
Le 7 septembre 1959, je me trouvais à la résidence secondaire d’Oncle L. près de Chertsey, avec une demi-douzaine de cousins et cousines. Les vacances étaient terminées, le lendemain marquait le retour à l’école. Qu’à cela ne tienne; comme à chaque année, nous allions tous nous retrouver à Noël, puis à Pâques, puis de nouveau l’été suivant.
L. J. avait fait la guerre de 14 (il était de Lyon, sauf erreur) et embroché des tas de Boches; c’était un conteur hors pair, et peut-être m^peme avait-il largement enjolivé ses récits (dont nous ne nous lassions pas!) mais il ne nous avait jamais raconté comment il avait pu amasser une fortune aussi colossale.
Un premier indice, auquel je n’avais pas porté attention, à l’époque. Quand la TSF – la radio, dans sa langue à lui – annonça la mort du grand petit monsieur Duplessis à Shefferville, oncle L. s’écria: « Mais c’est la catastrophe! »
Le hasard a voulu que son successeur, Paul Sauvé, décède à son tour le 2 janvier, alors que nous étions de nouveau tous réunis chez Oncle L.
L. appartenait à cette catégorie d’entrepreneurs à qui la chance souriait souvent et généreusement: aujourd’hui, je sais que le sourire de la chance avait été un peu forcé par des tractations secrètes, que les adultes des années ’50 gardaient pour elles. Même quand la veuve d’oncle L. m’avait présenté deux anciens ministres de Duplessis (dont Jos Bégin) sous un parasol planté sur la Beach de Miami, des années plus tard, je n’avais pas allumé. Ou plutôt, je refusais d’allumer. C’est que nous l’aimions beaucoup, oncle L; qu’il ait été un intime de ministres patronneux, je préférais sans doute glisser ça sous le tapis.
C’est donc la générosité du député de Trois-Rivières envers l’un de ses fidèles supporteurs qui m’aura permis de faire du ski, de monter à cheval et de jouer au golf sur l’immense domaine qu’oncle Lucien avait pu aménager pour le seul plaisir de ses neveux et nièces! J’oubliais: oncle L. est décédé en 62 alors qu’il portait un toast à la « victoire » prochaine de l’Union Nationale sur Jean Lesage et ses socialistes de Libéraux.
Je n’affirme pas ici que Duplessis lui-même a tiré un avantage pécuniaire de cet échange de bons procédés; il était pauvre comme Job. Mais la pérennité d’un régime, ça se paye.
Duplessis donne à sa province – disait la publicité de L’Union Nationale. Hum… il aurait sans doute pu donner davantage à sa province s’il n’avait pas donné le minerai à l’Iron Ore. Et peut-être même son gouvernement aurait-il alors distribuer davantage de réfrigérateurs à son bon peuple, sans égard à leur allégeance?
Ça, c’est MON Duplessis [1].
Le Duplessis de Jean-Loque Proulx:
Ralph Klein est l’une des personnalités politiques provinciales canadiennes qui auront le plus marquées leur province et le pays en entier, lors des deux dernières décennies!!! On ne peut guère le comparer qu’à Maurice Duplessis, pour trouver un premier ministre québécois qui lui arrive, à la cheville!!! Lire la suite