Alors qu’on croyait avoir lu et entendu la quintessence de l’abjection en matière de publicité électorale négative, les récentes déjections des stratèges Conservateurs dans les médias dits « ethniques » de Toronto et de Vancouver atteignent un niveau de bassesse inégalée. Wedge politics, dans sa forme la plus immonde, celle qui cible les enfants des électeurs.
Le National Post – pourtant acquis aux Conservateurs – a fait traduire cette pub le 14 octobre; il en conclut que les Conservateurs ont menti effrontément.
Stephen Harper « sort » dans des circonscriptions ontariennes dont il avait cru qu’elles lui étaient acquises. Le Grand Calife Ben Bitume est de toute évidence en mode panique. Quant à ses pubs en mandarin (l’image qui coiffe le présent billet, tirée du Ming Pao… moins le gros Ford!) et en punjabi, destinées aux auditoires de Richmond et de Vancouver (B.C.) ou de Richmond Hill et de Markham, en banlieue de Toronto, peut-être auront-elles plutôt eu pour effet de dégoûter les communautés auxquelles elles étaient destinées, comme le rapportait CBC News le 13 octobre:
« Que les Conservateurs estiment ainsi qu’ils peuvent manipuler l’opinion de nos communautés, c’est plutôt perçu comme une insulte à notre intelligence », a déclaré Rattan Mall, éditeur du journal Indo-Canadien Voice et responsable de son site internet.
Mais est-ce vraiment nouveau? Oui et non… Jamais les Conservateurs ne feront une campagne nationale là-dessus; ils se feraient prestement ramasser. Cette marde, ils la réservent plutôt au public ciblé de certaines communautés locales qu’ils estiment prêtes à les recevoir. Ou à des communautés ethniques dont ils souhaitent faire basculer massivement le vote sans pour autant faire sourciller un électorat mainstream de type White Anglo-Protestant ou Québécois de souche.
Chez les stratèges politiques, on parlera ici de « Dog-whistle politics« – un message inaudible pour la vaste majorité mais qu’un public ciblé, lui, entendra. Lire la suite