Le projet de mosquée du Centre culturel musulman de Shawinigan ne verra pas le jour dans le secteur Shawinigan-Sud […] Le conseil municipal a modifié le règlement de zonage du terrain qui aurait permis aux musulmans de la région d’avoir un lieu de rassemblement. – Samuel Duranceau-Cloutier, L’Hebdo du St-Maurice, 10 février
Shawinigan a refusé qu’une mosquée s’implante sur son territoire en raison de la peur de ses citoyens face à l’intégrisme. La Ville de Shawinigan admet avoir refusé un changement de zonage pour l’implantation d’une mosquée en raison de pression citoyenne. – Amélie St-Yves, Le Journal de Québec, 13 février 2015
Lors d’un point de presse, le maire Michel Angers a affirmé que plus l’adoption finale du règlement approchait, plus la pression montait auprès des élus. Il a expliqué que les conseillers et lui ont reçu de nombreux appels téléphoniques, des courriels, des textos et des messages sur les médias sociaux au cours des dernières semaines. – Radio-Canada, 13 janvier 2014
Shawinigan, c’est à 20 km d’Hérouxville… L’agglomération de recensement de Shawinigan comptait 55009 habitants au recensement de 2011, en baisse de 1425 depuis 2006 (moins 2,5%). Au milieu de cette multitude se dressent, menaçants, une soixantaine de musulmans. C’est l’invasion, quoi!
Le maire de Shawinigan se sent piégé: « Les gens de Shawinigan n’ont pas peur des musulmans, ils se connaissent, ce sont leurs voisins. Ce dont ils ont peur, c’est de ce qui pourrait venir d’ailleurs. » – Radio-Canada, 13 février
Pendant ce temps, le délire triomphe dans le Hournal de Québec.
- C’est quoi ce titre à la con! Shawinigan cède à la peur???!!! Je dirais plutôt, enfin du monde qui se tient debout!!! Je suis tellement écoeuré des gros titres biaisés et des journalistes qui louvoient.
Madame St-Yves, on jurerait que vous voulez aider la cause des islamistes en écrivant de la sorte. Il est temps que le Québec se réveille avant qu’on soit tous islamisés!!! – J. Tremblay
- Il est donc tout à fait légitime de vouloir stopper la propagation de cette culture extrémiste malsaine et archaïque qui va à l’encontre de nos valeurs. Nous devons leur interdire l’entrée au pays. – J. Tremblay
- Shawinigan cède plutôt au bon sens, et nous sommes tous derrière eux.
En outre, la peur est parfaitement justifiée devant une religion dégénérée. – Martin Landry
- faut leur dire de façon claire qu’ils ne sont pas les bienvenu chez nous, ca fait 10,000 ans qu’ils s’entre tue avec leurs voisins…. – Fantaisies 1
Le père du Code de vie d’Hérouxville, André Drouin, en a rajouté une couche:
«J’applaudis la décision de la Municipalité. Dans une démocratie comme la nôtre, lorsque la population s’élève en majorité contre quelque chose ou pour quelque chose, il faut que les élus les écoutent»
«Avec tout ce qui s’est passé dans les derniers mois au Canada et dans les dernières années en Europe, je pense que les gens ont peut-être certaines raisons de craindre qu’une mosquée devienne un foyer propice au radicalisme et même au terrorisme.» – André Drouin, cité dans Le Nouvelliste (Olivier Gamelin), 13 février 2015
L’auteur-compositeur Stéphane Venne a publié pour sa part sur Twitter, à 07h00 ce 14 février: « Le pitch des intégristes aux Musulmans c’est « Vous ne serez chez vous QUE dans un état religieux islamiste« . Shawinigan leur donne raison. Triste. » Voilà qui traduit bien mes craintes profondes; cessons de nourrir la radicalisation! Un certain Benoit Richard l’a formulé autrement, sur le site de la SRC: « Ce conseil de ville vient de donner un coup dans le dos des extrémistes et du terrorisme en leur disant, vous avez gagner on a peur et on plis à cette peur. »
Le fin mot de l’histoire?
Les élus de Shawinigan soulignent avec raison que soixante terrains ou édifices sont zonés « lieu de culte » sur le territoire de Shawinigan. Et légalement, tout lieu zoné « lieu de culte » peut accueillir insistinctement un temple bouddhiste, une église, une synagogue, une mosquée, une salle du Royaume des Témoins de Jéhovah, un temple sikh ou peu importe; ça n’est donc que partie remise et les opposants n’ont rien gagné, sinon le privilège de faire parler d’eux un peu partout dans le monde francophone et musulman.
Il y aura donc mosquée… ailleurs. Mais ailleurs, ça risque de perturber davantage les voisins, alors qu’au milieu d’un parc industriel, l’affluence des fidèles ne risquait pas de provoquer le même genre de frictions auxquelles sont habitués les voisins de la synagogue Bobov à Montréal. J’avais abordé en juin 2011 ces réactions hostiles des francophones du secteur, outrés par ces maudits Juifs qui occupent tous les espaces de stationnement disponibles et qui se stationnent en double quand ils ne trouvent pas d’espace.
Tout ça parce que Philippe Couillard est trop lâche pour prendre ses responsabilités. Tout ça parce que sa ministre Kathleen Weil se dit prête à embaucher un intégriste au sein de son cabinet, avant de s’en défendre; peut-être les ministériels devraient-ils se cotiser et se payer un dictionnaire – austérité oblige! Quoique la commission Bouchard-Taylor avait proposé une définition fort convenable, me semble-t-il… Mais de toute évidence, Couillon ne veut pas risquer d’indisposer les communautés juive et musulmane, dont 80% du vote lui est acquis…
Ce que j’en pense? J’exècre toutes les religions, puisque toutes les religions traînent leur part de barbarie, de fanatisme, d’ignorance, de superstition et de supercherie. Mais je respecte le droit des gens de pratiquer leur religion. Et je suis convaincu que mettre dans le même sac musulmans et islamistes est l’une des meilleures façons de nourrir l’intégrisme. Que le Conseil de Shawi s’incline devant la volonté citoyenne est certes démocratique et de toute façon il n’avait pas le choix. Que la population soit craintive est normal mais que cette crainte l’emporte sur le bon sens est triste. Il est irréaliste de croire que le Canada et le Québec puissent empêcher toute présence musulmane dans notre société; exprimer un tel souhait est aussi improductif que réducteur. Après Charlie Hebdo, on a vu des communautés musulmanes locales et nationales exprimer leur désaccord avec de tels actes et s’en dissocier. Est-ce suffisant pour rassurer les gens d’autres croyances? Je ne le crois pas. Il faut que les musulmans eux-mêmes en fassent davantage pour contrer l’intégrisme dans leurs rangs de façon efficace et sans ambiguïté possible. Refuser cette mosquée dans les règles légales, quitte à exiger et imposer certaines garanties, était un excellent moyen d’augmenter les frictions plutôt que de les apaiser.
@ Robert
Les médias ont pour mission d’informer mais ils ont généralement incapables de bien identifier le clou sur lequel ils devraient frapper. Isabelle Richer à Ici.Radio-Cacanne ou Yves Boisvert à La Presse possèdent les connaissances qui leur permettraient d’identifier LE point (en politique, on parlerait de « ballot question »), mais leur employeur ne les affecte pas à la couverture factuelle ou éditoriale de l’actualité religieuse.
Or, à Shawinigan, c’est aussi une question de droit municipal et de droits acquis. Le problème, c’est que je n’ai trouvé dans les actualités rien qui puisse confirmer ou infirmer. En droit, il y a une maudite différence entre
a) refuser de modifier un règlement de zonage pour autoriser un usage jusque là interdit (celui de lieu de culte) dans un secteur zoné industriel
b) refuser d’émettre un permis pour un usage déjà autorisé
c) modifier le règlement de manière à interdire après le dépôt d’une demande de permis un usage qui était jusque là autoriséé
Dans l’hypothèse (a), la ville est dans son droit, et ce, indépendamment des motifs invoqués et même si il apparaîtrait opportun d’autoriser un usage particulier qui ne serait pas incompatible par ailleurs avec les usages déjà autorisés ou les droits acquis des voisins.
Dans les deux autres hypothèses, la communauté musulmane pourrait invoquer avec succès un droit acquis et forcer la main des élus devant un Tribunal. C’est ce que j’ai eu l’occasion d’enseigner pendant quelques années et je l’ai moi-même testé devant les tribunaux.
Les médias ne précisent pas vraiment à laquelle des trois hypothèses les élus étaient confrontés; au contraire, les sources ne semblent pas concorder. Pourquoi cette lacune? Tout simplement parce que les auteurs des articles de journaux ne saisissent pas eux-mêmes l’importance de le préciser.
C’est ce petit extra que je puis apporter à l’information brute; et tant pis pour les pisse-vinaigre comme – par exemple – ce « Pistache » qui s’offusquait ce 10 février que j’affiche une telle « distanciation » dans mes commentaires sur l’affaire Guy Turcotte.
J’ai eu trois enfants, qui à leur tour m’ont fait neuf fois grand-père. Sans compter les cinq autres qui m’appellent (ou m’appelaient) Papy. Et j’ai défendu devant la Cour quelques centaines d’enfants victimes des abus d’un adulte. Alors qu’on ne vienne pas me dire à moi que je méprise les émotions que peut inspirer le sort fait à ses deux petits anges par Guy Turcotte. Ces émotions-là, j’en suis capable. Mais je suis capable de les transcender.
On pourrait dire la même chose de l’intégrisme et du fondamentalisme religieux; ça m’inspire l’horreur. Mais je suis capable d’aller au delà, alors que d’autres préfèrent en tirer des conclusions pour le moins fantaisistes, qui n’ont pas lieu d’être. Distanciation, ou capacité de garder la tête froide?
Bonjour Papitibi. Si je me fie à ce que j’ai lu, il s’agissait d’un règlement visant à modifier le zonage. Toujours si je ne me trompe pas, le formulaire de demande de modification a été rempli; le comité consultatif sur l’urbanisme avait fait rapport au conseil municipal; ce conseil avait adopté le projet de règlement; le registre pour demander un référendum a été ouvert; par manque de demandes valides, il n’y a pas eu de référendum. On en était donc rendu à l’article 135 al.2 de la LAU, c’est-à-dire à l’étape où le conseil DOIT adopter le règlement sans modification.
Je ne m’y connaît pas en droit municipal alors je ne sais pas si l’obligation d’adopter un règlement sans modification permet de ne pas adopter de règlement. Il me semble que le conseil municipal a toutes les options seulement au moment où il reçoit le rapport du comité consultatif sur l’urbanisme. Là, il peut demander des précisions, accepter ou refuser la demande de modification de zonage. Après qu’il a accepté la demande, le reste du processus, c’est de la consultation populaire des personnes habilités et concernées. En refusant d’adopter le règlement de modification, le conseil municipal a contourné la LAU en prenant en considération l’avis de personnes qui n’étaient pas habilité à donner cet avis selon la LAU.
Le fond du problème est encore et toujours cette peur irrationnelle de se faire islamisé.
@ Letight
Cette disposition vise uniquement à empêcher le Conseil municipal d’adopter un règlement dont le texte pourrait différer de celui sur lequel les électeurs se sont prononcés par référendum; par contre, elle ne saurait obliger les élus à adopter un règlement.
@ Vous , plus haut on cause de Religion et j.ai promis à Ma Mère et Tante Cécile , de ne pas aller trop loin sur le sujet , ELLES savaient elles aussi à l’endroit des religieux et de ce qui se passait 80 ans avant.
J’aime mieux causer de zonage et de droits acquis. Ce n’est plus comme voila 20 ans QUE JE PENSE.
Exemple = > un droit acquis , fallait qu’il soit conforme au Code Civil du Québec.
Je viens de lire et je n’ai pas vu cela ……. Je relis encore , c’est comme les règlements Municipaux , le Code Civil du Québec.
La Queenne et la King James , est-ce que Drainville et PKP , en ont déjà entendu parler ?
Si oui , faudrait qu’ils disent à ceux qu’ils veulent Souverainiser c’est quoi qu’à fa là au Québec la Queenne dans les palais de justice…………
Jean-Marie De Serre.