Nous avons vengé le prophète, hurlaient les barbares arabes à barbe ou sans barbe après le massacre. Nous avons tué Charlie Hebdo…
Heu…
Yo soy Charlie. Je suis Charlie. Cogito, ergo sum Charlie… Et non, cet attentat n’aura ni éteint la flamme de Charlie Hebdo ni amélioré la position du Prophète sur l’échiquier politico-religieux. D’ailleurs, à en juger par cette solidarité ostentatoire que manifestent les médias à travers le monde, c’est pas demain la veille de l’extinction des feux! Et que dire de cette initiative commune de la presse québécoise de publier aujourd’hui dans tous les quotidiens du Québec les caricatures qui avaient suscité la rage des fous d’Allah…
Le flambeau n’a pas été éteint; au contraire, il aura été multiplié. C’est ça, la vengeance du Prophète? C’est ça, la Victoire d’Allah sur les Infidèles? Si tant est que tu NOUS refuses le droit au doute, alors va chier, Prophète!
Un peu comme pour Le Devoir au Québec, si l’influence de Charlie Hebdo dans le paysage médiatique devait se mesurer au nombre de copies vendues, ça ne justifierait sûrement pas un attentat! À peine 30000 copies vendues. Microscopique. Mais l’air que remue Charlie chatouille les narines…
Attenter à la vie du directeur et d’une demi-douzaine de collaborateurs parmi les plus essentiels de Charlie ne va pas taire le message qu’ils véhiculaient; à lui seul, le prochain numéro sera tiré à autant d’exemplaires que la production totale des six ou huit derniers mois, et l’écho en sera répercuté à l’infini.
C’est ça, la vengeance du Prophète? C’est ça, la victoire de l’islam radical sur les Infidèles? Sacraman…
Et quel recul pour la cause de l’islam! Bien sûr, les victimes les plus apparentes sont celles qui auront péri sous les balles. Dont Ahmed Merabet, ce policier du 11e arrondissement abattu de de sang froid et à bout portant devant l’édifice où loge Charlie-Hebdo. Dont Mustapha Ourrad, un correcteur dans l’équipe de rédaction. Deux victimes dont ni Allah ni le Prophète n’applaudiront sans doute pas le sacrifice sur l’autel de la bêtise…