Dans une entrevue exclusive à ICI.Radio-Moustache, l‘Honorable Jason Kenney, ministre de la déportation des réfugiés syriens, a confirmé qu’un gouvernement Conservateur réélu s’engage à bannir la pratique du badminton au Canada.
En raison de son aspect, de déclarer l’Honorable, le volant de badminton évoque la silhouette de la femme portant niqab ou burqa, et il constitue par le fait même une forme de propagande visant à en faire la promotion. Et ça, d’ajouter le Ministre Kenney, c’est contraire aux saines valeurs canadiennes. En somme, le niqab, on ne veut pas le glorifier par la pratique du badminton; on DOIT au contraire le cri-mi-na-li-ser.
Un virage à 180 degrés?
Le 12 décembre 2011, Jason Kenney affirmait:
Tout ce que nous demandons aux futurs citoyens canadiens, c’est qu’ils puissent satisfaire aux exigences de la Citoyenneté et que devant leurs pairs, ils prêtent serment de loyauté à l’égard de nos traditions séculaires. Cet engagement est la pierre d’assise de la société canadienne. C’est pourquoi, à compter d’aujourd’hui, le ministère que je dirige va imposer à tous les participants à une prestation de serment qu’ils le fassent à visage découvert. – le ministre Jason Kenney, cité dans le National Post, édition du 12 décembre 2011
D’où cette directive ministérielle que le bon monsieur avait adressée à tous les juges de citoyenneté à travers le Canada [1]. C’est cette directive ministérielle que la Cour fédérale a déclarée inopérante le 6 février 2015, au motif qu’une simple directive ne saurait faire échec à un règlement ou à une Loi. Zunera Ishaq a donc pu être assermentée sous son niqab, ce 9 octobre, et elle pourra donc voter Libéral le 19 octobre.
Mais le même Jason Kenney avait exprimé un tout autre avis en novembre 2009, alors qu’il participait à The Agenda, l’émission-phare de TV Ontario. Steve Paikin interrogeait alors le Ministre-girouette:
Question: « Auriez-vous pu faire un pas de plus et affirmer que les valeurs canadiennes peuvent très bien s’accommoder de ces femmes qui déambulent dans les rues de Mississauga revêtues de leur burqas? »
Réponse: « Si on devait débattre de cette question, mon opinion personnelle est en quelque sorte le reflet des valeurs britanniques de tendance libérale : il n’appartient pas au gouvernement de dire aux gens quel vêtement ils ont le droit de porter et quel vêtement il leur est interdit de porter.
Une telle ordonnance serait de toute évidence illégale et en violation flagrante des droits des citoyens. Cela dit, si la population souhaite discuter de ces pratiques culturelles, je les encourage à le faire » [ma traduction] [2].
L’entrevue de Jason Kenney – une quinzaine de minutes au total, est disponible sur la chaîne YouTube du diffuseur TVO; cet extrait débute à 06:45, plus ou moins.
Cé-t-y moé qui a pas bin compris, ou bedon ça se pourrait-y que la position exprimée par le Ministre Honorable Jason en 2009 soit – finalement – en tout point identique à celle qu’ont fait valoir MM Mulcair et Trudeau en 2015? Tut tut tut, me chuchote à l’oreille un électeur néo-démocrate: tu fais erreur, vieux Papy! Tom Mulcair, lui, est pris d’un profond malaise à la vue de ces reliques médiévales. Et ce malaise, Jason Kenney ne disait pas le partager, du moins en 2009.
Jason Kenney sur le Chemin de Damas
Les plus vieux – ceux qui auront reçu full éducâssion judéo-chrétienne, se souviendront davantage du chemin de Damas que de Damas, capitale de cette Syrie des Al-Assad, Bachar et son défunt papa Hafez.
Comme il était en route et approchait de Damas, une lumière venant du ciel l’enveloppa soudain de sa clarté. Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? ». Il répondit : «Qui es-tu, Seigneur ? — Je suis Jésus, celui que tu persécutes. Relève-toi et entre dans la ville : on te dira ce que tu dois faire». – Les Actes des Apôtres, Acte 9, versets 3
En Vérité en Vérité je vous le Dis: ce jour-là, sur le chemin de Damas, Saul-le-Mécréant est devenu St-Paul. Ecce miraculum! traduction approximative: ça parle au yâb, réglisse de tabarnouche!
Qu’est-ce qui a fait changer le p’tit Kenney? Ça doit être les p’tits puddings Laura Secord, comme pour le p’tit Simard dans le temps. Le gars avait des principes; Harper en a fait une pute. Crois en Harper ou meurs… C’est ça, le chemin de Damas de Jason…
Da jia hao – Hello Everybody!
Relève-toi et entre dans la Ville? C’est pourtant de ça que le Grand Kâlisse de Kalife rêve de faire – entrer dans Damâsse pour en extirper c’te maudite race de réfugiés qui sont pas sur le bon bord de l’islam!
Bref, les réfugiés, ils essaient d’entrer à la file indienne dans not’ bô Canada, mais heureusement, le Kalife à moumoute veille à la sécurité de l’État et repousse de nos rivages ces réfugiés qui pusent le mousselime pourri!
Le printemps dernier, le bureau du Premier-Ministre a ordonné aux agents d’immigration d’interrompre le traitement des demandes en provenance de l’une des catégories les plus vulnérables parmi les réfugiés syriens et il s’est arrogé un pouvoir exclusif de décision à l’égard de tous les réfugiés référés par l’ONU, une décision qui eu pour effet de rendre illusoire la réponse canadienne à cette crise mondiale.
[…] Le Bureau du premier-Ministre a ainsi pu avoir accès à des fichiers considérés comme protégés et comportant des renseignements personnels tels que les antécédents médicaux et l’historique des évasions, ce qui risque de remettre en question le principe de la confidentialité et la sécurité entourant les renseignements personnels.
En raison de cette directive et de la multiplication des procédures de filtrage, les familles dont le Haut-Commissariat des Nations Unies avait déterminé qu’elles devaient être relocalisées devront attendre plus longtemps avant de trouver refuge au Canada. Cela signifie également qu’un nombre restreint de Syriens auront pu être déclarés admissibles au parrainage citoyen alors que la noyade en août d’un bambin de 3 ans, Aylan Kurdi, avait suscité un immense élan de générosité envers les réfugiés. [ma traduction] – Joe Friesen, The Globe and Mail, 8 octobre 2015
La légalité de cette procédure est plutôt douteuse, mais les Conservateurs n’en sont pas à une illégalité près. Surtout, que tous ces larbins au cerveau flasque (dont le gros Han-Luc) se le disent: ce n’est pas le soit-disant gouvernement des juges NON ÉLUS qu’il faut craindre. C’est le inner circle du Premier-Ministre, dont le poids politique excède celui de tous les ministres, de tous les députés, de tous les sénateurs et de tous les juges réunis. By the way, aucun de ces conseillers et lobbyistes qui orientent la politique canadienne dans tous ses aspects n’a été élu [3].
Quoi qu’il en soit, devant un parterre d’électeurs d’origine chinouèse et derrière un lutrin au slogan bilingouale (anglais et mandarin), le kalife à moumoute a nié que son cabinet ou lui-même aient pu s’immiscer dans le processus de sélection des réfugiés, avant de fuir la scène sans répondre à une seule question de ces vautours de journalistes, de rapporter le National observer.
Crédible, le Grand Calife de Calgary? Peut-être le serait-il davantage s’il n’avait pas répété à satiété que son gouvernement va toujours privilégier les réfugiés de confession autre que musulmane puisque, dit-il, ils sont plus vulnérables que les réfugiés de foi musulmane face à l’État islamique…
M. Harper veut donner la priorité aux Syriens issus de minorités religieuses et ethniques comme les chrétiens et les Kurdes. Le HCR [ndlr: Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés]n’identifie pas les réfugiés selon leur appartenance religieuse ou ethnique. – la Presse Canadienne, 8 octobre 2015
Le jupon dépasse…
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[1] Le 22 avril 2015, j’ai croisé dans un corridor du Centre Hospitalier Rouyn-Noranda un vieux pote, juge retraité de la Cour du Québec. Échange de salutations, en des termes que le passage des ans n’a jamais altérés même s’il les a rendus obsolètes: « Monsieur l’avocat… » « Monsieur le Juge, mes respects… » – des civilités souvent suivies d’injures-bidon. Cette fois, je m’étais gardé une petite gène: le vieux pote semblait mal en point, recroquevillé dans un fauteuil à roulettes, modèle Lise-Thibault. T’a pris un p’tit coup de vieux, toi? À peine, à peine. qu’il me répondit, avant que sa femme et sa fille s’éloignent avec lui pour un suivi médical.
Si j’évoque aujourd’hui ce souvenir de mon ami Paul, c’est qu’il avait autrefois été fait « juge de citoyenneté » et des nouveaux citoyens, on peut dire qu’il en avait assermenté des tas. Sans niqab, bien sûr; Rouyn-Noranda, c’est pas Mississauga!
C’était vraiment un méga coup de vieux que l’ami Paul avait pris; il s’est éteint deux jours plus tard, à 75 ans.
[2] Entrevue Jason Kenney, The Agenda, 2009 (transcription de l’original):
Question: Could you have gone further and said « It’s not consistent with Canadian Values to have women walkin the streets of Mississauga in burqas?
Réponse: I get… whether there’s a debate about that… My own personal view is the sort of British liberal view that the Government shouldn’t be telling people what they do and don’t wear. We’re talking here about practices that are clearly illegal, that are violations of people’s rights. And beyond that, people want to have a discussion about other cultural practices, they are welcomed to it.
[3] Désolé Tom, mais je suis contre le gouvernement des juges!!!, écrivait cette grosse larve de Han-Luc le 5 octobre dans un commentaire que je n’ai jamais publié. Bien sûr, et pour peu qu’elle puisse reposer sur un minimum de réflexion, chacun (ce qui inclut le Han-Luc) a droit à son opinion; mais ce cul-de-plomb est de mauvaise foi.
[55] Comme un juge de la citoyenneté ne peut pas se conformer à la fois à la Politique et à l’alinéa 17(1)b) du Règlement, il convient de déterminer lequel des deux a préséance. Il ne peut y avoir incompatibilité entre le texte réglementaire et la loi en vertu duquel il est adopté (Friends of the Oldman River Society c Canada (Ministre des Transports), [1992] 1 RCS 3, à la page 38, mais nous avons affaire ici à un conflit entre le Règlement et la Politique, lesquels sont tous deux subordonnés à la même Loi. Toutefois, les règlements qu’adopte le gouverneur en conseil ont en général un statut juridique supérieur à celui des lignes directrices et des politiques. – jugement du juge Boswell, 6 février 2015 (extrait)
Le gouvernement des juges, c’est de la science-fiction. C’est un concept inventé par les démagogues et les imbéciles. Les juges sont soumis à la Loi et à la règle de droit; or la Loi et la règle de droit ont été imposées aux juges par les parlementaires, eux-mêmes inféodés au Prime Minister’s Office.