Il aurait suffi, le 30 octobre cette année là, que 27145 Québécois de plus penchent du bon bord pour transformer une défaite en victoire référendaire , aussi mince soit-elle. Avec une majorité de deux voix, eut-il paru légitime de décréter l’indépendance du Québec? Moi, je ne le crois pas mais ça, c’est une autre histoire.
Ce qui m’importe, ici, c’est la candeur de ce traficoteux d’élection, Gilles Cloutier, capable de soudoyer les électeurs en leur livrant quelques vaches ou un téléviseur…
«Je pouvais donner quatre vaches (…) deux télévisions», a-t-il confié. Certains pouvaient se faire paver leur route, d’autres recevaient des laveuses ou des sécheuses. –Mélanie Colleu, Journal de Montréal, 30 avril 2013
Aaaaah, le bon vieux temps!
Le référendum de 1995
Lors du référendum de 1995, Gilles Cloutier a coordonné les activités du camp du non pour la région Laurentides-Lanaudière, ce qui correspond, explique-t-il, à 35 circonscriptions.
Il soutient avoir alors dépensé des milliers de dollars, non déclarés, pour installer dans chaque circonscription des panneaux de publicité du camp du non.
« J’ai fait passer ça par une compagnie d’enseignes et je trouvais des amis qui étaient en affaires et le compte allait là. Fait que c’était eux autres qui payaient. Ceux qui étaient bien partisans du non, ils payaient les affiches et les installations », a-t-il expliqué, ajoutant que l’agent officiel du camp du non n’en a, bien sûr, rien su.
« Le feu prenait dans nos pancartes la nuit. Il fallait les remettre. C’était une grosse bataille, c’était serré. On s’est battu jour et nuit. » – Radio-Canada, 30 avril 2013
Les 35 circonscriptions de la région Laurentides-Lanaudière étaient – et sont encore – en période de croissance démographique accélérée et plusieurs d’entre elles comptent parmi les plus peuplées. Rien à voir avec les Iles-de-la-Madeleine… Cette région regroupe donc un peu plus de 30% de la population totale du Québec, ce qui aura sans doute largement suffi à faire basculer le vote de suffisamment d’électeurs pour voler littéralement le référendum aux forces du OUI. Le camp du NON l’avait emporté par 2362648 voix contre 2308360. Des 4,67 millions de voix exprimées dans l’ensemble du Québec, plus de 1,4M proviennent de cette région dont notre prestidigitateur électoral était responsable pour le camp du NON.
Faire basculer 28000 voix du OUI vers le NON, ça ne représente après tout qu’un dérisoire électeur sur 500. C’est bien peu, et c’est surtout bien peu pour de si larges sommes dépensées illégalement en toute impunité. Et surtout si on prend en compte les marges de tricherie de 40% auxquelles ce bon monsieur Cloutier reconnaît lui-même devant la Commission Charbonneau s’être habitué.
Efficace, le procédé Cloutier? Le bonhomme dit avoir organisé une soixantaine d’élections clé en mains alors qu’il occupait la fonction de vice-président au développement des affaires (!) pour les entreprises de génie-conseil Roche (1995-2006) et Dessau (2006-2009); son taux de réussite est supérieur à 90%, affirme-t-il… Lire la suite