
Le temps passe et, de toute évidence, le gouvernement Harper n’est pas encore parvenu à résoudre l’équation entre son idéologie et ses obligations légales à l’égard non seulement d’Omar Khadr… mais aussi du gouvernement Obama.
Ce gouvernement ne VEUT PAS rapatrier Khadr; à vrai dire, rare sont les gouvernements qui souhaitent héberger un terroriss et en assumer le coût. Sauf que la Cour suprême du Canada a déjà statué en 2010 – à l’unanimité – que ce gouvernement avait engagé sa responsabilité envers Khadir. C’est pas un sale go-gauche qui le dit: ce sont les bonzes de la Cour Suprême du Canada, incluant les juges Cromwell et Rothstein, deux nominations dont Stephen Harper assume la paternité.
Ce gouvernement s’enfonce la tête dans le sable, plutôt que de reconnaître publiquement qu’il s’est gouré en refusant de le sortir plus tôt de Guantanamo; et plus il tarde à le faire, plus la facture risque d’être salée. Il le sait. Mais il manque de couilles!
Parce que cette décision va devoir être prise… un jour, et il est certain qu’elle risque d’indisposer l’électorat conservateur.
On me permettra cette savante citation du grand philosophe Jean-Luc Proulx, ci-devant blogueur émérite et préposé aux sacs d’épicerie dans un grand supermarché de Québec:
Le p’tit peuple n’a pas les connaissances suffisantes pour jongler avec des concepts importants qui sortent du cadre de l’état de son gazon, du PH de sa piscine, de l’épicerie avec les enfants, des sorties au cinéma, de la bière et du hockey!!! […] l’ignorance crasse du p’tit peuple peut également nuire à la santé démocratique d’un pays…
Propos vachement élitiste, à mon sens, mais Proulx, lui y connait ça! Alors je dois m’incliner devant l’immensité de sa sagesse: comme il le suggère habilement, l’électorat conservateur – le vrai de vrai petit peuple, en somme – est trop ignorant pour comprendre les motifs d’un jugement de la très Suprématique Cour. Alors le gouvarnament attend le Messie, et le Messie ne viendra pas. Dilemme.
Le cheminement intellectuel des ministériels est, par ailleurs, aussi clair qu’il est cohérent:
3 février 2010:Malorie Beauchemin, LaPresse
Le gouvernement conservateur n’a pas l’intention de demander le rapatriement d’Omar Khadr même si la Cour suprême a jugé, la semaine dernière, que les droits du citoyen canadien détenu depuis sept ans à Guantánamo continuaient d’être violés et qu’Ottawa devait remédier à la situation.
«Notre position n’a pas changé, a dit hier le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon. Nous respectons la décision de l’administration Obama de fermer la prison de Guantánamo tout en s’assurant que les détenus qui ont des charges retenues contre eux soient jugés devant la justice américaine. Nous allons attendre la décision des États-Unis et nous verrons ensuite quelles sont les prochaines étapes. On continue de suivre le dossier de près.»
« tout en s’assurant que les détenus qui ont des charges retenues contre eux soient jugés devant la justice américaine ».
Ça, c’est de la clarté claire! C’est au procès qu’on saura si les charges sont retenues; un prévenu, c’est une personne sur qui pèsent des accusations pour lesquelles il n’a pas encore été jugé ni encore moins trouvé coupable. Les connaissances de Lawrence Cannon en faisaient vrrrraiment un choix tout désigné pour un poste d’ambassadeur! Y’a pas à dire!
1 novembre 2010: un premier virage à 180 degrés: La Presse Canadienne
Le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a indiqué lundi que le gouvernement fédéral respectera l’entente conclue entre le gouvernement américain et le ressortissant canadien, Omar Khadr, qui prévoit son retour au pays dans un an.
30 octobre 2011: Khadr admissible à son rapatriement, Agence QMI
C’est à compter de ce lundi que le Canadien Omar Khadr, détenu depuis des années dans la prison militaire américaine de Guantanamo, à Cuba, sera officiellement admissible à un transfert dans un pénitencier canadien. […] Service correctionnel Canada et le gouvernement américain devront dans un premier temps autoriser le transfert de Khadr en sol canadien. C’est ensuite au ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, que reviendra la décision d’autoriser ou non le rapatriement du jeune détenu.
10 novembre 2011: un second virage à 180 degrés: Christian Nadeau, Le Devoir
Notre gouvernement persiste et signe dans sa volonté de refaire notre image à l’étranger. Après avoir accepté il y a un an une entente entre les avocats d’Omar Khadr et leur contrepartie américaine, le gouvernement du Canada laisse entendre aujourd’hui qu’il n’est lié par aucun accord et qu’il peut, si bon lui semble, refuser la demande de rapatriement de Khadr. Lire la suite