« Why couldn’t you just keep your knees together?«
La jeune femme a 19 ans. Elle porte plainte pour ″viol″ contre son agresseur présumé, Alexander Scott Wagar, un résident de Calgary . Je précise que les termes VIOL et RAPE ont été retirés du Code criminel mais la notion de viol demeure… sous un nouveau nom.
Cette question – pourquoi t’as pas serré tes genoux ensemble quand il a voulu te pénétrer – n’a pas été posée par l’avocat de l’accusé ; c’est le juge Robin Camp qui l’a posée. Il a acquitté l’accusé. Surprise! La Cour d’appel a annulé le verdict et ordonné en octobre 2015 la tenue d’un nouveau procès…
La jeune femme a témoigné à l’effet que Wagar l’a agressée au dessus de l’évier de la cuisine: ″Why didn’t you just sink your bottom down into the basin so he couldn’t penetrate you ?″ – Pourquoi tu t’es pas enfoncé le cul dans l’évier, il aurait pas pu te pénétrer, non? – Robin Camp case: What does it take to remove a judge from the bench?, Nicole Ireland, CBC, 12 novembre 2015
Cet éminent juriste (ci-dessus) a grandi au pays de l’apartheid, à une époque où une bonne vache laitière avait plus de valeur qu’un esti de nèg! Il a obtenu un diplôme en droit en 1975. à Stellenbosch University / Universiteit Stellenbosch; il a pratiqué au Botswana jusqu’en 1998, avant d’émigrer à Calgary en 1998 et d’adhérer au Barreau de l’Alberta en 1999.
Les Conservatifs Albertains l’ont nommé en 2012 juge à la Chambre criminelle de la Cour provinciale, où il a dirigé le Tribunal de la violence familiale. VIOLENCE FA-MI-LI-ALE. Ce qui fait surtout référence à la violence qu’exerce à l’occasion le noble et costaud mâle alpha sur sa frêle compagne, non?
Pari risqué; le droit criminel n’avait jamais été la tasse de thé du bonhomme. En Afrique du Sud et au Botswana, il s’occupait de litiges commerciaux; à Calgary, il oeuvrait en droit civil et il a enseigné la procédure civile. Mais le droit criminel? Nyet! Avant sa nomination à la Chambre criminelle, division de la violence familiale, c’est à se demander s’il avait même ouvert un Code criminel, ne serait-ce qu’une seule fois!
Et bien sûr, il a la-men-ta-ble-ment foiré! C’est pas mon opinion à moi; c’est celle qu’a exprimée au nom de la Cour d’Appel de l’Alberta le juge Brian O’Ferrall, le 15 octobre 2015.
Dire que Stephen Harper a souligné son bon travail par une nomination (le 18 juin 2015) à la Cour fédérale, où il touche une modeste indemnité annuelle de 288,100 dollars. Misère!
L’honorable con…servateur siégeait encore au Tribunal de la violence familiale en matières criminelles quand il a acquitté le dividu Wagar, le 9 septembre 2014.
Je cite (ma traduction) le paragraphe 4 du jugement de la Cour d’Appel:
[4] Après avoir pris connaissance du mémoire de la Couronne, des extraits pertinents de la transcription du procès et des arguments soulevés par le Procureur de la Couronne, nous sommes d’opinion que les remarques formulées par le Juge en cours d’instance et les motifs du jugement soulèvent des doutes sur SA compréhension du droit régissant les agressions sexuelles et, en particulier, sur le sens à donner au terme CONSENTEMENT et sur les restrictions imposées par l’article 276 du Code criminel à la preuve d’activités sexuelles antérieures de la victime. Nous sommes également d’opinion que des préjugés et stéréotypes depuis longtemps écartés ont peut-être influencé la rédaction du jugement dont il est fait appel. Accessoirement, le juge au procès a interprété de manière fantaisiste certains éléments de la preuve.
Des jugements, j’en ai lu plusieurs milliers dans la poursuite de mes études en droit et dans ma pratique au quotidien; READ MY LIPS: j’ai rarement lu un jugement aussi sévère sur le manque de compétence d’un autre juge!
Affirmer qu’un juge chargé de rendre justice en matière de violence conjugale n’a rien compris à la notion d’agression sexuelle, c’est comme si la Cour d’appel avait dit d’un chirurgien qu’il ne sait pas à quoi peut bien servir un bistouri!
Bref, une méchante claque en pleine face!
Le biais idéologique
La question qui tue: quelle mouche a bien pu piquer la Première Ministre conservative Alison Redford quand son gouvernement a fait de cet ignoble ignorant crasse du Code criminel un juge chargé de le faire appliquer? Serait-ce ce même moustique qui a inspiré à Stephen Harper la désignation du créationniste Gary Goodyear à titre de Ministre d’État des sciences et de la technologie (2008-2013)? Chez les Conservatifs, l’ignorance est une vertu…
La réponse qui tue: c’est en toute connaissance de cause que les Conservateurs albertains ont nommé cette merde à la direction de la Cour des violences familiales, où il ferait triompher les vraies valeurs chrétiennes. Ils n’allaient quand même pas nommer un queer, une lesbienne ou un homme rose! Y a des limites à toutte, non?
Cela dit, le juge O’Ferrall, qui a rendu la décision au nom de la Cour d’appel, a été nommé à ce poste sous Stephen Harper. Sa collègue Frederica L. Schutz, qui a participé à la décision, a été nommée à la Cour d’appel en 2015… sous Stephen Harper. Le juge en chef – celui qui désigne les juges qui vont entendre tel ou tel litige, est lui-même une nomination Harper. Le troisième des juges, Peter Martin, a été nommé en 2005 par les Libéraux de Paul Martin. À la vérité, plus des deux tiers des juges de la Cour d’Appel étaient d’allégeance conservatrice; pour que la Cour se montre aussi cinglante à l’égard de Robin le cabochon, fallait qu’il soit vraiment un trou de cul!
Les plates excuses de l’ignorant
Dans un avis détaillant son point de vue publié sur le site du magistrat, Robin Camp a dit croire qu’il pouvait encore contribuer de façon positive au système judiciaire et a promis de faire des efforts pour s’améliorer et apprendre.
Robin Camp admet par ailleurs dans cette déclaration écrite que la remarque qu’il a faite durant un procès pour agression sexuelle était insensible et inappropriée. Il ajoute avoir l’intention de s’excuser durant une audience qui aura lieu à Calgary.
Le juge a entre-temps pris part à des séances de formation... – Lauren Krugel, Canadian Press, 4 juillet 2016
Des excuses?
Faudrait que cette ordure puisse aussi présenter ses excuses à toutes les femelles qu’il a humiliées et traumatisées devant SON Tribunal et qu’il a déclarées seules responsables de la violence dont elles ont été les victimes
Des efforts pour s’améliorer et pour apprendre?
Fais donc plutôt des efforts pour rembourser le million de dollars que tu as reçu en salaire à titre de juge, alors que tes connaissances en droit sont celles d’un étudiant du niveau collégial!
Dans mon livre à moé, on commence pas à apprendre son droit après avoir été nommé juge; on apprend 5 ans, on plaide 10 ans, pis là on peut devenir juge. Crisse de moron! Et crisses de morons conservateurs qui l’ont nommé juge deux fois plutôt qu’une malgré son ignorance manifeste du droit.
Conseil canadien de la magistrature
L’ho-no-ra-ble – une véritable honte pour sa profession et pour la Justice en général, a fait l’objet de plaintes devant le Conseil canadien de la magistrature. Il risque la destitution pure et simple, encore que les juges qui ont été destitués pour cause d’inconduite se comptent sur les doigts d’une seule main… et encore, il y a encore d’la place en masse!
En demandant, plus tôt cette année, la tenue d’une enquête sur les propos controversés de Robin Camp, la ministre de la Justice de l’Alberta, Kathleen Ganley, avait condamné la conduite du juge, la qualifiant de «manifestement et profondément dévastatrice envers les concepts d’impartialité, d’intégrité et d’indépendance des tribunaux». – Lauren Krugel, Canadian Press, 4 juillet 2016
Une autre question à saveur politique: si Rachel Notley n’avait pas été élue à la tête d’un gouvernement néo-démocrate en 2015, est-ce que lesConservateurs auraient osé porter plainte contre ce trou de cul?
J’en doute…
Annexe: le texte original du jugement de la Cour d’appel
[4] Having read the Crown’s factum, portions of the trial transcript and having heard Crown counsel’s arguments, we are satisfied that the trial judge’s comments throughout the proceedings and in his reasons gave rise to doubts about the trial judge’s understanding of the law governing sexual assaults and in particular, the meaning of consent and restrictions on evidence of the complainant’s sexual activity imposed by section 276 of the Criminal Code. We are also persuaded that sexual stereotypes and stereotypical myths, which have long since been discredited, may have found their way into the trial judge’s judgment. There were also instances where the trial judge misapprehended the evidence.
@PAPITIBI ,
le 20 juin j’ai écris qu’il faisait chaud et jusqu’à 2h p.m. c’était chaud. Là on est bien mais cela ne semble pas fini la chaleur. J’avais hâte qu’il pleuve un bon coup.
J’ai copié tous les commentaires(8< de à sur le même thème ici : Sexe , délation , nanarchie et politically correct et je vais coller sur FACEBOOK , car je l'avais enlevé à cause des noms.
On me pense toujours en train de déraper , mais avec ces commentaires que vous avez corrigé à mon endroit , je vais remettre sur FACEBOOK.
Si pas correct dites-moi , et vais l'enlever encore , mais il va avoir un Scrutin le 10 juillet on me demande pour qui je vais voter ? Je n'irai pas voter.
Pour finir le Monsieur qui a une tête semblable à ceux qui dirigent après qu'ils ont JURER pour la plus part , peut-être que le nouvel(le) sera semblable.
Vous savez ce que je vais mettre sur FACEBOOK. Si pas correct dites-moi, je vais enlever ,
Jean-Marie De Serre.
Finalement celui ou celle qui s’en tire le mieux est celui ou celle qui a nommé ce juge à son poste en 2012 et qui est le premier responsable du dérapage. Si j’étais un journaliste albertain qui s’occupe de ces questions, me semble que j’aurais essayé d’obtenir les commentaires du responsable de sa nomination.
@ Spritzer 16h39
Il peut être difficile d’identifier UN responsable, dans la mesure où le processus de nomination est probablement aussi complexe (et trompeur!) en Alberta qu’il l’est au Qc.
Pour le Québec, il y a bien sûr les travaux de la Commission Bastarache et les recommandations collées sur un POST IT! qui ne laisse aucune trace et qui trouvent leur chemin jusqu’au bureau du PM.
Pour le Qc, je puis parler de mon expérience personnelle dans le processus d’examen des candidatures. Le Barreau du Qc m’avait désigné pour siégerà titre de représentant des avocats sur un comité tripartite qui comprend un juge et un « représentant de la population« . Population? Bullshit!
Je me suis porté candidat deux fois, une fois sous un gouvernement Libéral et une fois sous un gouvernement du PQ; à chaque fois, le prétendu représentant du bon peuple était un militant notoire du parti au pouvoir, sinon même le président de l’Association du parti dans le comté.
Il y a la vraie démocratie et il y a la démocratie factice; pour la nomination des présidents d’élection – ça, je sais, des collègues de bureau ont occupé le poste au fédéral et au provincial! – il y avait une sorte d’examen d’entrée, questions et réponses, et des notes étaient attribuées.
Le gouvernement choisissait parmi les trois candidats ayant obtenu les trois meilleures notes. A obtient 98%, B obtient 7%, C obtient 4% et D ferme la marche avec 2%. D est exclu, mais B ou C pouvaient être choisis, malgré leur ignorance crasse.
Même procédure ou procédure similaire pour la recommandation d’un candidat à la magistrature? Je sais pas. Mais je sais que moi, je n’étais ni membre du PQ, ni membre du PLQ, ni même militant de l’une ou l’autre formation; je savais donc, dès le départ, que ma candidature serait rejetée les deux fois.
Au Barreau d’Abitibi-Témiscamingue, tout le monde connaît tout le monde; et tous ceux qui étaient déjà avocats à l’époque où ça s’est produit savent qu’une certaine année, sous un certain gouvernement qui n’était pas Libéral, l’un des candidats n’était membre du Barreau que depuis 9 ans et x mois, alors que la Loi exige 10 ans. Le comité de sélection [lire: le représentant du Parti,,,] avait recommandé de n’accepter aucune des candidatures.
Quelques mois plus tard, et puisque le poste était demeuré vacant et devait quand même être comblé, bin… un nouvel appel de candidatures a été lancé. Les rejects du premier appel de candidatures ont tous compris qu’il ne leur servait à rien de la présenter une deuxième fois… mais le candidat à qui il manquait quelques mois avait maintenant 10 ans d’appartenance au Barreau.
Et, ô miracle, il a obtenu le poste! Cela dit, c’est un ami à moi, nos conjointes se connaissaient bien (idem pour sa fille A et l’un de mes fils) et il aura été un excellent juge. Mais la question n’est pas là; le processus, c’est de la crisse de marde!
Et je vois pas en quoi il en serait autrement en Alberta.