Une mère qui refusait de mettre un haut de bikini à sa fillette de 3 ans a été expulsée d’une pataugeoire d’Outremont hier après-midi. Le conflit concernant le règlement sur le port des maillots de bain a dégénéré en altercation physique. La police a dû intervenir.
« C’est un règlement qui ne devrait pas exister », lance Véronique Shapiro, encore sous le choc au lendemain de l’incident. L’altercation verbale entre elle et deux sauveteuses s’est transformée en altercation physique. La fillette de 3 ans est même tombée sur le béton de la piscine lors de la bagarre.
[…] « Je n’ai jamais mis de top de bikini à ma fille ». Mais hier, une sauveteuse lui a indiqué qu’un règlement impose aux filles de plus de 2 ans de porter un haut de maillot de bain. Véronique Shapiro a refusé d’obtempérer. – Thomas Gerbet, Ici,Radio-Pateaugeoire, 28 août 2014
Power-trip d’une sauveteuse de 18 ans, jalouse de son autorité? Interprétation abusive d’une règle dont le caractère un peu flou devait servir de base à tous les accommodements raisonnablement moraux et licites?
Plusieurs sauveteurs essayaient d’écarter la dame de sa fille, ce qui aurait contribué à envenimer la situation. «Une sauveteuse a même tenté de prendre mon téléphone cellulaire», a-t-elle indiqué en entrevue à TVA Nouvelles. – Agence QM!, 28 août 2014
Arracher le cellulaire? De quel droit? À lui seul, ce geste trahit un abus d’autorité.
Alors que sa fille se rafraîchissait à la pataugeoire John-F.-Kennedy mercredi après-midi, une employée de la piscine s’est approchée pour l’avertir que, selon le règlement, les fillettes devaient porter un haut de maillot de bain. « Le règlement est affiché et ce n’est pas écrit. Ma fille a trois ans n’a rien à cacher », a relaté Mme Shapiro qui trouve abusive cette prétendue règle.
Un superviseur lui aurait dit que le règlement affiché n’était pas à jour et a insisté pour qu’elle quitte la piscine avec sa fille. Le ton a commencé à monter. – Jeanne Corriveau, Le Devoir, 28 août 2014
Parlons-en, justement, du règlement sur les pataugeoires en vigueur à la ville de Montréal et dont l’arrondissement St-Léonard a publié un résumé dont je reproduis ici les extraits pertinents et en particulier le seul article portant sur le vêtement.
- La pataugeoire est réservée aux enfants de moins de 9 ans ou de 48’’ et moins [article 1];
- Les enfants âgés de 3 et 4 ans doivent être accompagnés d’une personne responsable et celle-ci peut aller à l’eau [article 5];
- Un maillot de bain convenable est obligatoire pour tous les enfants. La couche aquatique est permise pour les enfants de moins de 3 ans [article 6];
C’est quoi, un maillot de bain CON-VE-NA-BLE, pour une fillette de 3 ans, encore assez bébé pour qu’on autorise les parents à remplacer le maillot par une couche aquatique? Depuis quand Outremont-est-il un quartier de Kaboul? Depuis quand les règles de la bienséance outremontoise sont-elles dictées par les Talibans?
Le string serait autorisé pour la maman, mais pas le monokini pour le bébé encore aux couches? Come on!
« Il faut absolument voir à ce qu’un tel incident ne se reproduise plus. Moi, je suis pour l’allaitement à la piscine et pour les enfants qui se promènent la bedaine à l’air. Je pense que c’est plutôt la façon dont tout ça a été géré qu’il va falloir regarder. » – Marie Cinq-Mars, mairesse de l’arrondissement
L’histoire rappelle la double expulsion de Mélodie Nelson, plus tôt cet été, de la pataugeoire du parc Lafond (arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie) pour avoir y avoir allaité son bébé tout en assurant la surveillance d’un enfant plus âgé.
Les sauveteurs sont, pour la plupart, des étudiants. En principe, c’est l’âge de l’extrême-tolérance – une tolérance que les plus vieux sont parfois portés à qualifier d’excessive, même. Ces sauveteurs sont-ils atteint de psycho-rigidité? Auront-il fait l’objet de pression de la part d’un ultra-religieux hassidique ou d’un fondamentaliste musulman? Ont-ils eux-même grandi au sein d’une famille qui appartient à la droite chrétienne fondamentaliste?
Certes, le quartier Claude-Ryan (que j’ai moi-même arpenté pendant mes études) compte une forte minorité hassidique mais je ne me souviens pas en avoir croisés aux abords du Parc Kennedy.
L’histoire est triste à pleurer; l’enfant a été blessée à la tête et je comprends les deux poules avec pas de tête d’avoir cherché à empêcher la maman de prendre des photos des blessures qu’a subies l’enfant dans l’altercation qui a suivi.
Mais, sous cette réserve, les commentaires des dames de St-Anne et des Vers-Demain sont plutôt amusants à lire, aussi bien sur le site de Ici.Radio-Pataugeoire que celui du Hournalle d’Outremont.
Ici.Radio-Pataugeoire
- Bravo aux deux sauveteuses. Et vous les mamans, assurez-vous d’habiller correctement vos enfants. Vous n’êtes pas dans votre cours arrière. – Roger Baxter
- Je suis contre cette mentalité libertine de ne pas mettre de « top » de bikini à une enfant de trois ans. Moi je pense au contraire qu’on n’est pas dans un camp de nudisme et même s’il s’agit d’une fillette qui n’a pas de poitrine, il y a des codes dans la société et si cette mère veut vivre comme les aborigènes qu’elle déménage quelque part en Amazonie. – Audrey Savard
- [NDLR: Tabarnak! Et de un, c’est un tantinet raciste et condescendant. Et de deux, c’est un tantinet méprisant à l’égard de tous ceux zé celles qui ont suivi l’évolution de la société occidentale sans s’attarder aux diktats des Talibans…]
- Quelle société ridicule! Vous pensez sérieusement que c’est important, qu’elle porte un haut de maillot? C’est le règlement, faut le suivre? Honteux, ridicule, absurde! Cette pudeur affichée par certains frise l’hystérie religieuse! 2014, messieurs dames… et au Québec, pas en Machin-istan.. – Claude Boucher
- c’est justement protéger un enfant des regards d’un pédophile fait partie de la sécurité . vous pouvez même pas savoir à quel point ces personnes sont dangereux pour les enfants – Marie Morin
- @ Marie Morin: Doit-on cacher toutes les femmes parce qu’il existe des violeurs ? – Stéphane Coté
- @marie morin Madame, si un homme est excité par une fillette de 3 ans sans top, cet homme va être excité par une fillette de 3 ans avec top aussi. […] Faut aimer vivre dans la peur pour tenir un tel propos – Laurent Dufresne
- Selon les règlements officiels à la ville de Montréal, « 16. Les responsables de la piscine ont toute autorité sur le plan d’eau et les aménagements existants et se réservent le droit d’expulser toute personne qui enfreint un ou plusieurs règlements, nuit au bon fonctionnement de la programmation, affecte la sécurité des autres baigneurs et n’observe pas les règles de bonnes moeurs, de civisme et de politesse. »
Visiblement, la mère a contrevenu à l’aspect civisme et politesse. – Marianne Longfield- [NDLR: Encore eut-il fallu citer le règlement sur les pataugeoires, différent de celui qui s’applique aux piscines! Cela dit, la bonne dame n’a-t-elle pas noté à la lecture du règlement sur les piscines que les enfants de moins de sept ans sont admis dans le vestiaire du parent de sexe opposé? Shocking, et vrrrraiment contraire aux bonnes moeurs, non?
- Et encore eut-il fallu que Madame Shapiro ait d’abord enfreint un règlement quelconque en exhibant le torse nu de sa fille de trois ans! Comme ça n.était pas le cas, le personnel n’avait aucun droit de l’expulser. Longfield, une pôv’ cloche qui se croit capable d’interpréter les droits et obligations de tout un chacun!]
Le Hournalle
- Donnez un peu de pouvoir à des cervelles sans neurone, à des susceptibles qui veulent jouer aux gros bras et vous obtenez le chaos total… – Loubna Loubna
- Je suis sidéré de voir la quantité de « réponses-moutons » … « Elle n’avait qu’à mettre le haut de bikini » Allô? La nunuche de sauveteuse s’est inventé une règle et elle veut que les moutons de citoyen obtempèrent parce qu’elle a un T4 de la ville? Vous êtes vraiment si passifs et moutons que ça? Le Québec peut bien être ce qu’il est… – Stéphane Lessard
- Par chance que la « sauveteuse cégépienne » n’était pas armé d’un fusil ou d’un teaser. Je n’ose pas imaginer le reste. La mère de famille a bien fait de tenir tête à la jeune sauveteuse sans expérience de vie. Quand les sauveteurs ont enlevé la petite fille, moi j’aurais interprété ça comme un acte d’enlèvement et et j’aurais « tout fait » pour sauver mon enfant même si ça implique de mettre KO la sauveteur.
Il n’y a pas eu en début d’été un autre problème de décision improvisé d’un sauveteur par hasard? Oui Oui, l’affaire de l’allaitement autour de la piscine. Je crois qu’il faut donner de la formation pis vite aux jeunes qui prennent ce « summer job » un peu trop au sérieux. – Martin Vaillancourt
Note: la photo qui coiffe ce billet a été prise à la pataugeoire du Parc John F. Kennedy. L’endroit de tous les dangers… du moins, aussi longtemps que la Ville n’aura pas congédié sa volée de linottes.
La tolérance n’a pas tellement la cote ces temps ci on dirait.
Sans faire d’amalgame, je me demande s’il n’y a pas un lien à faire entre le printemps étudiant de 2012 et l’été 2014. En tout cas, moi, je commence à me demander si le discours de division du gouvernement Charest, si les abus de pouvoir répétés des policiers, et surtout le fait qu’ils ait été peu condamnés les élus et par la société civile n’ont pas réunies ou produites certaines des conditions objectives favorables à une montée de l’intolérance… Comme si le printemps 2012, moins par ses enjeux eux-mêmes, que par le climat qu’il a contribué à créer, aurait fait ressortir ce que la société québécoise avait de pire et de plus laid.
Prenons l’attentat politique du 4 septembre 2012 contre la première ministre Marois, j’y vois personnellement un exemple: en effet, peu de gens semblent avoir vu dans le geste posé par Bain, l’expression violente d’une réelle intolérance à l’égard d’une idée – l’indépendance – et de son plus important véhicule: le PQ. Préférant y voir l’oeuvre d’un illuminé. Si Bain n’avait pas besoin du printemps 2012 pour nourrir sa haine et exprimer son intolérance, je me demande néanmoins si, collectivement, notre habitude à l’intolérance elle-même, n’a pas produite des conditions favorisant de ne pas la reconnaître pour ce qu’elle était. Trop habitués que nous étions aux différentes formes que peut prendre celle-ci…
Et pourtant.
Un autre exemple de cette intolérance à mon avis est le ton hargneux des échanges à l’Assemblée Nationale, un ton qui heurte le décorum certes, mais qui dénote surtout, selon moi, un profond manque de respect. Si à priori les bêtises dites à l’Assemblée semblent sans conséquence, j’arguerai qu’elles invitent au contraire même de la tolérance pour les idées et les positions d’autrui. L’exemple venant ici de haut.
Dernier exemple: les méfaits publics commis cet été par les pompiers et policiers à Montréal suggère que notre société s’est résignée à vivre en un lieu où les lois s’appliquent de manière asymétrique. Ce qui est inquiétant selon moi. Mais, au delà de l’iniquité manifeste entre policiers et citoyens; la non-tolérance trouve encore ici son compte, sinon comment expliquer la désinvolture avec laquelle ces derniers expriment leurs revendications: appropriation et récupération de leurs véhicules de service à des fins de revendications, violation de l’enceinte de l’Hôtel de Ville, feux allumés sur la voie publique, intimidation, etc… Au delà des enjeux syndicaux, je pense qu’un certain laisser aller et une certaine abdication des élus et de la société civile contribue à de pareils dérapages…
Si le respect face à soi-même, face à autrui, face aux institutions, est perdu il reste quoi au juste?
J’aurais pu aussi ajouter le climat entourant la charte sur la laïcité qui a aussi démontré son lot d’aberrations et d’intolérances.
Ce que j’avance ici simplement, c’est que je crains que nous vivions présentement à une époque où les « capos » de tout acabit se sentent à leur aise… sévissant autour d’une pataugeuse, où poliçant la ville au volant d’une auto patrouille couverte de « stickers »… Je crains que ne se mettent en place présentement les conditions idéales et propices aux pires dérives… La société dans laquelle je vis a l’heur de m’inquiéter de plus en plus…
La bêtise parle fort dit-on, eh bien pour ma part je trouve qu’elle résonne très fort ces temps-ci, au point de rendre trop de gens sourds à la tolérance la plus élémentaire et reléguant aux oubliettes l’idée du vivre et laisser vivre…
J’espère de tout coeur me tromper.
@ Objecteur 0:16
Ce réflexe qu’ont plusieurs cons citoyens (en 2 mots) de toujours donner raison sans la moindre discussion aux ignorants qui détiennent l’autorité, est-ce que ça n’est pas un réflexe de colonisé?
Peu après mon arrivée à Rouyn, un policier m’avait arrêté pour prétendu excès de vitesse; je n’avais pas l’oeil sur le « speedo » mais ma voiture sport était équipée d’un gros 350 ET d’un régulateur de vitesse de série, un gadget encore très rare à l’époque. Mon bidule avait été réglé pour 65 MPH; le policier, lui, me disait 75, et la limite était de 60 mph. Plus ou moins 100 km/h. Il mentait, je le savais, et il savait que je le savais. Mais c’est lui qui était le policier…
Le jeune homme cogne à ma fenêtre, je baisse la vitre électrique d’environ un pouce. « Je vais vous demander de me montrer votre permis pis vos enregistrements (pas d’assurance obligatoire en 76). Tu veux niaiser, mon kâlisse, tu vas voir, on va niaiser à deux, s’était dit le jeune plaideur un peu fanfaron. J’ai collé mes papiers sur la vitre. Voilà, je vous les montre, Mossieu l’agent!.…
À l’époque, mon bureau – qui était bien « connecté », avait le contrat pour porter les plaintes (et plaider) les infractions au Code de la Route. C’est le gouvernement Lévesque qui avait fait le ménage là-dedans, ce qui, en soi, était une très bonne chose.
Retour au policier. Il est pas content. Monsieur, si vous refusez de m’exhiber vos papiers, je vous mets une charge de plus.
Et moi de lui répondre: t’as bin beau, mon homme! Mais avant de faire ça, vérifie donc avec les avocats de la SQ. Tu vas demander untel, pis je sais ce qu’il va te dire. Si lui il était pas là, ils vont t’en passer un autre. Lui aussi, je sais ce qu’il va te dire. Tu sais-tu pourquoi? C’est parce que l’autre, bin, c’est moi!
Ça adonnait bien, je revenais de Ville-Marie où j’avais comme par hasard joué au procureur de la Couronne. Et j’avais justement mon Code dans mon attaché case.
Je suis tombé sur la définition et bien sûr, c’est moi qui avais raison.
Mettons que c’était pas mon premier affrontement avec l’autorité constituée. Ni d’ailleurs le dernier…
Petite idée
Se crée une religion, l’enregistrer et réclamé un accomodement religieux.
Ou petite variante allez voir les pastafariens, leur demandé d’inclure la pratique de la beignade en monokini (ça va déranger les autres religions et les bien pensant donc très grande chance de succès) , demander un accommodement religieux.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pastafarisme