La rumeur court que l’un des ascenseurs de l’Assemblée Nationale relie directement le cabinet du Minisse Sam Hamard à une fosse septique « designed, engineered and built by Premier Tech ».
Fréquenter un ami qui est un récidiviste de l’agissement douteux ne rend pas cette personne coupable par association. Au sens de la loi, la simple amitié n’a rien de criminel. Mais dans la sphère politique, il y a ce qu’on appelle le jugement, le gros bon sens. Et lorsqu’il est question de Marc-Yvan Côté, on tombe dans les ligues majeures, comme on dit au baseball. L’homme est un champion du politiquement infréquentable.
Et le ministre Sam Hamad le savait très bien. – Alec Castonguay, L’Actualité, 1 février 2016
Les deux pieds dans l’Hamard…
A peine Radio-Canada aura-t-elle secoué le Hamad par ce reportage dévastateur présenté à Enquêtes le 28 mars que, dans un geste d’un rare courage, l’homme choisit de se réfugier en Floride, loin des regards des curieux.
Les deux pieds dans le sable…
Et les fesses nu-tête, sous le chaud soleil de Floride; les kodaks du réseau CBS ont traqué Samir LaGaffe à Naples, Floride:
A Canadian politician was spotted in Naples after being accused of ethical violations. Quebec’s treasury board president, Sam Hamad, is facing questions about his relationship with a disgraced former fundraiser. He was seen at his condo at Vanderbilt Country Club. – Christina Lusby, WINK News (CBS affiliate), 4 avril
Retour d’ascenseur 101: ze basics
Je comprends que le Hamad, il est ingniégnieur de formation; bref, le droit n’est pas sa tasse de thé. Par contre, et alors qu’elle était Directrice des Poursuites Criminelles et Pénales en 2009, sa conjointe Marie-Claude Gilbert a été nommée juge à la Chambre criminelle et pénale de la Cour du Québec; j’imagine qu’elle aura eu l’occasion de lui prodiguer ses précieux conseils en matière de conflit d’intérêt, de corruption et de trafic d’influence – pour peu, bien sûr que ce fut utile!
On me pardonnera sans doute de considérer plausible – sinon probable, l’hypothèse que madame Juge connaissait Marc-Yvan Côté… au moins de réputation. Et elle n’aurait pas mis son ingniégnieur de mari en garde contre les conséquences de ses fréquentations douteuses? Come on! Mais peut-être le Samer est-il tout simplement trop entêté pour considérer de s’amender? Ou trop macho pour entendre l’avis d’une simple fumelle, aussi avisés soient-ils? Ou, peut-être ces fréquentations de l’abominable magouilleur appartiennent-elles au jardin secret de Samer le ténébreux? Hum… bien piètre époux, alors!
Dans ses réponses, M. Hamad a montré qu’il ne comprend pas au moins l’esprit des lois qu’on a votées à la pelletée depuis cinq ans pour hausser les normes éthiques.
Par le délai qu’il a mis à écarter celui qui tient les cordons de la bourse de l’État, le premier ministre a montré qu’il ne comprend pas à quel point les Québécois sont écœurés de ça.–Yves Boisvert, La Presse Plus, 4 avril 2016
Avec égard, je crois que Yves Boisvert a ainsi occulté une grande part de ce que, en hommage à ce riche vocabulaire qui caractérise le bon docteur Couillard, il appelait les vraies affaires. LA question qu’il y a lieu de poser – LA VRAIE question, au sujet de Sam Hamad:
Son séjour chez Roche Services-Conseils ne serait-il pas à Sam Hamad ce que le fait d’être tombé dans la potion magique quand il était petit est à Obélix le Gaulois? Bref, Sam Hamad serait-il tombé dans le baril des relations d’affaires douteuses, au point où ce serait devenu pour lui comme une seconde nature?
Ingniégneur de formation, magouilleux par déformation?
Quant au docte et bon docteur Couillard, c’est à se demander s’il ne serait pas tout simplement tombé dans un baril de suffisance et d’arrogance… Un complexe de supériorité à l’égard de la plèbe, quoi! Le pouvoir de diriger le Québec ne lui est-il pas acquis de droit divin, dans ce contexte politique où l’opposition est morcelée et un bloc de comtés rouges ketchup lui est acquise quoi qu’il fasse?
Trois jours plus tard – trois jours TROP tard, le Couillard reconnaît enfin que son maître-collecteux de gros billets du Dominion aurait pu faire preuve d’une plus grande prudence. Traduction suggérée: il aurait dû faire ça à la noirceur, pour pas se faire pogner!
Retour d’ascenseur 200: ZE notions plusses avancées
a) les liens entre Sam Hamad et Marc-Yvan Côté
Le site web de l’Assemblée Nationale confirme que le Président du Conseil du Trésor, Sam Hamad, a porté de 1998 à 2003 le titre de Vice-Président principal chez Roche Ltée, Groupe-conseil. L‘entreprise de génie-conseil pratiquait-elle déjà, à l’époque, cette politique agressive de développement des affaires auprès des grands donneurs d’ouvrage comme – par exemple, le Ministère des transports?
Marie-Maude Denis, dont l’émission Enquête fait relâche, a révélé ce 6 avril que pour l’année 2009, Samir a ramassé $156000. De ce montant, combien de billets du Dominion lui sont tombés du ciel en raison de ses très excellentes relations avec Dieu le Père – que d’aucuns osent appeler familièrement « Marc-Yvan »?
Le site de l’Assemblée Nationale confirme sous l’onglet Marc-Yvan Côté que du 3 février 1994 à 2005, l’ancien Ministre Libéral avait occupé le poste de vice-président au développement des affaires chez Roche Ltée. Après ces longues fréquentations des deux potes au niveau de la haute direction de Roche Ltée, est-il plausible que Sam Hamad n’ait pas su que le job de Marc-Yvan Côté, c’était de corrompre? Heu…
b) Marc-Yvan Côté: les relations de corrupteur à corrompu
M. [Marc-Yvan] Côté a reconnu que chez Roche, il était avant tout impliqué dans le financement du PLQ, tandis que le président de Roche Mario Martel s’occupait du PQ. […] Il reconnaît sinon avoir participé à deux activités à Montréal, notamment au bénéfice de Philippe Couillard, alors qu’il était ministre.- Catherine Kovacs, Radio-Canada, 10 juin 2013
Lors de son témoignage à la commission Charbonneau, l’ex-vice-président de Roche, André Côté, avait expliqué que lorsque les projets de la firme de génie faisaient du «sur-place», celle-ci avait la possibilité d’obtenir «des rencontres» avec le cabinet du ministère des Affaires municipales.
Roche bénéficiait de telles rencontres privilégiées grâce à la «grande amitié» qui liait Bruno Lortie, le chef de cabinet de Nathalie Normandeau – ministre des Affaires municipales de 2005 à 2009 – et l’ex-ministre libéral Marc-Yvan Côté, alors consultant affecté au développement des affaires pour Roche. «On se servait de Monsieur Marc-Yvan Côté pour avoir une rencontre avec Bruno Lortie, a expliqué le témoin. – TVA Nouvelles, 17 mars 2016
Est-ce que Sam Hamad peut dé-cem-ment prétendre qu’il n’était pas au courant que son pote Marc-Yvan avait ses entrées pour secouer le cocotier et faire tomber les dollars?
c) le « développement des affaires » chez Premier Tech
Et de un, le maître incontesté du développement des affaires, Marc-Yvan Côté, était membre du CA et vice-président de Premier Tech pendant 22 ans, jusqu’à son arrestation par l’UPAC le 17 mars 2016.
Et de deux, que Premier Tech ait pu développer une technologie d’avant garde dans le domaine de l,environnement et ainsi su créer des emplois bien rémunérés dans le Bas St-Laurent, c’est une chose. Que Premier Tech ait pu asseoir
Premier Tech a reçu un préavis de blâme de la commission Charbonneau en avril 2015 pour avoir « participé à des stratagèmes de fausse facturation avec la firme Roche afin de contribuer à la campagne électorale » des libéraux. – communiqué de presse de la CAQ, 31 mars 2016
Je rappelle ici que dans son volumineux rapport final – 1741 pages – que j’ai simplement survolé, la Commission Charbonneau a rappelé les affirmations du témoin A [1], confirmant un financement occulte du PLQ à travers un processus de facturations-bidon entre Roche et Premier Tech; page 641 du rapport final – vigoureusement nié par Premier Tech (p. 644 du rapport). . Pages 641 et 644. , par des manœuvres dou s liens douteux entre Roche et Premier Tech, aux pages d
d) quelques questions découlant des échanges de courriel révélés à l’émission Enquête
- Pourquoi Sam Hamad aurait-il poussé si fort le dossier de Premier Tech, alors que
- il représente la circonscription de Louis-Hébert, une circonscription un peu éloignée de Rivière-du-Loup et de Premier Tech
- il n’est pas, à l’époque, titulaire d’un ministère à vocation économique, agricole, technologique ou écolo
- il n’est pas davantage Ministre responsable de la région Bas St-Laurent
- Dans les circonstances, à quel titre et pourquoi est-il mêlé au dossier?
- En a-t-il reçu le mandat du Coneil des ministres? Noooon!
- Est-ce en raison de ses relations avec un leveur de fonds notoire pour le PLQ, Marc-Yvan Côté?
- Auquel cas, qui a bien pu être à l’origine de cette initiative? La filière « financement occulte » du Parti Libéral – dans la mesure, bien sûr, où une telle structure devait exister? Ou l’entreprise Premier Tech par l’entremise de son vice-président Marc-Yvan Côté?
e) les courriels dont l’existence a été révélée par Radio-Canada
La transcription en est disponible sur le site de Radio-Canada. L’heure et la date n’y apparaissent pas mais elles étaient précisées à l’écran lors de l’émission, dont l’intégrale peut être vue – ou revue – [ICI].
Prochain épisode: ze retour d’ascenseur – ze notions de niveau post-doctoral
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[1] Sans doute par souci d’éviter de nuire à l’enquête de l’UPAC et aux poursuites susceptibles d’en découler, certains témoins ont été entendus à huis-clos par la Commission Charbonneau; tout au long du rapport final, le témoin A est cité près de 200 fois. L’annexe 5 du rapport comporte la liste des témoins, dont j’extrais ce qui suit à la page 46:
- 176: Bibeau, Pierre
- 177: Côté, Marc-Yvan (mis en état d’arrestation en mars 2016)
- 178: Ordonnance de confidentialité Témoin A (autre pseudonyme: Jean Gagnon)
- 179: Lortie, Bruno (mis en état d’arrestation en mars 2016)
- 180: Normandeau, Nathalie (mise en état d’arrestation en mars 2016)
L’ordre employé (témoins 177 à 180) par la Commission me suggère que les #177 à 180 pouvaient participer à un projet commun. Mais je puis me tromper…