Le plaidoyer de culpabilité « librement offert » par Omar Khadr suscite des sentiments contradictoires.
Aux yeux des rednecks, aux yeux de tous ces commentateurs crédules et généralement peu informés, ou mal informés, ce plaidoyer confirme que Khadr est coupable des crimes dont son plaidoyer comporte l’aveu.
Aux yeux d’une majorité de juristes, de part et d’autre de la frontière, ce plaidoyer confirme plutôt que Khadr avait perdu confiance dans ce processus de justice militaire. Qu’ils soient ou non des criminalistes – et je n’ai moi-même jamais eu la prétention de l’être, ces juristes connaissent bien la notion du plea bargaining, au terme duquel ils consentent au moins pire pour éviter de risquer le pire. Une claque sua gueule de la Justice, en somme.
Aux yeux de bon nombre de Canadiens, le Canada – Stephen Harper, plutôt, doit porter le bonnet d’âne, pour avoir accepté sans réagir que l’enfant Khadr soit lynché à l’autel de l’islamophobie. Bonnet? Lynché? C’est quoi, déjà, le titre de ce billet? Non, non, non, je n’ai rien dit!
Comme le disait l’avocat de Khadr, si on lui avait demandé d’avouer qu’il était l’assassin de Kennedy (1963!), il aurait avoué. Et de fait, parmi les crimes qu’il a avoués, il s’en trouve qui sont plutôt incompatibles avec son âge. À 15 ans, il aurait comploté? N’aurait-il pas plutôt été endoctriné? Pas pareil pantoute, là là!
J’ignore si Khadr a vraiment commis ce « meurtre » dont il était accusé. A-t-il lancé cette grenade? Ceux qui savent peuvent être comptabilisés avec les doigts d’une seule main, et mis à part les aveux obtenus de Khadr pendant son confinement contraire au droit international et à l’aide de méthodes tout aussi contraires au droit international ET au droit criminel américain et canadien, la preuve de la culpablité de Khadr n’était pas suffisamment solide pour convaincre au delà du doute raisonnable. Les lecteurs qui en ont le temps et l’intérêt trouveront, hors texte, un complément d’information sur le droit applicable.
Je sais, par contre, que Khadr EST et demeure un enfant-soldat, au sens des Conventions de Genève. L’administration Bush a tenté de contourner l’esprit des Conventions, en faisant appel à la notion de « combattant ennemi »; Khadr fait partie de cette catégorie, lui qui ne porte pas d’uniforme et qui ne combat pas au sein d’une armée nationale régulière.
Malheureusement pour W, la Cour Suprême l’a rabroué – et trois fois plutôt qu’une! Lire la suite