Granby: la mort d’un ange

Ça remonte à quand, mon dernier billet? Au moins une éternité, si ce n’est pas deux.

Pourquoi cette éclipse, alors? Bin… les yeux, c’est comme une  digue! Les miens ont cédé. Me  documenter sur un sujet, c’est devenu difficile. Et comme j’estime devoir alimenter ce blogue avec pas trop de faussetés, alors j’ai préféré m’abstenir de publier ici. Mais bon, un ophtalmo essaie de réparer tout ça à coups d’injections dans le blanc des yeux. Résultat non garanti. We will see what happens… Ou peut-être qu’on verra pu rien pantoute!

Je sévis néanmoins sur L’Amérique dans tous ses états: https://richardhetu.com/

Alors qu’est ce qui me met, moi, dans tous mes états? La mort de cette fillette de 7 ans à Granby, que la DPJ n’a pas su protéger.

Rien n’a fonctionné comme ça aurait dû fonctionner. La grand-mère a dénoncé son propre fils, le père de la p’tite poupoune. En vain.

L’enfant a été surprise à fouiller dans les poubelles d’un stand à patates frites ou whatever. Est-ce que cette info s’est rendue devant le juge? Sinon, what the fuck? Elle est somnambule, disait le papa aux voisins qui se posaient des questions. Mais apparemment, elle était plutôt… sous alimentée. Drette là, au sens de la Loi, la sécurité et le développement de l’enfant apparaissent compromis. Réaction de la DPJ?

La marâtre – conjointe du papa – avait plaidé coupable à une accusation voies de faits simples sur la personne  de l’enfant, en juillet 2018, mais le Tribunal lui avait accordé une absolution IN-CON-DI-TI-ON-NEL-LE (ce à quoi le DPCP s’était opposé en vain. What the Fuck! 

Elle ne devait pas avoir de contacts avec les enfants – la grande soeur de 7 ans et son p’tit frère de 5 ans – mais elle vivait avec le père et lui, il en avait la garde!

Le couple semblait avoir de graves difficultés à s’occuper des enfants, mais la DPJ avait cessé de superviser la famille, même après l’intervention de la police en 2017 et les accusations de voies de fait contre la belle-mère.

À la suite de cet épisode de violence, le père a dû quitter la résidence familiale avec sa fille, puisque sa conjointe n’avait plus le droit d’être en contact avec l’enfant. Il avait besoin de la supervision de la DPJ pour pouvoir revenir à son domicile, mais il aurait eu beaucoup de mal à obtenir des services. 

Isabelle Ducas, La Presse, 2 mai 2019    https://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-faits-divers/201905/02/01-5224313-mort-dune-fillette-a-granby-le-pere-craignait-dexploser.php

On s’entend, la DPJ n’est PAS le DPCP. Quand la méchante sorcière a reçu son absolution inconditionnelle, est-ce que le père a RÉUSSI à convaincre la DPJ de le laisser reformer son couple, ou devant l’insuccès de ses démarches, s’est-il dit Fuck la DPJ, moé je r’tourne avec elle?

Pourquoi le père en avait-il obtenu la garde alors que la grand-mère s’y opposait? La Loi favorise le retour  des enfants auprès des parents. L’avocat/e de la DPJ a présenté ça comment, devant le Juge qui a rendu la décision? La grand-mère avait-elle été reconnue comme PARTIE INTÉRESSÉE et autorisée à confier à un avocat le mandat de contre-interroger et de faire entendre ses propres témoins? L’enfant et son petit frère ont-ils été entendus? Étaient-ils eux-mêmes représentés par avocat?

Et l’avocat des enfants, le cas échéant, s’est-il contenté de ramasser les honoraires prévus au tarif d’aide juridique, ou a-t-il fighté pour protéger ses petits clients comme l’aurait fait une maman ourse? Comme l’aurait fait l’avocat Papitibi dans le temps?

Dans mon temps, j’ai représenté des enfants, dont certains avaient 3 ou 4 ans. Pas très bavards, à cet âge là, mais  quand on veut y mettre le temps, y a moyen d’apprendre des choses.

Ça pue!

Un tit-pit de 3 ans a reçu du pipi blanc dans l’oeil – un cadeau de son papa. Évidemment que ça s’invente pas, à cet âge là! Évidemment que ces mots-là ne sortent de  la bouche de l’enfant que quand il est en confiance; encore faut-il prendre le temps!

Un tit-pit de  4 ans a mangé la noune de sa maman sous les yeux pervers de son conjoint; évidemment, l’idée ne pouvait pas venir du tit-coune!  L’avocat de la maman a bien essayé de discréditer l’enfant mais celui-ci a fourni une réponse aussi inattendue qu’assassine. En se pinçant le nez et en zozotant, il s’est écrié: Ça pue!

Des obstacles à faire chier

Celle-là, je peux  difficilement l’oublier. Mes deux petites-filles, toutes deux nées en Amerika et plus à l’aise en anglais, étaient de retour au pays de Jean Charest. Je suis 6, répondait l’aînée quand on lui demandait son âge. Un beau matin, Papy s’invite à son école. En mission d’enquête. La p’tite sort de sa classe, voit son grand-papa et vient lui faire un câlin alors que Papy discute avec le directeur!

Je me suis buté ce jour là à l’omerta. T’as beau représenter l’enfant et en faire la démonstration incontestable, ils ne te diront pas si ta petite cliente avait des ecchymoses sur les bras! Un esti de juron m’avait échappé! 

Les parents ont déménagé au moins 8 fois pendant l’année scolaire; dès que l’enseignante commençait à poser des questions sur les ecchymoses au bras de l’enfant, ils la changeaient d’école. C’est de ça que je me  doutais, et c’est ça que la Commission Scolaire croyait devoir me cacher, sous prétexte de protéger l’enfant. Tabarnak!

Subpoena!

On a fini par en avoir confirmation. Subpoena. Le témoin de la Commission Scolaire, je l’ai laissé macérer pendant des heures dans la salle des pas perdus. Pas content, le mossieu. Moi non plus, ça s’adonne! Faque, enweille, sèche! La prochaine fois, fais moi pas chier!

N’empêche. L’École, la Police, la Santé (incluant  la protection de la Jeunesse)… tous soumis au même  devoir de confidentialité. Tout  le monde veut garder jalousement les  secrets qui entourent l’enfant XYZ, SANS LE MOINDRE DISCERNEMENT. Si bien qu’au final, les VÉRITABLES besoins  de l’enfant tombent dans la craque du divan,

Et comme tous ces intervenants qui se font chier les uns les autres relèvent d’un ministre différent, c’est pas demain qu’ils vont ENFIN travailler ensemble dans un but commun: la protection de l’enfant. 

Et la police, kâlisse?

La petite a essayé –  à 01h45 dans la nuit, de se réfugier chez les voisins. Faut le faire! Faut que ça aille mal en titi! Mais le temps que les voisins se réveillent et ouvrent la porte, le bon papa était déjà rendu et il a attrapé l’enfant.

Les voisins ont-ils eu le  réflexe d’appeler le 9-1-1 sans délai? C’est ce que MOI j’aurais fait, que l’enfant ait pu – ou non – se réfugier chez moi. Mais MOI, j’ai vu pas mal plus d’enfants en détresse que le commun des mortels, et j’en ai développé certains réflexes. Alors peut-être que les voisins ont attendu au lendemain matin avant de…

Les policiers ont-ils réagi promptement? Ont-ils laissé passer la  nuit en se disant: Bof! Demain matin! Demain matin, il était trop tard, l’enfant était dans un état critique.

Comme je l’ai écrit plus haut, tout ce qui pouvait arriver tout croche est arrivé tout croche. La tempête parfaite.

Conclusion

Dans mon temps – j’ai quitté il y a une douzaine d’années, il y avait déjà un fort taux de roulement chez les intervenants de la DPJ. Et ça va de mal en pis. Les budgets n’augmentaient pas, faque… Dans certains de mes dossiers, l’enfant sous protection pouvait être ballotté 6 fois, 8 fois, 10 fois, pendant la  durée d’une ordonnance de  placement. Les intervenants se succédaient au dossier, à un rythme infernal. Difficile, dans ces  conditions, d’établir un BON contact avec l’enfant, surtout qu’il vit déjà un abandon ou une trahison parentale.

Quand t’as pas de budgets, tu perds tes forces vives. Les employés avec expérience quittent, on les remplace par des intervenants moins performants, qui ne connaissent PAS les dossiers. Les grands perdants ce sont les enfants. Il y en a même qui en meurent.

En ces temps reculés (?), il n’était pas inhabituel pour la DPJ de demander au Bureau d’aide juridique de donner à un avocat le mandat (contre rémunération) de représenter un enfant en bas âge. Pour les ados, c’était la norme. Quant aux parents, ils devaient payer… à moins d’être eux-mêmes admissibles à l’aide juridique.

Qu’en est-il aujourd’hui? Le tarif d’aide juridique a augmenté mais les budgets n’ont probablement pas suivi, faque… peut-être l’Aide Juridique confie-t-elle moins de mandats à l’externe, because ça gruge les budgets? Je sais pas. Mais je me  demande quand même pourquoi cette enfant là n’a pas réussi à convaincre un juge, par avocat interposé, que Papa était incapable de la protéger de la mégère?

Shit! J’allais passer sous silence la Réforme-à-Barrette. Tsé, les CIUSSS et les CISSS. Centre Intégré Universitaire de Santé et de Services Sociaux. Centre intégré de Santé et de bla bla…

Toutte, toutte, toutte sous le même parapluie. Crisse que ça va bin! Y a pu personne d’imputable. Yeah!

Le juge O-R-D-O-N-N-E au Centre-Jeunesse de  fournir à Tit-Pit les services d’un ortho-pédagogue? Le CISSS , qui est responsable  des budgets, n’en a rien à cirer. Le dossier retourne  donc devant le juge, qui pique une colère  de juge. Baaaaaah!

Devant une demande formulée par la Direction de la Protection de la Jeunesse, le CISSS – de qui il relève désormais, considérera sans doute plus urgent de  combler  les besoins du Centre Hospitalier.

Deuxième problème résultant de la  réforme Barrette: les employés de TOUS les établissements (CH, CHSLD, CLSC, Centre Jeunesse…) travaillent pour un employeur unique, le CISSS, et appartiennent désormais à la même unité d’accréditation syndicale; puisque la clientèle desservie en Centre-Jeunesse est difficile, les employés qui jouissent d’une certaine ancienneté appliquent sur des postes moins stressants.

Résultat? L’expérience s’en va  ailleurs. Et c’est les  tits-n’enfants qui  en paient le prix…

Bon. J’en ai assez dit. Perdu une bonne partie  de mon acuité visuelle – pour le moment du moins – mais j’ai encore les dents aiguisées comme des rasoirs.