
Le chantage au nanane
Le candidat à la mairie de Montréal, Denis Coderre, s’est adressé la semaine dernière à un groupe de Juifs hassidiques. Réunion fermée, interdite aux médias, convoquée à l’initiative de la communauté hassidique, de préciser Coderre: TVA Nouvelles, 1 novembre 2013.
“If you want my friendship, if you want my support, don’t divide the vote”[…] “I don’t need division. I’m fighting right now against the charter because they’re dividing the people, and it’s diversion.”
Coderre constate alors qu’on le filme, et s’adresse au vidéaste amateur: « You’re not recording, eh?” – CBC, 1 novembre 2013
«La communauté était totalement furieuse. C’est elle-même qui m’a invité et établit les règles.(…) Ils sont tristes de voir que quelqu’un a transgressé à des règles. C’est une question de savoir vivre. On se sert d’eux autres pour faire de la politique sur leur dos» – Denis Coderre, 1 novembre, cité par TVA
Ça ressemble à une pelure de banane. Ça ressemble – également – à un appel à la race: je me bats contre la Charte des valeurs parce qu’ils [note: le PQ] divisent les gens… En d’autres termes, votez pour Coderre, car Coderre, lui, va vous dorloter, il va vous cocooner, il va vous protéger des méchants pékisses. Comme si les trois autres candidats de tête, les Bergeron, Côté et Joly, ne tenaient pas à cet égard le même discours.
Techniquement, Coderre n’a pas affirmé « un vote pour Coderre c’est une manne de nananes pour votre communauté« . Il n’avait pas besoin de le dire aussi clairement pour en convaincre ces électeurs; ils ont compris ce que Duplessis Coderre avait bien voulu qu’ils comprennent, et le résultat est aussi éclatant qu’éclairant.
Alex Werzberger, président de la Coalition des organisations Hassidiques d’Outremont, était présent: « We definitely want Denis Coderre to become mayor.”
Duplessis is back. Sous le masque de Coderre…
Mais au delà du chantage au nanane, façon Duplessis, c’est la culture du silence qui préoccupe. Coderre aura beau le répéter aussi souvent qu’il le voudra, ses démentis sentent la bullshit. La question qui tue: Duplessis Coderre aurait-il osé tenir le même discours devant des micros tendus par de vrais journalistes?
Non, il n’aurait pas osé. Lire la suite