
Une femme d’origine algérienne et son fils ont été victime d’une agression alors qu’ils se trouvaient au centre commercial Place Laurier à Québec, il y a quelques semaines.
Badia Senouci, qui porte un foulard, aurait été abordée par une autre femme la sommant de changer de religion et de retirer son foulard, tout en faisant référence au projet de charte des valeurs québécoises.
[…] «Depuis que Mme Marois veut faire cette charte, je vois cette tension et ces regards haineux dirigés vers nous», a affirmé la femme. – Le Journal de Québec, 15 septembre 20!3
Malsain. Pour l’instant, les partis d’opposition refusent de faire le lien entre la Charte et ce genre d’épisodes haineux, et je leur en sais gré. Il faudra néanmoins y réfléchir et nous demander, collectivement, dans quelle mesure il est souhaitable de laisser planer la perspective – même diffuse – de remettre à leur place ces étranges qui dérangent.
Je ne m’en cacherai pas – et je vais même m’en confesser publiquement, si tant est que l’on puisse encore invoquer le confessionnal en ce Québec dit laïque: les signes religieux ostentatoires, ça m’agace.
Oui, oui, ça m’agace, j’en ressens comme un petit chatouillis, genre. Et si ça m’agace, c’est parce que j’ai tendance à y percevoir ou bien une certaine forme d’intégrisme religieux, ou bien le signe d’un certain asservissement qui n’a rien de vraiment religieux. En aucun cas, toutefois, je ne me sens agressé.
En aucun cas, à l’exception du voile intégral; mais ça, c’est autre chose et puisque l’interdiction de ce machin semble faire consensus, je vais passer outre.
Cela dit, le crucifix au dessus de la tête du président de l’Assemblée nationale, lui, il m’agresse. Non seulement l’argument patrimonial invoqué au soutien de son maintien porte-t-il à faux, mais il constitue le parfait exemple de l’hypocrisie la plus abjecte.
Le crucifix, c’est Duplessis. Et Duplessis, c’est l’archétype de l’intolérance religieuse à l’égard des Juifs et des Jéhovahs de son époque, en même temps que l’incarnation du politicien véreux inféodé aux autorités religieuses qui tenaient le Québec en esclavage.
Agacement, disais-je. Entre MON droit de ne pas « subir » le hijab de mon infirmière et mon droit à des soins de qualité par un personnel en nombre suffisant, je choisis mon droit d’être soigné; désolé, madame Marois. Et surtout, entre MON droit de ne pas subir la vue de son hijab et SON droit de travailler dans la fonction publique comme tout autre citoyen, MON droit à moi paraît finalement bien dérisoire.
Alors le simple agacement, là, là, tsé veux dire…
Au nom du père, et du fils, et de la modestie!
Bernard Drainville a cité jusqu’à plus-soif l’exemple des soutanes disparues de nos écoles et de nos hôpitaux avec la Révolution tranquille. On l’a fait, nous? Alors qu’ils le fassent, eux!
Il a également cité jusqu’à plus-soif l’exemple des épinglettes de partis politiques, que n’ont pas le droit de porter les fonctionnaires de l’État pendant les heures de travail.
Désolé, mon tit-coune, mais quand Zénone Latrémouille quitte son déguisement de Soeur Marie-de-la-très-Sainte-Incarnation et redevient Zénone Latrémouille, elle ne subit l’opprobre ni des catholiques pratiquants ni de son ordre religieux, et elle demeure catholique, aussi bien dans sa tête, dans son coeur que dans son âme de chrétienne.
Et Anthime Le Zouf, lui, il ne perd pas ses privilèges de membre du Parti Pourlaglouère quand il se présente à son bureau sans porter son épinglette du Parti. Lire la suite