J’ai la réputation de prendre fait et cause pour MES Sauvages. Dix jours après le lancement du présent blogue, je publiais d’ailleurs ce billet, au titre évocateur: sommes-nous coupables de génocide?
Il y était question d’acculturation et de protection des enfants chez mes amis Algonquins.
Mais c’est pas parce que je les aime bien que je vais accepter, de leur part, toutes les errances.
Est-il tolérable qu’aux portes de Montréal subsiste une enclave où l’obsession de la pureté raciale tient lieu de politique? C’est ce qui se passe à Kahnawake, où le conseil de bande compte chasser de la réserve 26 «non-Mohawks», presque tous des hommes blancs cohabitant avec des Amérindiennes.
Briser des familles, priver des femmes de leur mari et des enfants de leur père au nom de la pureté du sang? Il y a un nom pour cela et ça s’appelle le racisme… – Lysiane Gagnon, La Presse
Wo, Papi! Wo! Tu nous sers un vieux texte du 11 février 2010. On ne verrait pas ça aujourd’hui…
C’est vrai. Heu… La Lysiane poursuivait:
les citoyens n’ont-ils pas des recours contre la discrimination raciale? On ne le dirait pas, à voir la lâcheté avec laquelle les gouvernements ont réagi. Le gouvernement Charest, avec l’indolence qui le caractérise, regarde ailleurs … Le ministre fédéral des Affaires indiennes, Chuck Strahl, se déclare impuissant…
On ne verrait plus ça aujourd’hui, des familles brisées. Aujourd’hui, les Mohawks ont appris: c’est toute la famille qu’ils expulsent, Mohawk ou pas Mohawk…
We’re no Barbarians, Kowliss de Taburnak!
70 couples mixtes formés d’un Indien et d’un non-Indien sont sous le coup de menaces d’expulsion. «You marry out, you’re out» «Si tu épouses quelqu’un de l’extérieur, tu t’en vas», entend-on à Kahnawake. […]
En 2010, des lettres d’éviction avaient été envoyées à 26 conjoints blancs de Mohawks de Kahnawake, dont certaines personnes âgées résidant là depuis très longtemps. «Moins de dix personnes étaient parties, à ce moment-là», dit Michael Delisle, grand chef de Kahnawake.– Louise Leduc, La Presse, 15 août 2014
Crise identitaire ou incitation à la haine?
Cette Mohawk, Cheryl Diabo, vit en couple avec un Blanc depuis cinq ans. Un matin de la semaine dernière, elle a trouvé ce mot de bienvenue accroché à son quart à vidanges. Myiow – ça se prononce Maillot avec-le-T-muet, c’est le patronyme de son papa…
Ouep! Vivre avec un Blanc! Ouache!
Tout ce tapage a débuté quand un membre du corps enseignant de l’école locale, Krissy Goodleaf, et son conjoint des 15 dernières années, un non-autochtone, ont entrepris la construction d’une résidence au coeur même de la communauté, à proximité de l’église pentecôtiste. Sous la pression des opposants, le couple a mis son projet de construction sur la glace, mais des résidents pressent au contraire le Conseil de bande d’appuyer le couple dans son projet. – Geoffrey Vendeville, The Gazette, 15 août 2014 [ma traduction]
Selon le Conseil de bande, une entente aurait été conclue pour que cesse la construction, de rapporter Louise Leduc dans La Presse, édition du 15 août. Pas sûr que les opposants et le p’tit couple disposaient du même pouvoir de négociation mais bon, appelons ça une entente. Puisqu’ils insistent …
On ne parle plus ici d’auto-défense identitaire. On parle d’incitation à la haine et au mépris de cette bitch qui a osé se donner à un Blanc. Period!
Louis Bernard n’est pas n’importe qui. Outre le fait qu’il s’était porté candidat à la succession de Bernard Landry à la tête du PQ, il aura été chef de cabinet du Premier Ministre René Lévesque et pendant longtemps , il eut la réputation d’être l’éminence du Parti. Son rôle y est plus effacé… en principe; à tort ou à raison, je vois la signature de Louis Bernard apparaître en filigrane dans le projet de Charte des valeurs de Bernard Drainville…
Pire, M. Bernard estime que ces expulsions sont «un geste de défense identitaire tout à fait analogue à la loi 101»! Est-il en train de nous dire que la loi 101 était d’inspiration raciste? – Lysiane Gagnon, La Presse, 11 février 2010
Rima Elkouri se demandait pour sa part comment peut-on formuler une vision aussi obtuse de l’identité que ce portrait qu’en dressait Louis Bernard.
Car contrairement à ce que dit Louis Bernard, la décision du conseil mohawk n’a rien à voir avec celle du Québec, tout à fait légitime, d’adopter la Charte de la langue française. C’est une décision fondée sur l’idée que le sang est plus important que la culture et que l’identité est innée et non acquise. Bref, c’est n’importe quoi. – Rima Elkouri, La Presse, 13 février 2013
C’est le gouvernement fédéral qui pousse le nationalisme identitaire mohawk à son paroxysme, suggère Elkouri:
Dans son film [ndlr: Club Native], qui lui a valu un prix Gemini en 2009, la cinéaste [Tracey Deer, elle-même Mohawk] montre très bien l’absurdité des critères de pureté sanguine, hérités de la loi sur les Indiens, qui permettent d’accéder (ou pas) au «club autochtone».
[…] Aussi inhumaine et raciste soit-elle, la décision du conseil de Kahnawake est d’une certaine façon logique, dans la mesure où les Mohawks agissent ici en conformité avec le principe même qui les gouverne. La Loi sur les Indiens a instauré un système d’apartheid administratif et symbolique qui, rappelle-t-on dans le film Club Native, aurait même inspiré le régime d’apartheid sud-africain.
What’s next?
Qu’est ce qu’on doit faire avec ces racistes misogynes?
Si j’étions moi-même fumeur, je cesserions d’acheter ces clopes faites d’un mélange de tabac et de poil-de-cul. Mais je pouvions pas, à cause que j’étions point fumeur… Si j’étions au moins un gambleur-à-pitons ou un bluffeur, je pourrions m’éloigner des casinos des Warriors, mais j’étions même pas un casinoteur. À vrai dire, des défauts pis des vices, je laissions-ça aux autres.
Alors que faire? Les Mwoks forment une nation et les Warriors y règnent en souverains? Eh bin, qu’on leur fasse l’honneur de postes-frontières et d’un beau mur, calqué sur le modèle israélien. Ugh!
J’ai vérifié, et le documentaire « Club Native » n’est pas disponible parmi les milliers de titres disponibles pour visionnement à domicile sur le site de l’Office National du Film. Dommage. Mais le trailer, lui, est disponible [ICI].
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[1] neuf candidats s’étaient portés candidats à la succession de Bernard Landry; André Boisclair l’avait emporté avec une bonne majorité sur Pauline Marois, et Louis Bernard avait recueilli environ 5% des voix, au 4e rang.