Le combat des villes, oubliez-ça; Bianca Gervais et Sébastien Benoît se préparent déjà à animer Le combat des Vilains Journals, où devront s’affronter sur une base quotidienne Le Journal de Montréal, le Journal de Mourréal… et leurs avocats. L’empire de la convergence a en effet déposé le 7 juillet au greffe de la Cour supérieure de Mourréal Montréal une demande d’injonction visant à faire interdire la publication du journal satirique Le Journal de Mourréal, lequel serait publié à Québec par un certain Janick Mourréal Murray-Hall.
Bref, si Murray Hall a lancé un média satirique sous le nom de Journal de Mourréal, c’est un peu comme s’il lui avait donné son propre nom. Le Journal de Murray-Hall. Ça sonne (presque) pareil mais c’est moins vendeur!
Dans sa demande d’injonction déposée le 7 juillet au greffe de la Cour supérieure à Montréal, Média QMI Inc allègue avec tout le sérieux dont une vieille pie de disputailleur professionnel est capable [1]:
8. La publication Le JOURNAL DE MOURRÉAL est une publication web publiant des nouvelles prétendument humoristiques pouvant offenser certains lecteurs
Notons la richesse du vocabulaire de l’avocat: on parle ici d’une publication qui est… décrite comme étant une publication (han?) qui a pour objet de PUBLIER! On peut dire qu’il l’a cherché loin…Notons au passage, également, ce souci fort louable de préserver le public lecteur de la vue de propos offensants. De toute évidence, l’Avocat du Journal-à-Pédalo n’a jamais lu la kyrielle des commentaires xénophobes ou homophobes qu’on y peut croiser 100 fois par jour dans la version électronique! Si MOI j’étais le juge, je dirais à ce pauvre avocat que cette accumulation quotidienne de petits cailloux dans son soulier finit par faire bobo à son argumentaire. Fin de la douloureuse parenthèse.
11. Les noms Le JOURNAL DE MONTRÉAL et Le JOURNAL DE MOURRÉAL se confondent facilement.
15. La première impression que laisse ″dans l’esprit du consommateur ordinaire plutôt pressé″ la vue du nom JOURNAL DE MOURRÉAL sera celle du JOURNAL DE MONTRÉAL, en raison du graphisme semblable à celui du JOURNAL DE MONTRÉAL et des ressemblances visuelles et phonétiques utilisées par la publication du défendeur.
J’ouvre ici une autre parenthèse susceptible de faire bobo. L‘allégation de confusion dans l’esprit du ″lecteur ORDINAIRE et un peu pressé″ me paraît particulièrement méprisante à l’égard de ce lecteur ordinaire que Me Bernard Pageau compare ici à un faible d’esprit.
Quelques grosses nouvelles publiées dans le Journal de Mourréal:
- Attaqué sauvagement par une meure de castors, 21 juillet 2014
- des manifestants attaqués au lance-flamme, 63 morts à Québec, 27 mars 2015
- elle poursuit Hydro-Québec après être tombée enceinte de son compteur intelligent, 25 mars 2015
- il devient une femme après l’installation de son compteur intelligent, 20 mai 2015
Et l’avocat-à-Pédalo pense vraiment qu’il y a risque de confusion entre le VRAI Journal et son pastiche? Si j’en étais l’un des artisans – ou même le propriétaire, moi je me sentirais profondément insulté par ce doute insidieux que tente d’introduire le chicaneur dans la tête du juge!
L’avocat-à-Pédalo croit-il vraiment que l’intelligence moyenne des lecteurs du VRAI journal ne leur permet de flairer ici la satire?
Cela dit, la bêtise ne connaît aucune limite; certaines études tendent toutefois que l’exposition régulière à un journal satirique pourrait améliorer le rendement des cerveaux lents.
En droit, oui, les ressemblances visuelles et graphiques entre les deux logos pourraient provoquer une confusion; encore faudrait-il, toutefois, que le juge fasse ici complètement abstraction de l’aspect caricatural de l’oeuvre…
Et le droit à la caricature existe, n’en déplaise au chcaneux-à-Pédalo. D’ailleurs, si ce droit-là n’existe pas pour le défendeur Janick Murray-Hall et sa complice Suzanne Lachance, alors il n’existe pas davantage pour Yannick Lemay, cet excellent caricaturiste qui a publié des milliers de dessins satiriques dans le Journal de Québec et le Journal de Montréal… Il signe YGRECK, le mossieu…
Je me suis contenté d’une recherche rapide sur Google; parmi ces contrefaçons à la Yannick Lemay, celle qui était susceptible de poser problème, c’est la boîte de sucreries Smarties, dont le graphisme a été détourné pour former les lettres RITALIN. Aussi bien la pharmaceutique que le fabricant de nananes au chocolat auraient pu se plaindre de cette confusion entre leurs deux clientèles naturelles! .
Le chicaneux-en-chef de Québécor QMI est-il conscient d’avoir pu scorer dans ses propres filets? À-t-il vraiment l’intention de couper les ailes de Ygreck?
Les sketchs de RBO ont été diffusés à TQS, à la SRC, et à TVA… l’une des parentes-à-gosse à Pédalo. Combien de logos et de propriétés intellectuelles RBO ont-ils écorchés, depuis Daniel Spécialité (Daniel Spécificité), Anti Phlogistine (Anti Palestine), Distribution aux Consommateurs (Contribution aux Distributeurs), et des dizaines d’autres? Si TVA avait le droit de diffuser ce matériel, par quelle pirouette intellectuelle le Journal de Mourréal pourrait-il se voir interdire la moquerie et la satire?
Deux poids, deux mesures?
Le visage, ici, est vaguement familier… sauf que personne n’est dupe: moustache, gros nez, lunettes et faux sourcils à la Groucho Marx… heu, bonjour Monsieur Photoshop!
C’est crédible, ces menaces de mort contre le météorologue qui a eu le culot de prédire une accumulation de 40 cm de beiges, un froid polaire ou une canicule? Je note toutefois au passage que des menaces et des insultes ont souvent été adressées au pauvre juriste blogueur, coupable de parfois faire usage de son savoir un peu pointu et d’émettre des prédictions que les gros-z-épais prennent trop souvent pour du wishful thinking. à saveur go-gauche..
L’exemple sulfureux des jus Lassonde
Il y a quelques années, la multinationale québécoise du jus – Lassonde, propriétaire des marques Oasis, Everfresh, Fruité et Rougemont (entre autres) , avait suivi les chemins sinueux du droit plutôt que ceux de la raison. Pendant sept ans, la multinationale a mené une guerre sans merci à une dame qui vendait des savons, Deborah Kudzman; Kudzman a eu gain de cause, elle pourra utiliser la marque de commerce ″Olivia’s Oasis and Design″ mais ce long combat l’a conduite au bord de la faillite et la Cour d’appel a dispensé Lassonde de l’obligation de lui rembourser les honoraires de ses avocats – $125,000…
Les réseaux sociaux se sont déchaînés, et la multinationale a perdu la guerre de l’opinion publique. Son image en a souffert, une campagne spontanée de boycott a fait fondre les profits… Bref, par un beau dimanche, trois cadres – dont le PDG, se sont présentés chez madame Kudzman et tous ses frais lui ont été remboursés, et même un peu plus.
Et de nouveau, Oasis et les autres marques Lassonde ont pu rafraîchir le gosier du bon peuple sans qu’il ne se sente coupable. Damage control… L’image corporative, ça n’a pas de prix.
C’est ici qu’on va reprendre l’énoncé de la poursuite-bâillon intentée par l’Empire…
Le baîllon, c’est une game qui se joue à deux!
22. Le défendeur a déclaré publiquement que Le JOURNAL DE MOURRÉAL attire de 1,5 à 3 millions de visites par mois.
La plupart des visiteurs sont addict. La plupart sont abonnés, soit au site lui-même, soit <a la page Facebook. La plupart y trouvent leur pied. Et rares sont ceux, parmi eux, qui conservent jalousement leurs découvertes comme un jardin secret dont il faut taire les coordonnées.
22. Le défendeur publie des publicités sur son site web http://www.journaldemourreal.com, tel qu’il appert de la pièce P-3
24. Le défendeur dire donc profit illégalement de la notoriété du JOURNAL DE MONTRÉAL
C’est vrai. Mais il est également vrai que le JOURNAL DE MONTRÉAL – le vrai, tire profit d’un certain achalandage qui lui provient des lecteurs su site pastiche. Et les lecteurs que lui apporte le JOURNAL DE MOURRÉAL (le faux) sur un plateau d’argent, Québécor n’a pas dépensé une maudite cenne pour les attirer, mais ne serait-ce que pour comparer le pastiche à l’original, ils accourent sur son site, et manquablement, tous ces clics qui sont comptabilisés procurent des revenus publicitaires à QMI Médias/Québécor/l’Empire….
Comment réagiront les lecteurs du site humoristique, si Québecor/QMI/Pédalo parvenaient à le faire fermer? Comment réagiront-ils à cette agression menée par la multinationale contre leur site préféré? éteindre sa voix? Vont-ils rentrer sagement dans le rang, ou protester plutôt à leur façon, en lançant – à titre d’exemple – une campagne de désabonnement à Vidéotron Mobile, à Vidéotron Cable ou à un ou plusieurs médias écrits ou électroniques?
Bref, le chicaneux en habit de corbeau peut-il vraiment espérer que sa cliente s’en sorte sans y perdre des plumes?
Tu devrais peut-être prendre conseil auprès des gens de chez Lassonde, tu penses pas, le chicaneux?
Et la fin…
Faut vraiment avoir du culot pour invoquer un argument aussi ridicule (et aussi mal ficelé!) au soutien de la demande en injonction:
25. Vu le caractère discutable et potentiellement offensant du contenu du JOURNAL DE MOURRÉAL qui porte à confusion avec le JOURNAL DE MONTRÉAL, l’image de la marque Le JOURNAL DE MONTRÉAL s’en trouve dépréciée.
Je ne vais pas citer de nouveau ici tous ces propos à caractère raciste que j’ai relevés les 30 juin et i juillet, et dont j’ai fait étalage dans ma lettre ouverte à Josée Legault, publiée ces dernières heures; ce serait redondant.
Mais je puis sûrement étaler ici quelques-unes des perles homophobes du jour, glanées dans le JOURNAL de MONTRÉAL (le vrai) ce jour-même à la suite d’un article portant sur les multiples piqûres de guêpes dont le feufi à Dany Tircotte a été victime, d’où hospitalisations et surabondance de propos homophobes.
Avant de plaider que l’image de marque du (vrai) JOURNAL a été entachée par les parodies qui en sont publiées sur le site JOURNAL DE MOURRÉAL, vous seriez bien avisé, Me Gageau, d’aller vous mettre le nez dans cette merde.
Vous et moi, nous n’avons pas la même définition de l’expression image de marque, monsieur l’avocat!
Celui-ci, je l’ai signalé au modérateur 37 minutes après son autorisation de publication par les honorables modérateurs; Me Pageau, vous avez apprécié cette visite guidée à dos de chameau au pays de l’homophobie?
Estimez-vous par ailleurs que le travail des estis de modérateurs à marde a pour effet de présenter VOTRE JOURNAL (le vrai) dans un bel écrin de velours? By the way, vous avez lu cet ouvrage remarquable de Balzac, les illusions perdues? Quand je pense à l’opinion que vous vous faites du JOURNAL (le vrai), j’ai ce nom qui me trotte dans la tête…
De mon côté, je serais porté à croire que le JOURNAL – le vrai, est tiré vers le haut par ses talentueux imitateurs… Oserez-vous partager cette opinion devant l’honorable juge
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[1] Je sais ce dont ces corbeaux sont capables; ce métier-là, n’était-ce pas le mien?
@ Spritzer
J’attendais la finalisation du présent billet pour répodre à ton commentaire de 20h07 hier, sous le billet Josée Legault.
Au Journal de Mourréal, je sais pas si TOUS les commentaires sont réels ou si c’est un peu comme sur la Clique du Platôôôô. Sous cette réserve, on reste surpris de constater à quel point sont nombreux ceux qui traitent le journaliste de niaiseux… ce qui me fait penser à ma belle-mère (Dieu ait son âme) qui faisait la remarque, en parlant de Fanfan Dédé.« Hey ce qu’ils sont niaiseux, on est rendu en hiver pis is continuent d’appeler ça Fanfan d’été ». La pôv Jeannette, elle avait une 2e année et elle parlait au son… ce qui donnait lieu à des cocasseries!
L’avocat de Québécor est un « ptit jeune » (Barreau 1984) avec lequel je serais vraiment à l’aise d’en découdre dans son injonction! Je pense qu’il aimerait VRRRRRAIMENT pas l’expérience…
Pour ce qui est du site, je trouverais dommage qu’ils obtiennent sa fermeture. Il faut avouer qu’ils ont un bon sens de l’humour, les exemples qui sont dans le billet m’ont fait rire. Ils n’attaquent pas directement le Journal, ils ne font que parodier l’actualité. Enfin, quand on a les moyens de se payer plein d’avocats, tout est possible.
p.s. Ils ont mis un lien vers ton article.