La publication d’un nouvel opus de Caïus Caesar Lisae, c’est toujours un événement: et comme le Grand Homme pète le feu, il y a, forcément, des éclaboussures:
L’émission de certificats de citoyenneté canadienne a bondi de «400 %» en 1995, une manœuvre motivée par l’intention politique du gouvernement fédéral de grossir le nombre d’opposants à l’indépendance du Québec, accuse Jean-François Lisée. «C’est condamnable», soutient-il en entrevue.
Pour empêcher que cela ne se reproduise, le député de Rosemont propose de légiférer afin «d’établir que, pour voter à des élections ou à un référendum québécois, il faut avoir acquis la citoyenneté canadienne depuis au moins 12 mois». – Tous les espoirs, livre à paraître. Jean-François Lisée (Le Journal de Montréal, 13 octobre)
Lisée n’a pas com-plè-te-ment tort: le gouvernement Chrétien avait accéléré le processus d’accession à la souveraineté de dizaine de milliers de néo-Québécois, dans l’espoir que les nouveaux arrivants voteraient massivement pour le NON. Le « vote ethnique » auquel référait maladroitement Jacques Parizeau au soir de la défaite référendaire, ça aurait du se limiter à CE vote-là, mais l’amertume et le bon vin avaient inspiré des propos dont tous les fédérastes se sont gargarisé…
Lisette Lapointe a réagi sur son fil Twitter: Scandalisée et indignée des propos de @JFLisee rapportés dans le @JdeMontreal ce matin. Venant de lui, pas surprise, toutefois…
Pourtant, au sujet de Monsieur et du « vote ethnique », je discours de Lisée n’a jamais varié d’un iota. De temps à autre, il fait mine de le ressusciter, ce qui lui permet
Je ne partage pas l’indignation de Madame Monsieur à l’égard de son défunt; m’enfin, César Lisée promet sur sa page ti-wézo que son ouvrage Octobre 1995 Tous les espoirs, constitue un éloge posthume de Jacques Parizeau. On pourra bientôt en juger… D’ici là, force est de constater que César sait vendre sa salade!
Faisant campagne à Granby, le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe s’est montré prudent dans ses propos au sujet de la suggestion de M. Lisée.
«Je veux prendre le temps d’analyser cette question, a précisé M. Duceppe. Je n’ai jamais commenté des choses sans prendre la peine de prendre le temps d’examiner les dossiers.» – TVA Nouvelles, 13 octobre 2015
Ce qui m’interpelle et me fait tiquer, par contre, c’est cette suggestion que fait Lisée de ne pas autoriser les nouveaux arrivants à voter à une élection ou à un référendum dans les 12 mois qui auront suivi leur prestation de serment.
Je m’inscris en faux.
Et de un, il n’est pas rare que des candidats à la citoyenneté canadienne choisissent de conserver leur statut d’immigrant reçu bien au delà de la date à laquelle ils auraient techniquement le droit de prêter serment et d’acquérir ainsi leur citoyenneté. C’est notamment le cas d’une amie à moi, Brioche [1], qui a grandi dans une famille luthérienne très stricte en pays Viking avant de s’envoler vers le Canada, où elle avait trouvé l’âme soeur… Elle était alors à l’aube de la vingtaine.
Ce n’est toutefois qu’en 1995 qu’elle a acquis la citoyenneté canadienne… oui, oui, juste avant le référendum. Elle avait franchi le cap de laquarantaine. Entre-temps, elle avait appris le français, avait fait de Rouyn-Noranda son home, sweet home, elle était devenue maman deux fois et… elle était devenue une sale péquiste allophone!
Et de deux, non seulement ma Brioche maîtrisait-elle parfaitement l’histoire du Québec et le fonctionnement de ses institutions des années avant d’obtenir sa citoyenneté, mais, comble de l’ironie, elle aurait pu les enseigner dans l’une ou l’autre des six langues qu’elle maîtrisait!
Bien sûr, Brioche n’est qu’un exemple, mais cet exemple illustre parfaitement un deuxième énoncé: il serait téméraire d’affirmer que les nouveaux-arrivants sont ignorants de nos institutions, au point d’avoir besoin d’une année de formation citoyenne (ou de propagande nationaleuse???) Le plus ridicule, c’est que, en vertu de la proposition Lisée, le détenteur Italien ou Polonais d’un doctorat sur l’évolution de la société québécoise est considéré comme totalement ignorant de la matière que par ailleurs peut-être il enseigne depuis 15 ans!
Pendant ce temps, une majorité de pure-laine bon-teint n’ont jamais entendu les noms de Félix Leclerc, de Jean Lesage ou de René Lévesque, et ils SAVENT que le Philippe-Couillard est l’une des 400 variétés de fromages d’ici; et bien sûr, informés comme qu’ils sont, le nom de Guy Lafleur leur rappelle vaguement des souvenirs. Ça doit être lui, le Premier-Ministre!
Mais PK Subban? Lui, par contre, ils savent qui c’est. Et ils savent, itou, que les Arabes, ça mange les enfants; il faut les retourner-back dans leur pays.
Aux urnes, citoéyins!
Si je vivais dans un conte de fées, le Québec serait un pays et moi, je voterais VERT. Mais Québec n’est pas un pays et peu importe qui sera Premier-Ministre (désigné) du Canada le matin du 20 octobre, le statut du Québec n’aura pas changé.
Au jeu de la boussole électorale, mon père est Gilles Duceppe et ma mère, Elisabeth May. Mais la vraie vie, c’est pas un jeu.
Dans la vraie vie, mon voisin s’appelle Stephen Harper et sa fosse septique déborde. Ça sent la marde et l’odeur a envahi le Québec entier…
Je sais de qui je ne veux pas, je sais qui j’ai demandé au Père Noël mais ce que je lui ai demandé, ça ne passe ni par la cheminée, ni par la porte patio, ni par les grandes fenêtres du salon, alors j’ai renoncé.
Je me serais bien contenté de mon deuxième choix, mais c’est kaput!
Alors va pour mon avant dernier choix, celui qui précède la fosse à purin. « Ma » candidate Libérule a du coffre, et comme Brioche, elle parle 6 langues. Et puis j’ai bien connu son papa…
Alors Libérule ce sera, minoritaire autant que possible . C’est le best que j’peux faire… Et c’est pas parce que j’ai oublié les divers mois d’Octobre, dont celui de Lisée. Ni le love-in. Ni les trudolinades, ni le rat, mais… que voulez-vous?
Oh, j’oubliais: douze circonscriptions à surveiller, dans le collimateur de LeadNow.ca. Dommage qu’aucune de ces 12 circonscriptions-charnière ne soit au Québec. http://www.votonsensemble.ca/riding/list/?filter=teams
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[1] Ma fille avait 13 ans quand Brioche et moi avons commencé à faire zwi-zwi. Stéphanie ne parvenait pas à prononcer son nom; appelle-la Brioche, alors!
Le surnom lui est resté… un bon goût de cannelle!