Je m’étais levé à bonne heure, en ce dernier mardi de mars; Jean Lapierre devait rentrer au boulot après un congé en famille et je voulais m’assurer de ne rien rater de ces potinages, accent et autres saveurs du terroir madelinot qu’il devait livrer chez Arcand, au 98,5. C’est à 07:04 que Mémére Lapierre devait – en principe -chuchoter ses commérages et autres secrets du politique et de la politique; j’ignorais alors que son père venait tout juste de passer l’arme à gauche et que le retour en ondes de la Grande Gommère en serait décalé d’une semaine.
Six heures et des miettes, donc. J’étire le bras vers ma tablette, j’ouvre LaPresse + et je syntonise le 98,5 sur l’appli Tune In; Lapierre doit s’envoler vers les Îles de son enfance pour les funérailles de Lapierre l’Ancien. Et pour prendre soin de sa mère.
Tant pis, ce sera pour la semaine prochaine; j’me vire de bord pis j’me rendors. La Presse+ peut attendre…
Et puis, un fait divers: un petit aéronef s’est abimé près de l’aéroport de Hâvre-aux-Maisons, « sur la Côte Nord« . Non, non, scusez, c’est aux Îles de la Madeleine, avait rectifié le messager.
Annonce du matin: Jean Lapierre a affrété un petit bi-moteur qui le conduira aux Îles depuis l’aéroport de St-Hubert.
Annonce du midi: au moment même où l’aéronef affrété par le ci-devant devait se poser, un petit appareil en provenance de St-Hubert s’est abîmé aux Îles.
Deux plus deux, ça fait quatre. Pluie de tweets, de textos et de messages vocaux, laissés sans réponse. .
D’instinct, je retourne au 98,5 – l’un des domiciles professionnels de la Grande Commère des Îles. Ça fligne, ça flagne, Paul Houde n’est pas rassuré, sa voix blêmit de plus en plus: « Notre collègue et ami Jean Lapierre devait s’envoler ce matin vers les Îles de la Madeleine, nous sommes dans l’attente de ses nouvelles« . Entre-temps, des images de l’appareil en lambeaux ont circulé et la SQ confirme qu’il n’y a aucun survivant…
Tous les jours, Paul Houde a l’habitude de céder le crachoir au collègue et ami à 17h05. Mais ce mardi, au retour d’une pause, la voix étranglée de Paul Houde laisse tomber: «16h35. J’ai la très lourde tache de vous informer du décès de notre collaborateur et ami Jean Lapierre et de son épouse Nicole.»
La malédiction des Lapierre
Des Lapierre, il y en avait tout plein dans cet aéroplane maudit: pauvre Lucie Cormier, endeuillée à quelques jours d’intervalle par les décès successifs de SON homme, Raymond Lapierre, de sa fille Martine, de ses fils, Jean, Louis et Marc, et sa belle-fille Nicole Beaulieu. La seule des enfants qui ait survécu, Laure, était arrivée dimanche, AVANT le décès de Lapierre l’Ancien [1].
Une fois ça passe, deux fois ça lasse et trois fois ça casse, avait lancé un Jean Lapierre bien en verve. Mais six fois? Six fois, et ça c’est du plus profond de mon moi-même, bin ça donne une crisse de chiasse!
Et ce qui amplifie l’horreur, c’est que le pilote venait de parcourir plus ou moins 1000 km avant d’écraser bêtement son bi-moteur à 2 ou 3 km de la piste. Les Lapierre, frères et soeur, étaient des enfants des Îles, venus y réconforter leur mère; c’est pourtant leur défunt père qui les y a accueillis. Pauvre vieille dame…
De modestes témoignages
- Le matin j’ajustait toujours mon départ au travail pour ne pas manquer sa chronique, soit je partais juste avant pour l’écouter dans l’auto où soit je restait dans la maison avant de partir de peur d’en perdre les premières minutes – Gaétan Julien, 29 mars, 19h24.
- J’adorais sa caricature à l’émission de
Gaston[Gérard D.] Laflaque. Tout le personnage y était, concentré en quelques secondes: sa verve, sa perspicacité et son brin de folie.- A. Talon, 29 mars, 22h06– [blogue Richard Therrien]
Si j’ai reproduit ces deux courts extraits, c’est sans doute parce que j’aurais pu en être l’auteur.
Je n’ai pu m’empêcher de dresser un parallèle entre cette escapade forcée vers les îles et cette soirée glaciale de janvier ’76 – un vendredi, alors que maman m’avait appelé à 17:10: ton père est mort! J’arrive, maman; sois forte.
LE vol Rouyn-Montréal était complet; j’avais donc pris l’auto… mais la météo était si mauvaise que le trajet – que je faisais en moins de 6 heures par beau temps – aura duré un peu plus de 14 heures. Quand j’ai fait le plein à Val d’Or; il faisait MOINS 47. Après le frette abitibien, la tempête laurentienne et la visibilité nulle; j’me sentais pas gros dans ma Fiat 128 aussi robuste qu’une canne de petits pois sur roulettes. Mais bon, ça a passé, j’ai laissé la Fiat au métro Sauvé; la transmission venait de rendre l’âme. Au moins, rendu à Montréal-en-ville, il y a moyen de se débrouiller!
Ni le smart phone ni même le plus rudimentaire de ses ancêtres n’existaient encore; oui, j’avais eu peur d’y laisser ma peau, et plus s’une fois. Oui, j’avais craint qu’on me retrouve deux mois plus tard, une fois la tempête calmée. Et tout le long de ces 630 km, ma mèreavait occupé le centre de mes pensées.
C’était le cas, sans doute, de Marine, Jean, Louis et Marc.
Que restera-t-il de Jean Lapierre?
L’image qui me restera, à moi, c’est celle d’un homme exubérant, extraverti, coloré, particulièrement attachant. Un homme de passion, dont les tripes s’adressaient directement et sans intermédiaire aux tripes de ses interlocuteurs, quels qu’ils soient.
Un homme qui transcendait les grandes familles politiques; des amis, des confidents prêts à se confesser, il en avait à gauche comme à droite, chez les fédérastes comme chez les anti-fédérastes. Il parvenait à séduire pareillement tous les auditoires, non seulement en raison de son langage imagé, mais en raison de la fiabilité de ses propos.
Un homme capable d’intéresser à la politique aussi bien un mollusque qu’un bloc de granit. Un analyste irremplaçable? Oui, je sais, personne n’est irremplaçable, mais personne ne pourra remplacer Jean Lapierre dans ce métier de fouine qu’il avait su créer. Personne d’autre que Jean Lapierre n’a développé un tel réseau de contacts et d’informateurs de qualité dans des milieux aussi disparates, et personne d’autre que lui-même n’aura su restituer avec autant de verve, de pertinence et de véracité autant de contenu.
Je vais m’ennuyer des confidences de la Mémère des Îles, de son accent savoureux et de ses tournures de phrase.
Il restera de lui des topos que les diffuseurs auront archivés. Il restera le hashtag #salutsalut.
Comme ma tante Marie-Thérèse disait dans le temps, si t’es capable d’arracher les pissenlits avec ton dentier du haut, tu vas sauver pas mal d’argent su’l weed killer!
Celle-là, elle n’est pas authentque, j’en conviens. `Mais puisque la source est désormais tarie, faudra bien les inventer, les jeanlapierreries!
Quelqu’un avait colligé les perronismes; quelqu’un d’autre a dédié un site aux Lapierreries – qu’il a eu la mauvaise idée de qualifier de Lapierrismes. Les lapierreries, c’est bien plus savoureux qu’un gruau nature réchauffé au micro-ondes! Ce qu’on y trouve, c’est trop peu, mais pour le reste, il y aura les citations truquées du truculent Jean Lapierre du Laflaque Show: un Lapierre presque aussi vrai que le vrai, encore qu’il ne va plus apparaître dans les épisodes à venir. Le personnage lui-même sera effacé du répertoire. Un grand pas en avant pour les convenances et les bonnes manières, mais, quand même, un petit recul pour le rince-gorgoton.
Quand on avait le chouâ entre une visite chez l’arracheur de dents pis écouter un topo politique de Jean Lapierre, la chronique à Lapierre ça faisait bien moins mal mais m’a dire comme on dit, c’est pas avec ça que tu peux manger tes carottes crutes.
Neuf heures, 8 avril: les Îles pleurent. Lucie, bon courage; le Québec tout entier partage ta douleur.
___________
[1] Le conjoint de Laure Lapierre l’a lui-même échappé belle:
Le beau-frère de Jean Lapierre se trouvait dans un petit avion à destination des Îles-de-la-Madeleine qui a dû atterrir d’urgence, hier soir, à l’aéroport de la ville gaspésienne de Bonaventure.
Le beau-frère du commentateur politique, dont la famille a été décimée, mardi, aux Îles-de-la-Madeleine, allait retrouver son épouse, Laure, la seule qui soit encore vivante parmi les frères et soeurs de M. Lapierre. – Cogéco Nouvelles, 31 mars 2016
@ PAPITIBI ,
je trouvais qu’il était bien ce Monsieur Jean Lapierre avec son petit carnet pour aider sa mémoire.
Par contre il jouait dans le monde des GRANDS et on lui disait…………..
Monsieur Papitibi ,
je ne vous connais pas beaucoup non plus et je dois dire que pour moi le destin fait parti de la vie.
colle de plus haut = > Si j’ai reproduit ces deux courts extraits, c’est sans doute parce que j’aurais pu en être l’auteur.
Je n’ai pu m’empêcher de dresser un parallèle entre cette escapade forcée vers les îles et cette soirée glaciale de janvier ’76 – un vendredi, alors que maman m’avait appelé à 17:10: ton père est mort! J’arrive, maman; sois forte.
Si Monsieur Lapierre était bien à la télé et radio ,
Papi , vous êtes merveilleusement bien sur le Web et personne ne vous va à la cheville pour la mémoire. Je viens de lire sur le même thème les textes et les commentaires.
Vous avez des bons commentateurs qui savent , mais MOI ‘ JE SUIS TOUJOURS À POSER DES QUESTIONS. Mais cela fait rien je dérange et vous êtes pour me dire.
J’ai pris cela sur le même thème l La défroquade de Sana , les malheurs de Bouboule ,
Colle = >
21 août 2014 à 15:48,
Jean-Marie De Serre.
a dit :
@ PAPITIBI ,
Est-ce que Lucien Bouchard est jambe de bois Bouchard ? qui est le ti-namis de André Caillé ? Ils ont passé la ligne Nicolet-Des Cantons , pour en droite ligne les States…….
J’ai déjà frotter avec cette affaire , mais est-elle toujours à 500kv strait ou alternatif , cette Ligne ?
J’ai travaillé pendant plusieurs années sous cette ligne , ou se croirait sous une autre Planète quoique
à part être sur la Lune sur ;la Terre………Dites-moi vraiment et avec des photos. Moi j’en ai et ailleurs en strorage que chez moi.
Monsieur Papitibi , je crois que pour que cela avance à l’endroit des Saloppards , »LA »système »JUDiCIAIRE »des Anglais(QUEENNE) , faut qu’ils arrêtent d’opprimer les Citoyens du Québec , et cela commence au village. Il y a trop de citoyens qui ont un œil sur Facebook.
Avant de mettre ici , j’ai parlé à mes amis dont un voilà pas long , et je colle
,=== >
Bonjour Denis ,
ça va toujours , mais le temps passe très vite. Par contre mes jambes , n’arrivent plus à suivre ma tête.
Pour la clôture , s’il n’y a pas eu de courant encore les veaux on fait leur travail et nettoyé autour des piquets
mais la Blanche et les autres aime bien manger les repousses cela fait que la clôture en arrache.
Je ne sais si je t’ai dit à L’endroit des deux enquêteurs de vendredi dernier , mais je suis bordeline de quoi sur Facebook ?
Même ce message est sous surveillance cela fait que je ne veux pas , que quelqu’un en qui j’ai confiance à Tingwick
»TOI »aie des ennuis. === Il n’y en a pas beaucoup en qui j’ai confiance , il n’y a que Gaston Simoneau conseiller de plus.
Mais il n’a pas encore toutes ses lettres de Noblesses.
Pour la clôture du voisin , c’est la sienne tout le long et il m’a dit qu’il va arranger cela toute la broche va être du bon côté.
Ce que les Gens oublient , c’est qu’il y a eu un avant , et un maintenant et l’après va être terrible………=== Ils ont fait
un paquet de Lois et règlements , ceux qui dirigent les Municipalités , mais ils ont oublié le »CODE CIVIL » du Québec.
Je vais te redire Denis , mais pas cette semaine. Je n’ai pas assez de données de la Municipalité.
Bonne fin de journée ,
Jean-Marie.
Papi , je redirai peut-être bientôt si le Maire mets ses culottes et ses conseillers.
P.S. Monsieur le Maire Réal Fortin de Tingwick m’a dit voila 3 mois : Transparence et Intégrité , ce n’est pas au rendez-vous et cela ne semble pas non plus être la règle des 5 niveaux supérieurs des Gouvernements………………..
Jean-Marie De Serre.
Jean-Marie De Serre.