
The Beatles and me…
Au collège, des amis m’en parlaient, mais je ne mordais pas à l’hameçon. Moi, je leur préférais, et de loin, la petite Brenda Lee ou mieux encore, Patsy Cline, dont le « I Fall to Pieces » avait continué de m’apporter des frissons bien après son décès. Bin oui, du country, même si à l’époque je ne savais pas que c’en était!
Et je ne dédaignais pas non plus la vraie musique de vieux. Faut dire que, à défaut de jouir de la qualité sonore de la bande FM (alors inconnue!), mon paternel – lui-même un grand nostalgique et fier possesseur d’un gramophone à manivelle- s’était abonné à un service qui diffusait chez nous des grands classiques, des vieilles tounes des années 30 ou 40 et du jazz.
Veux, veux pas, ça forme (ou déforme) les oreilles, en même temps que ça envahit l’inconscient [1 – une anecdote].
Ça ne m’a pas empêché de voir la première prestation de The Beatles au Ed Sullivan Show. Mes parents regardaient TOUJOURS Ed Sullivan, et moi, à cet âge-là, bin forcément j’habitais chez mes parents! De toutes façons, en ’64, on avait le choix entre le 2, le 6, le 12 et le 10… dans l’ordre de leur entrée en ondes. Et les oreilles de lapin donnaient accès à deux des trois réseaux américains, CBS et NBC. La câblodistribution? Bof… ça n’en valait pas la peine. À l’époque. Et puis, il y avait une seule tivi à la maison, faque…
Et quand le bonhomme commandait depuis le fond du lazy-boy où il était affalé: « Va tourner la roulette sur le 6, Ed Sullivan va commencer« , ma mère se quittait son fauteuil mal rembourré et s’exécutait prestement. C’était ça, les couples harmonieux, à l’époque: un homme qui commande « fais, femme« , une femme qui répond « d’accord, l’homme« .
Mon papa avait toujours préféré le défilé des big bands de l’heure à celui des ours domptés et des acrobates, mais le 9 février 1964, ô horreur, c’était le tour des Beatles, des hybrides de bibites-à-poil et de musiciens. Ouache! Probablement que s’il y avait eu des ours ce jour-là – ou encore un virtuose de l’harmonica, il les aurait préférés à ces quatre moppes hirsutes mais bon, il fallait bien faire avec et espérer qu’un acrobate surdoué vienne sauver le show avant le lever du rideau! Peut-être même y en eut-il, à vrai dire, ce jour-là, mais je défie quiconque de s’en souvenir, 50 ans plus tard!
Des niques à poux, ces têtes-là, avait conclu ma mère; mon père, lui, s’était finalement endormi (comme d’habitude!) dans SA Lazy-Boy, que maman avait le droit de regarder et de faire shiner avec un chiffon et du push-push. Sans plus… Moi, je n’osais même pas m’approcher du Saint-Siège paternel, alors interdit aux moins de 60 ans et ce, même en l’absence de son titulaire de droit divin! Lire la suite