La presse allemande est déchaînée, après que Lutz Bachmann, le leader du mouvement d’extrême droite PEGIDA (Patriotische Europaer Gegen Islamisierung Des Abendlandes), se fut commis dans une sinistre mise en scène qu’il voyait comme une plaisanterie – du moins le prétend-il: il a fait paraître sur sa page Facebook une photo de lui sous les traits d’Adolf Hitler.
Une plaisanterie? Ne serait-ce pas davantage le reflet des tendances néo-nazies du nauséabond dividu, en même temps qu’une injure aux victimes de la Shoah et à leurs descendants?
Des journaux comme le Dresdner MorgenPost ou le BILD ont reproduit la photographie à la une de leurs éditions respectives. Le leader de PEGIDA personnifie Hitler. Le double maléfique de Lutz Bachmann… Dresde, soit-dit en passant, c’est le fief de Lutz Bachmann, et, de rapporter Libération, PEGIDA y avait réuni 25000 enragés le 12 octobre et il s’attendait d’en réunir 60000 à Leipzig ce 21 janvier; toutefois, ailleurs en Allemagne, le mouvement aurait suscité peu d’adhésions.
PEGIDA, c’est un mouvement populiste qui prétend rassembler les Patriotes Européens unis pour contrer l’islamisation de l’Occident [ma traduction]. Un mouvement qui a pris du galon depuis les attentats perpétrés au nom d’Allah le 7 janvier dans les bureaux de Charlie Hebdo et dans un supermarché Hyper Cacher.
L’Europe – et le monde – se radicalisent. Le mouvement des patriotes islamophobes est déchiré et son président, contraint à démissionner.
Une photo montrant le dirigeant du mouvement anti-islam Pegida, Lutz Bachmann, affublé d’une petite moustache et d’une mèche à la Adolf Hitler, faisait sensation mercredi dans plusieurs journaux allemands. La presse citait aussi des déclarations cinglantes de Bachmann sur les étrangers, que la justice allemande a dit«examiner». Interrogée par le quotidien à grand tirage Bild, Kathrin Oertel, l’une des figures de proue du mouvement, a confirmé l’authenticité de la photo, la qualifiant de «plaisanterie». Une «plaisanterie» qui a tout de même mené le leader islamophobe à la démission. – Libération, 21 janvier 2015
Libé présente ce fou furieux comme un braqueur. Bref, un repris de justice, coupable de vols à main armée. Aaaah, la droite xénophobe recrute ses adhérents dans les égouts, parmi les rats. Quelle surprise!
Un porte-parole du Parquet de Dresde [1], Wolfgang Klein, doit déterminer sous peu si des propos tenus par cet émule du Führer ne seraient pas constitutifs d’une infraction criminelle, l’incitation à la haine raciale.
Des propos dans lesquels le bonhomme qualifie notamment les réfugiés de salauds ou de bêtes dont il est faux d’affirmer qu’ils fuient des conflits.
Il vaut la peine de lire certains des commentaires laissés par les lecteurs de l’hebdomadaire Le Point, dont la ligne éditoriale est réputée plutôt conservatrice bien qu’il soit ouvert à un éventail d’opinions.
- Une certaine dose de xénophobie n’est pas inutile à la pérennité d’une société et il convient de ne pas la confondre avec le racisme. Les réflexes protecteurs relèvent de la biologie sociale et n’impliquent nullement une croyance dans la supériorité sur le voisin ou l’étranger. – Ismaëlle, citant elle-même Claude Lévi-Strauss (Le regard éloigné).
- Quand on veut déconsidérer quelqu’un qui a une idée qui dérange la doxa dominante, on l’assimille à un personnage horrible du passé. – Jeannot50
- [ndlr: un personnage horrible du passé, Hitler, genre, comme…]
- Les leaders du mouvement Pegida doivent faire attention à ne pas se faire récupérer par les néo-nazis, ils doivent s’en démarquer, sans quoi l’angle d’attaque par les pro-islamisation bien-pensants sera du pain béni. – Astérix
- [ndlr: à sa base, PEGIDA est né dans le cerveau d’un islamophobic White Supremacist et comme tous les mouvements populistes, le groupe a rallié à sa cause bon nombre d’adhérents qui croient en sa bonne foi]
- L’assimilation du leader du mouvement anti islam au nazisme est d’autant plus incongrue que Hitler à toujours mené une politique pro arabe. – Lusitanias
-
Ses motivations sont tout à fait honorable. l’islam est le cancer dont il faut se débarrasser – Waldorf
- Aucun rapport. Hitler était anti-sémite mais pas anti-islam, et pour cause…
Bachmann est un patriote qui se défend contre une véritable menace pour le monde occidental, les journalistes n’ont rien compris une fois de plus… – Alain Deloin
Eine kleine debatte (« petite discussion animée »)
Que Hitler lui-même ait été davantage judéophobe qu’islamophobe, comme le soulignaient Alaien Deloin et Lusitanias, je m’en krisse d’autant plus que ça n’est pas pertinent. Et non seulement ça n’est pas pertinent, mais il y a à cela des explications qui devraient sauter aux yeux.
Aujourd’hui, l’idéologue braqueur entend nettoyer l’Europe des mousselimes, parce que ce sont eux – et pas les Juifs – qu’il perçoit comme une menace à la pérennité de l’Europe.
Évidemment. À travers le monde, les Juifs ne sont que 15 millions, et les Musulmans, 1000 fois plus nombreux (bien que mille fois moins influents!). En raison des liens coloniaux de la France avec le Maghreb et de la Grande Bretagne avec le Pakistan, ces contrées ont subi depuis quelques décennies un raz-de-marée mousselime – tout étant bien sûr relatif. En Allemagne, ce sont des Turcs, principalement parce que l’Allemagne avait besoin de main d’oeuvre à bon marché pour alimenter ses usines.
Si Hitler n’a pas cru nécessaire d’exterminer les Arabes, c’est parce que dans les années 30, les Arabes ne constituaient pas une menace, ni pour l’Allemagne, ni pour la race aryenne. Ils étaient absents. L’omniprésence des Juifs dans les hautes sphères (arts, banques, commerce …), par contre, a alimenté la paranoïa du petit Moustachu à l’égard de ce qu’il qualifia de peste juive. Voilà pourquoi il a voulu éradiquer la vermine juive et, tant qu’à y être, la vermine fifi et la vermine Rom.
Quiconque se réclame dans l’Europe de 2015 de cette pensée ethnocentriste qui animait Hitler va plutôt songer à mettre fin par tous les moyens – licites et illicites, à ce qu’ils perçoivent comme l’islamisation accélérée de leurs villes et cantons.
D’où ce slogan accrocheur dont les premières lettres (en allemand) forment le mot PEGIDA: Patriotes Européens unis contre l’islamisation de l’Occident.
Si l’Allemagne avait compté en 1939 autant de musulmans qu’elle en compte en 2015, le petit Führieux à moustache les aurait invités à ses fourneaux! Bref, c’est la faute des musulmans si les Juifs ont été gazés par le régime nazi; c’est de leur faute, parce que dans leur grande lâcheté ils ont attendu le moment propice pour « envahir l’Europe » et contaminer les cerveaux.
Surtout qu’il est facile de les accabler: ils tuent en invoquant le nom d’Allah et l’injure faite au Prophète!
- Années ’30: Patriotes Aryens unis contre la judéisation de l’Allemagne.
- Années 2000: Patriotes Européens unis contre l’islamisation de l’Occident
Même réaction xénophobe malsaine. Même repli identitaire. Même déferlement de haine. Même désir de nettoyer les écuries de cette vermine qui, soit-disant, les menace.
Voilà.
Impossible!
Impossible, rétorqueront les dretteux. Impossible, parce que les islamistes d’Al Quaeda, de Boko Haram ou du Califat Islamique (Daesh, ISIS ou whatever) sont eux-mêmes des fachos.
Oui, ceux qui assassinent en invoquant le nom d’Allah ou la vengeance du crisse de prophète sont eux-mêmes des fascistes. So what? Que six millions de Juifs aient été réduits en cendres pendant la Shoah n’aura pas empêché Israël de se comporter en goujat face aux Palestiniens… Bref, tous les fascistes ne sont pas de la même engeance, et les uns peuvent très bien se méfier des autres au point de souhaiter leur éradication.
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[1] Pour les non-initiés, le Parquet, c’est l’équivalent de ce qu’est, au Québec, la Direction des Poursuites Criminelles et Pénales. Ou, dans l’ancienne terminologie, l’avocat de la Couronne
la page à papi 