À ce stade-ci des procédures, je ne vais pas extrapoler sur la culpabilité ou sur l’innocence de Dominique Strauss-Kahn; ce serait prématuré.
Je constate, toutefois, que le traitement que lui a fait subir la Justice américaine, avant même le dépôt des actes d’accusation, est franchement dégueulasse. Je constate également que madame la juge Melissa Jackson, celle qui a refusé la demande de libération sous cautionnement, tient sa nomination du maire de New-York, Michael Bloomberg.

Diplômée de l’école de droit de Fordham et de l’université de Pennsylvanie, Mme Jackson, a été substitut du procureur à Brooklyn pendant 22 ans, avant sa nomination en 2003 au tribunal pénal de Manhattan par le maire de New York Michael Bloomberg.
Les critères
En vertu de la législation de l’État de New York, les juges doivent tenir compte d’un ensemble de facteurs — le caractère de l’accusé, ses ressources financières, ses antécédents judiciaires, la solidité des éléments à charge — pour décider de leur accorder ou non une libération sous caution. – La Presse Canadienne
C’est la même chose chez nous. Les ressources financières ne sont prises en compte que dans la fixation du montant de la caution; exiger $1000000 du milliardaire Donald Trump et $500 d’un clochard, c’est une injustice… pour le clochard, pour qui $500 pèsent plus lourd qu’un million pour Trump.
Les antécédents judiciaires? Le dossier de Strauss-Kahn est vierge.
La solidité des éléments à charge? Elle dit blanc, il dit noir. Ou vice-versa. Il ne fuyait pas en toute hâte, comme on l’a cru; au contraire, il a pris un repas avec sa fille après avoir quitté l’hôtel et c’est lui qui a appelé la direction du Sofitel pour aviser de l’oubli de son téléphone. Rien qui puisse ressembler au comportement d’un fuyard pressé de quitter. L’avion? Ne devait-il pas retourner en Europe pour y présider une importante réunion, à Berlin, sauf erreur?
Le caractère de l’accusé? La preuve devant le Tribunal est muette… pour l’instant.
Les deux critères principaux – ceux dont la Presse Canadienne n’a pas parlé (!) – tiennent à la lourdeur des crimes reprochés [DSK est passible de 74 ans!] et à la possibilité que DSK fasse faux bond à la justice américaine. Comme Roman Polansky, dans le temps, et dont l’affaire a été réglée des décennies plus tard. Le problème, ici, c’est qu’il n’existe aucun traité d’extradition entre les USA et la France, semble-t-il. Et même si un tel traité avait pu exister, je me demande dans quelle mesure Sarko n’aurait pas creusé sa propre tombe en acquiesçant à l’extradition de celui qui était – jusqu’à ces événements – perçu comme son principal adversaire pour les présidentielles de 2012.
L’évaluation des critères par la juge Jackson
Le risque de faire faux-bond était-il si grand, de la part d’un économiste qui dirige le Fonds Monétaire international et que ses fonctions font voyager partout dans le monde… incluant des pays qui ont signé un traité d’extradition avec les USA? De la part d’un aspirant à la présidence de l’un des principaux alliés des USA? De la part d’un individu qui, avant son arrestation, ne semblait pas particulièrement empressé de quitter le territoire? De la part d’un individu dont les avocats avaient offert qu’il dépose son passeport entre les mains des autorités américaines, qu’il demeure chez sa fille à Manhattan et qu’il verse un cautionnement de $1M pour garantir sa présence devant le Tribunal ce vendredi 20 mai?
Mon évaluation du travail de la juge Jackson
La magistrate Jackson semble avoir fait de la preuve présentée devant elle une revue aussi fantaisiste que biaisée. Lire la suite