Qui donc a bien pu matraquer Robert Poëti?

Rares sont les images du policier-ministre (éphémère) Poëti prises dans son dos. Par en arrière.

Le voici donc, en exclusivité, portant la chemise officielle du Ministère de la magouille, alors qu’il exhibait avec fierté son crane fracassé par le coup de sabot brutal d’une vache folle, qui a été euthanasiée le 19 mai..

‘Heureusement, j’ai la tête dure et mon crane ne s’est pas vidé’, a-t-il conclu.

Du court mandat de M. Poëti aux Transports, et surtout du récit de son éviction, on retient [..] l’omnipotence de la sous-ministre, Dominique Savoie, celle à qui il a demandé un rapport sur les activités louches au sein du MTQ. Elle n’a pas donné suite aux demandes du ministre. Celui-ci a perdu son poste, pas elle. Le nouveau ministre des Transports, Jacques Daoust, lui a réitéré toute sa confiance hier…- Vincent Marissal, La Presse +, 19 mai 2016

Une vieille peau de vache acariâtre comme moé,  ça pisse son lait directement dans la gamelle du Premier Ministre; j’ai pas d’ordres à recevoir d’un ancien beu comme toé. recyclé en Ministre. – Simon Boivin, Le Soleil, 18 mai 2016 (traduit librement!) .

La réponse est toute simple: la sous-ministre prend ses ordres du Premier-Ministre, du Greffier du Conseil exécutif et de SON ministre.

Une femme de tête? Non… une  femme de tétée.

Puisque Sa Sérénissime Arrogance – la sous-ministre, ne se considérait pas aux ordres de SON Ministre en titre, de qui prenait-elle donc  ses ordres? Du député de la circonscription virtuelle #127? [1] Des contributeurs au Parti, bénéficiaires de généreux contrats, extras et tout le tra la la?  Du bon docteur Couillard lui-même?

Le Ministère des Transports EST le plus important donneur d’ouvrage au Québec. Madââme Dominique Savoie était sous-ministre au MTQ mais elle n’en avait rien à foutre de  son Ministre. Alors, de kossé ka faisait là, bout d’ciarge?  .

Posons la question autrement: avait-elle pour fonctions d’assurer la bonne marche  du Ministère et d’assister SON Ministre à bien servir le Québec dans ses fonctions? Ou, au contraire, avait-elle pour seules fonctions d’assurer la pérennité du financement du PLQ à travers les voies habituelles?

La dame a occupé pendant sept ans un poste de  sous-ministre, sans compter quelques années additionnelles à titre de sous0ministre associée ou de sous-ministre adjointe. Question: qui est l’imbécile qui lui a enseigné qu’elle n’était pas aux ordres de son ministre. Et pourquoi le lui a-t-on laissé entendre?

La lettre qui a ébranlé les murs du temple Libéral

Je n’ai jamais partagé le biais idéologique de Poëti, alors qu’il commentait l’actualité policière à TVA. Mais  rendons à César la salade qui lui appartient: il a conservé ses instincts de fin limier et il a flairé la magouille au sein du ministère que son Premier Ministre lui avait confié.

Et quand il a  embauché Annie Trudel pour enquêter sur les divers processus à l’intérieur du MTQ, il avait posé le bon geste. Le 4 avril, Annie Trudel a adressé au chef de cabinet du Ministre, Pierre Ouellet, sa lettre de démission. Apparemment, personne n’a jugé opportun d’informer le bureau du PM des motifs  de cette démission; Ouellet l’avait conservée dans un tiroir…

Ce 19 mai, Ouellet a été congédié et Sa Sérénissime Arrogance Savoie sous-ministre s’est fait tasser.

Le Ministre Daoust n’a pourtant rien à lui reprocher, affirmait-il devant les caméras… mais le public n’aurait pas compris si on ne l’avait pas  sacrifié à  l’autel de l’opinion publique.

Je ne le fais pas par manque de confiance envers la personne, mais par importance, par souci de maintenir la confiance de la population – Jacques Daoust, cité par Radio-Canada, 19 mai

Quelques extraits de la lettre signée Annie Trudel:

Mon mandat consiste entre autre à conseiller et soutenir le ministre afin de prendre les mesures nécessaires pour assurer l’intégrité du ministère, de ses employés et de ses processus, tout en apportant des améliorations, en rectifiant les situations à risques et en effectuant de la prévention en déployant des efforts en amont.[…]

[…]  on m’a refusé des accès à certaines bases de données, à certains documents et à certains employés. Et ce, sans mentionner les délais complètement démesurés, quand on me soumettait une réponse, souvent insuffisante.

[…] J’ai compris que certains hauts dirigeants du MTQ n’ont pas le désir de profiter de mon expertise afin d’améliorer les situations potentiellement risquées du ministère. C’est un secret de polichinelle que plusieurs membres de la direction du MTQ souhaitent ardemment mon départ. Puisque nous en avons amplement discuté lors de notre rencontre, je ne crois pas pertinent de m’y attarder plus en détail dans la présente.

[…] Je n’ai pas l’intention de continuer à travailler avec des gens qui mettent constamment des bâtons dans les roues et déploient tant d’efforts à gérer l’image plutôt que de prendre le taureau par les cornes et apporter les changements nécessaires afin de rétablir l’intégrité du ministère, de ses processus et des détenteurs de charge publique.

Bravo à Louis Lacroix, pour avoir mis tout cela sous les spotlights  de l’opinion publique, dans un premier article le  17 mai, puis dans un second, le 19 mai. Et pour avoir, en même temps, mis en ligne la lettre de démission de Madame Trudel, en  texte intégral

C’est parce qu’il savait cette publication imminente, d’ailleurs, que Couillard a démissionné cette  peau de vache qui, encore la veille, jurait devant la Commission parlementaire que sa conduite avait toujours été irréprochable.

La lettre, pour moi, a été un élément significatif. C’est un élément nouveau dont j’ai pris connaissance ce matin, et qui, d’après moi, est susceptible d’ébranler la confiance des citoyens envers les institutions. C’est la raison pour laquelle on fait ces changements. – Philippe Couillard, cité par Radio-Canada, 19 mai

Je note, au passage, les hésitations de ce gouvernement à adopter les recommandations de la Commission Charbonneau. Et les hésitayions de  ce mpeme gouvernement à protéger adéquatement les  sonneurs d’alerte – les whistleblowers. Coïncidence malheureuse, ou accumulation de risques calculéspar un gouvernement corrompu jusqu’à la moelle?

Couillard, conseillé par des nabots?

Je reviens à ma question du début: qui donc a pu magouiller derrière les portes closes pour chasser Robert  Poëti de son ministère? Un indice: c’est le Premier Ministre qui nomme les sous-ministres. Dois-je vraiment poser de nouveau cette autre question: c’est qui, l’imbécile  qui a mis dans  la tête de la Savoie qu’elle n’était pas aux ordres de ce ministre Poëti qui cherche  à brasser de la marde avec son enquêteur spécial, Annie Trudel?

Dis-moi qui te chuchote les réponses à l’oreille, et je te dirai quelles conneries tu vas proférer.

Alors que des écoles devaient être fermées pour cause de moisissure, et sans doute sur les conseils de son personnel politique, le ministre Jacques Blais niait l’évidence et en sa qualité de ministre de l’éducâssion, jamais il n’a daigné s’abaisser à mettre les  pieds dans l’une de ces écoles qui pusent l’humidité – parfois même la pisse, et que les vents d’hiver traversent de part en part.

Veuillez vous abstenir, manants, de perturber la quiétude de mes certitudes. 

L’aveuglement de Philippe Couillard et de Gaétan Barretteest du même ordre.

Sachant comment fonctionnent les rouages des coulisses du pouvoir, on peut penser que le PM n’a jamais su, avant de le larguer, à quoi M. Poëti s’affairait, dans les entrailles de son ministère historiquement pourri. Je suis prêt à lui concéder cela.

Mais si cela est vrai, ça veut dire que dans la haute fonction publique et dans le personnel politique des Transports et dans celui de M. Couillard, on s’est arrangé pour que le PM dirige ses torpilles vers M. Poëti. –Patrick Lagacé, La Presse +, 20 mai 2016

De qui la sous-ministre déboulonnée protégeait-elle les intérêts? Et l’intérêt public, dans tout ça? Quel était l’intérêt de contrecarrer les efforts de madame Annie Trudel? Tout tend vers la pérennité du financement occulte. Tout tend vers ces magouilleurs  professionnels qui dirigent le Québec par marionnettes Libérales interposées.

Ce gouvernement est dirigé par ‘la machine’. Un repaire de sangsues qui prennent bien soin de tenir les élus dans l’ignorance, qui se terrent loin du feu brûlant des projecteurs et des micros et dont les exploits donneraient presque envie de virer Libââârtarien et de prendre les armes contre ces parasites.

Wô, Papi, cakme  toé le pompon; les Freedom on the Land, c’est pas la solution!

La solution, c’est des élus avec des couilles. Et ça, le Couillard en est dépourvu.

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[1]  Le grand argentier du PLQ sous Jean Charest, Marc Bibeau, aurait joué un rôle dans le financement du mystérieux ‘comté 127’, une circonscription fictive qui aurait reçu des dons de 700 615 $. […]

Les policiers ont mis la main sur un document intitulé Analyse du 127, portant sur une vingtaine d’activités de financement qui auraient permis à la formation d’amasser plus de 700 000 $. – Bryan Myles, Le Devoir, 18 avril 2014