Quatre gars, une fille. Le débat modéré par Anne-Marie Dussault, c’était pareil comme que c’était en ’56 quand The Platters, – eux-autres itou, c’était quatre gars avec une fille – entonnaient dans une remarquable harmonie de voix leur immense succès, The Great Pretender!
Oh-oh, yes I’m the great pretender
Pretending that I’m doing well [paroles et musique: Buck Ram]
On a retrouvé dans ce débat presque autant d’harmonie dans les voix, comme que là, là, sur la photo, alors qu’ils hurlaient tous en même temps ! Sublime…
Qui c’est qui l’a gagné, ce débat-là, là, là? Tit-Gilles. Qui c’est qui l’a perdu? Junior… Trudeau a esquivé la question – pourtant fort simple – sur le droit à mourir dans la dignité; après une tentative de triple salto arrière, il s’est enfargé dans ses patins à deux lames et en guise de réponse (!), il a proposé une baisse d’impôts. C’était pas la seule réponse « pas rapport » de la soirée mais c’était, et de loin, la meilleure plusse pire. Shocking, et particulièrement insultant pour les personnes visées, a commenté Manon Cornellier (Le Devoir), au 24/60. Toutes ces dérobades face à des questions qui les embarrassent, d’enchérir Vincent Marissal, sont autant d’outrages au téléspectateur…
L’Arabie Saoudite, votre alliée? Très bien, j’en prends note (Duceppe)
Nous accepterons Monsieur Badawi qu’il soit citoyen Canadien à n’importe quel moment mais ça n’est pas juste de punir les travailleurs d’une usine à London pour ça. – Stephen Harper, débat du 24 septembre
Puis, en point de presse. le 25 septembre, Harper essayait tant bien que mal de justifier sa réponse:
Ça va donner des jobs directs à 3000 Canadiens, alors c’est naturel pour notre pays de dénoncer des pratiques à l’Arabie Saoudite mais nous devons avoir le commerce et nous devons créer des emplois pour nos travailleurs ici [ndlr: l’usine de General Dynamics, London]
La réplique de Tom Mulcair est un peu molle, à l’extrême limite de l’acceptable: « il faut se poser ces questions-là sur le bilan des droits de la personne AVANT d’accorder un contrat« . Bien sûr, le NPD – et les troupes de Junior – courtisent les travailleurs du sud de l’Ontario et ne sauraient se permettre de remettre en doute la légitimité de ces 3000 emplois… À cet égard, oui, le Bloc fait oeuvre utile, lui qui peut se permettre d’attaquer sans le moindre rsque de perdre un seul vote. Mais la réaction de Gilles Duceppe aurait-elle été la même si l’usine avait été située à Bécancour, à Mirabel ou à La Pocatière? Heu…
Aussi timide soit-il, le commentaire de Tom Mulcair n’en est pas moins pertinent… tout comme il est le reflet des politiques que pratiquait Stephen Harper lui-même à l’égard de la Chine, dans les mois qui ont suivi son entrée en fonction: pas question, affirmait-il alors, de faire des affaires avec la Chine. Le Canada ne va pas sacrifier son âme et son profond attachement au respect des droits de la personne sur l’autel du dieu-dollar…
« I think Canadians want us to promote our trade relations worldwide, and we do that, but I don’t think Canadians want us to sell out important Canadian values, » Harper said. « They don’t want us to sell that out to the almighty dollar. » – CBC News, 15 novembre 2006
Pour la cohérence du discours, on repassera. Surtout que depuis, Harper a autorisé une société d’état chinoise à prendre le contrôle de Nexen et de permettre ainsi à l’état Chinois d’exercer le leadership dans le développement des sables bitumineux albertains.
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Le one-liner assassin de Gilles Duceppe – L’Arabie Saoudite est un de vos alliés, très bien, j’en prends note – n’a laissé à Stephen Harper aucune chance de corriger le tir; le segment prenait fin au même instant et Anne-Marie Dussault a du enchaîner sur un autre sujet [1].
Assurer la sécurité nationale? Bullshit!
À souère, crachait Robert Charlebois dans son micro, on fait peur au monde. À souère, répète à satiété Stephen Harper, on fait peur au monde avec le niqab de Zunera Ishaq, cette universitaire d’origine pakistanaise.
I am Zunera Ishaq. I am a mother. I am university educated […] I also wear a niqab. And according to my prime minister, that is all you need to know about me to know that I am oppressed. – Zunera ishaq, dans the Toronto Star, 16 mars 2015
Cette femme est-elle radicalisée? Est-elle une dangereuse fondamentaliste? Une dinde opprimée par son clan ou son mari? Non. Trois fois NON. Pourtant, elle S-E-M-B-L-E inspirer au gouvernement Harper une plus grande frayeur que ces milliers de km de pipeline qui traversent nos rivières et ces 500000 wagons-citernes qui risquent d’exploser dans nos villes et villages en raison d’une abdication progressive de ses propres responsabilités.
Qui, de Stephen Harper ou d’une niqabée, constitue la plus grande menace à la sécurité des Canadiens?
La question a été à peine effleurée au débat de la French CBC. Pourtant, il y aurait eu là matière à débattre des heures durant.
C’est l’une des principales responsabilités d’un gouvernement de protéger le public. Avec M. Harper, il [ndlr: le gouvernement] a évacué les Lois, il laisse les compagnies ferroviaires s’inspecter elles-mêmes et en plus, il laisse les compagnies qui font de la production alimentaire s’inspecter elles-mêmes. C’est pour ça qu’on a eu les deux plus importants rappels de viande avariée de l’histoire du Canada. Il faut que le gouvernement ASSUME le rôle de protection du public. – Thomas Mulcair
La réponse de Stephen Harper: « Les bilans des pipelines sont trrrhès sécuritaires. » ou encore « Nous, on encourage le développement dans le secteur énergétique« . Pas un mot sur les 22 morts par empoisonnement alimentaire, ni sur les quatre douzaines de morts à Lac-Mégantic, ni sur la destruction de son centre-ville. Nous, on développe les ressources. Nous, on baisse les impôts. Nous, on donne aux entreprises un cadre réglementaire ultra-léger, ce qui leur permettra de verser de générrheux dividendes à leurs actionnaires.
En 2008, 22 personnes sont décédées de la listériose après avoir consommé des produits de charcuterie contaminés dans une usine de transformation de Maple Leaf Foods, à Toronto. Que le président d Maple Leaf ait géré la crise avec compétence n’y change rien: ces 22 Canadiens sont alors décédés en raison de l’idéologie libertarienne de Stephen Harper, tout comme les victimes de Lac-Mégantic..
Après Maple Leaf Foods en 2008, XL Foods en 2012; cette fois, la prolifération du bacille E.coli
Ce fondamentaliste chrétien a-t-il su tirer des leçons des conséquences de la déréglementation et de l’abandon par le gouvernement de ses responsabilités en matière d’inspection alimentaire? Nul besoin de multiplier les inspections, après tout, les rabbins qui procèdent à la certification cachère vont s’en occuper et ça ne va pas coûter une maudite cenne aux contribuables!
Alors, pour bien montrer qu’il a n’a rien compris aux leçons du passé, Stephen Harper promet d’adopter une loi interdisant au gouvernement d’augmenter les taxes et les impôts – une législation de type « tax lock », sur le modèle de la Loi adoptée par le gouvernement Cameron en Grande-Bretagne. Bref, cette Loi interdira au gouvernement d’engager des sommes additionnelles dans l’inspection des voies ferrées qu’empruntent 500000 wagons citernes par année et dans l’inspection des produits alimentaires…
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[1] J’ai déjà participé, moi, à un débat télévisé; nous étions quatre à débattre en studio, et j’avais joué le chronomètre, selon l’expression consacrée. Alors que j’étais le dernier à prendre la parole, j’avais « étiré » mon intervention jusqu’aux toutes dernières secondes, où j’avais conclu par un retentissant « vous mentez, Monsieur le Maire ». Pôv’ Monsieur le Maire, il avait bondi de son siège mais le show était canné, les caméras et les micros étaient fermés… et il avait perdu à plate couture ce référendum qu’il aurait dû pourtant gagner haut la main.