouvernement de l’État d’Israël. Le TimesofIsrael, OK.
N’est-ce pas ce Barbati qui écrivait il y a quelques jours que maintenant qu’il n’est plus soumis à l’intimidation du Hamas il peut enfin dire la Vérité?
Peut-être Le Monde Juif devrait-il s’interroger sur les motifs RÉELS qui justifient le pilonnage des installations de l’ONU destinées à abriter une partie des 250000 réfugiés que compte la bande de Gaza [4]? Ou sur l’attitude méprisante manifestée par le gouvernement Méthaneyahu à l’égard de l’administration OBAMA et du Secrétaire d’État John Kerry?
Et que dire des campagnes menées par le puissant lobby AIPAC? Ça semble avoir fonctionné; Obama a beau dénoncer Israël pour le massacre de civils, il n’en a pas moins accepté de réarmer Israël. Le carnage pourra donc se poursuivre.
Je m’abstiens d’élaborer sur le bullying du CAMERA à l’égard du NY Times; ça n’est que partie remise. Je rappelle aux lecteurs du présent billet que mon mémoire de maîtrise portait sur la responsabilité des médias dans l’abrutissement des masses. Le chantage exercé par le CAMERA aux fins d’influencer l’opinion publique, c’est drette dans le sujet.
Beit Hanoun
Puisque Tsahal et les Israeli Defense Forces considèrent la dénonciation de Barbati à l’égard du Hamas comme particulièrement crédible, on va faire avec.
Et qu’est-ce qu’il a publié sur son compte twitter, le Barbati, mardi le 29 et mercredi le 30 juillet, soit APRÈS les tweets auxquels réfère le lien de Jean-Luc Proulx? Heu…
- Un premier réfugié qui a survécu au bombardement de l’école-refuge des Nations Unies à Beit Hanoun se souvient le 25 juillet: nous étions 6 ou 700 rassemblés dans la cour. Frappes multiples.
- Un deuxième survivant du bombardement du camp de réfugiés de l’UNRWA à Beit Hanoun (Gaza) affirme le 25 juillet: « nous étions 750 personnes rassemblées dans la Cour quand de 12 à 15 obus provenant de « dababat » ont explosé. Dabab = char d’assaut (tank)
- sauf erreur par l’auteur du présent billet, les seuls tanks qu’on peut voir à Gaza sont des chars israéliens, non?
- Body parts, arms, legs flying (est-il nécessaire de traduire cette vision d’horreur à Beit Hanoun, telle que décrite par le correspondant italien?)
Ici, je vais traduire: le massacre de Beit Hannoun la première semaine, c’est le fait des Israéliens. Condamnation sans équivoque, donc, et ce, alors que de toute évidence puisqu’il l’avait écrit à sa sortie de Gaza, le journaliste n’a plus rien à craindre du Hamas!
- Et de quoi était-il question dans cette vidéo publiée par Israel Defense Forces? Le lien: http://videoidf.co.il/1259-EN.mp4
Voir, à cet égard, l’onglet suivant (« tripatouillage »)
Ce clip de l’armée israélienne est intitulé: UNRWA Premisses Incident. Filmé le 24, publié le 28 juillet. Soyez attentif au titre et à la date, prévient Barbati. Il y a là comme un aveu…
Israël tripatouille l’information, selon… Gabriele Barbati
Shit!
Revenons à cette citation de Bertrand Russell, déjà vieille de près de 60 ans, intégrée à l’image qui coiffe le présent billet. Faut croire qu’avec les années, la situation a empironné. C’est vrai qu’en 1956, Israël n’était encore qu’un État-Enfant, et tout le monde sait que la Vérité sort de la bouche des enfants, non?
Une des pires choses qui résultent de l’augmentation moderne des pouvoirs de l’autorité est la suppression de la vérité et la diffusion de lafausseté par des agences publiques.
Israël – en tant qu’État, est maintenant à l’âge de sa pension de vieillesse. Faudra s’y faire… et s’habituer à ces âneries qu’il lui arrive de radoter. Pire. Il m’apparaît de plus en plus suicidaire, cet l’État-nombril.
Une traduction s’impose: La séquence vidéo diffusée par NBC sur Meet the Press (27 juillet) et publiée à l’origine par le Gouvernement Israélien montre des roquettes tirées depuis une école [sous-entendu: par le Hamas]. Cet enregistrement a été trafiqué. Troisième d’une série de six tweets.
Contraffatto par qui, et comment? La version en langue italienne est à cet égard plus explicite; Israël présente ce tir de roquette comme émanant d’une école de l’ONU. Razzi da scuola ONU.
Eh bé. C’était pas une « école de l’ONU » – transformée en camp de réfugiés par l’UNWAR (l’agence des Nations-Unies). C’était l’école Abu Nur, précise le même Gabriele Barbati le 31 juillet.
D’ailleurs, dans le fil de ses tweets, Barbati blâme l’anchorman de Meet the Press pour avoir piégé le responsable de l’ONU, Chris Gunness, en lui demandant de commenter ce tir de roquettes dont les images ne lui étaient pas accessibles au moment de l’entrevue.
Et on viendra nous dire que les médias sont biaisés en faveur du Hamas…
Israël chercherait encore à discréditer l’UNWAR et à justifier les carnages dans les camps de réfugiés qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Ça aussi, c’est une forme de crime de guerre.
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[1] Confermo ora che fuori da #Gaza. La strage di bambini ieri a Shati non e’ colpa di #Israele. Communicato #idf vero e’ stato razzo Hamas.
[2] Out of #Gaza far from #Hamas retaliation; misfired rockets killed children yesterday in Shati. Witness: militants rushed and cleared debris.
[3] Après un contre-interrogatoire particulièrement dévastateur, l’accusée Lise Thibault a craqué (crise de larmes) et subi une crise d’épilepsie qui l’aura rendue confuse au point où elle n’est plus en mesure de faire face à de nouvelles questions. Dure, dure, la vie d’une vice-reine qui s’en est mis plein la sacoche!
[4] Lire, notamment, cet article du Times of Israel: le problème avec l’UNWRA. C’est en français.
« Comment expliquer qu’en trois semaines de combats à Gaza, aucune image de membres armés des organisations terroristes palestiniennes n’est montrée aux téléspectateurs […]?
Le réalisateur franco-israélien de documentaires, Michael Grynszpan, a posé la question à un journaliste espagnol tout juste sorti de la bande de Gaza. « C’’est très simple, ont voit très bien les gens du Hamas lancer les roquettes, ils sont à proximité de notre hôtel, mais si jamais nous osons pointer nos caméras sur eux ils peuvent nous tirer dessus ou nous tuer. », lui a confié le journaliste. »
Très bon billet Papi. À moins d’être bien organisé, ce n’est pas évident de garder le compte de tous ce qui se passe depuis le début, les détails des attaques et leurs conséquences.
Pour ce qui est des tirs de roquettes du Hamas, dans la situation où ils se trouvent devant l’armée israélienne, on peut comprendre qu’ils interdisent qu’on les film et donner le moindre avantage aux Israéliens. C’est une question de vie ou de mort dans leur cas.
Je me répère peu être, mais ce conflit là va finir lorsque les états-unis n’auront plus les moyens de supporter (politique ou économique)