
Man-made Law, go to Hell! [1]
Phallocrates du monde entier, tous unis derrière cet aréopage de prophètes abrahamiques [2] qui ont en commun d’avoir, en des temps immémoriaux, recueilli et transmis de génération en génération le mythe de la supériorité du mâle sur la femelle de l’homme. Pas étonnant que les plus conservateurs d’entre ces phallocrates maudissent aujourd’hui encore ces Lois de l’homme qui accordent notamment à la femme des droits dont ils auraient souhaité, eux, conserver l’exclusivité.
Pas étonnant, non plus, que ce soit la gauche qui leur fasse obstacle. J’y reviendrai; ça n’était là qu’un teaser…
«Oh! Notre bon président purifie l’Égypte», entend-on entre deux professions de foi à l’islam. «Islam, nous te protégerons de tout. Même avec notre sang». Parmi les protestataires, le projet de constitution qui fera l’objet d’un référendum, rejeté par l’opposition, fait l’unanimité. Surtout l’article qui confirme la place prépondérante de la loi islamique, la charia, dans le nouveau régime. «C’est normal de ne pas être dirigé par des lois chrétiennes dans un pays qui a une population musulmane à 90%»– Laura-Julie Perrault, La Presse, 10 décembre 2012
Et c’est quoi, une Loi chrétienne, by the way? Bof… Suivons plutôt ce raisonnement tordu jusqu’au bout, et lapidons tous ces affreux barbus qui travaillent à l’avènement de la Charia en Occident! Majoritaire, de marteler le Stephen Harper que Serge Chapleau a dessiné à grands traits pour son Allah Et Dieu créa Laflaque!Minoritaires! Minoritaires! Icitte, vous êtes minoritaires, alors câlissez-nous donc la paix avec votre crisse de charia, pis quand vous traverserez la rue Ste-Catherine ou le boulevard St-Laurent, vous ferez le signe de croix. Pas d’accord, mes tit-casses? Bon bin… restez donc chez vous, sacraman! Scram!
Bon, d’accord, j’étais en mode Tatagoniste.nuts… Je m’excuse auprès de tous les visiteurs occasionnels qui s’y seront laissés bernés… et auprès des lecteurs en provenance de la bécosse-à-David qui auront cru en ma soudaine conversion. Car de conversion soudaine il n’y a pas: j’ai toujours dénoncé la promiscuité entre les pouvoirs religieux, politique et judiciaire. Que ce soit au Québec sous Duplessis, au Yémen ou sur Alpha du Centaure. Alors non, je ne vais célébrer ni le pouvoir politique des Mollahs et des Ayatollahs, ni le suce-pipi entre les pouvoirs religieux et judiciaire.
…la Haute cour constitutionnelle avait rejoint la Cour de cassation et d’autres tribunaux du pays dans une grève illimitée pour dénoncer des «pressions» exercées par le camp du président islamiste.
Des islamistes ont en effet encerclé ses locaux dimanche, alors qu’elle entendait examiner la validité de la commission constituante malgré un décret présidentiel annulant ce type de recours. – Jailan Zayan, Agence France-Presse, 3 décembre
Onze journaux ont aussi décidé de ne pas paraître [le 4 décembre 2012] afin de protester contre l’absence de garanties pour la liberté de la presse dans le projet de Constitution soumis à référendum le 15 décembre.
Il s’agit de « faire face à la tyrannie », a affirmé le quotidien Al-Tahrir sur son site internet. La presse reproche au pouvoir de ne pas protéger certains droits fondamentaux, dont la liberté d’expression, et d‘ouvrir la porte à une application plus stricte de la loi islamique.
Une partie de la presse rejoint ainsi « la fronde des juges » dont certains ont fait savoir qu’ils ne superviseraient pas le référendum. – Union de la Presse francophone, 4 décembre
D’un côté, rapportait notamment le Washington Post ce 11 décembre, il y a dans les rues ces millions de partisans de Mohamed Morsi et de la « déchristianisation du droit » [voir plus haut!], qui agitent l’étendard des Frères Musulmans et qui scandent: oui, oui, nous aimons Morsi, scandent-ils dans les rues. Exigeons l’institutionnalisation de la Charia. N’ayons pas peur!
L’équipe du Washington Post a préparé un résumé des étapes qui ont mené à la crise actuelle qui oppose les islamistes et cette coalition informelle qui regroupe des nostalgiques de Moubarak, des gauchistes et des « secularists« (des partisans d’un pouvoir strictement temporel d’où la religion serait exclue. Après la formation d’une première Assemblée Constituante en mars 2012 – formée majoritairement d’Islamistes -, un Tribunal a ordonné le 10 avril la suspension de ses travaux. Une nouvelle assemblée Constituante est créée en juin, mais les opposants à l’islamisation la boycottent. Le 22 novembre, Morsi interdit aux tribunaux, par décret, de dissoudre cette Assemblée Constituante, d’où l’annonce par le président de la puissante association des juges, ce mardi, que 90% des 14000 juges du pays refusent de participer au processus et de s’en montrer les complices. Mais il y a sans doute suffisamment de « juges dissidents » pour courber l’échine… et le travail de révision va donc se faire.
Le référendum doit en principe être tenu le 15 décembre; les opposants à l’islamisation estiment que les dés sont pipés et songent à bouder le référendum. Too soon to call…
Le pouvoir de l’Armée lui portant ombrage, Morsi l’avait renvoyée dans ses casernes. Voilà maintenant qu’il l’en sort et lui permet de faire des arrestations qui pourront donner lieu à des procès militaires. Une autre aberration…
Par un décret pris lundi, M. Morsi a rendu à l’armée le pouvoir d’assurer l’ordre et d’arrêter des civils, jusqu’aux résultats du référendum. Ce droit très décrié rappelle la période où les militaires ont dirigé le pays, entre la chute de Hosni Moubarak en février 2011 et l’élection du nouveau président en juin.
Des ONG comme Amnesty International ont dénoncé le risque de violations des droits de l’Homme comme celles commises durant cette période. – John Davison et Haitham El-Tabel, Agence France-Presse, 11 décembre 2012
Mais l’Armée – pour le moment – est la seule institution qui apparaît capable d’empêcher l’éclatement. Sauf que maintenant, il y a l’Armée (proche de l’ancien régime), il y a les Frères Musulmans et leurs alliés fondamentalistes, et il y les opposants.
«Les gens qui se sont sacrifiés pour se débarrasser d’une dictature laïque vont se retrouver avec une dictature islamiste, et c’est pire» Lire la suite