Deux séries d’événements, qui qui ne semblent nullement liés les uns aux autres, auront pourtant invité les autorités à mettre leur poing sur la table.
Le poing est tombé, pour ce qui est des compagnies de chemin de fer; il y a du Mégantic là-dessous. Injonction temporaire, avant même les recommandations du Bureau de la Sécurité dans les Transports – ce qui, dans un sens, étonne. Le BST n’en n’est pas à ses premières suggestions en matière de sécurité mais c’est la première fois que le laxisme de l’industrie – sous l’oeil bienveillant des autorités plus soucieuses de rentabilité que de sécurité – est responsable de près de 50 décès et de la dispersion dans la nature de 5,7M de litres de produits toxiques.
Politiquement, Transports Canada était coincé. Mais il faudra frapper encore plus fort et interdire le transport de produits pétroliers dans des wagons de type DOT 111. Un job pour les élus…
Le poing s’apprête à tomber, pour ce qui est des pratiques inacceptables des émetteurs de cartes de crédit, dont l’oligopole tient à la gorge aussi bien les commerçants que les consommateurs.
Dans les deux cas, n’en déplaise à ces pleureuses professionnelles qui obéissent aveuglément à la grande industrie et s’en font les perroquets, la grande entreprise n’aura pas réussi à s’auto-discipliner. Et dans les deux cas, la vertu devra être imposée par décret.
Déjà défaillante, la justesse des voix de la manécanterie des pleureuses du Canton de Sainte-Démagogie risquerait de s’aliéner son fidèle auditoire si les membres de la chorale portaient leurs hardes de putains et de mercenaires. Elles ont donc revêtu la burqa libertarienne, un vêtement assorti d’oeillères idéologiques particulièrement opaques.
Des exemples d’échecs de l’auto-discipline des entreprises, on pourrait les multiplier à l’infini. L’effondrement l’an dernier du Algo Mall, à Elliott Lake – cet édifice que ses locataires appelaient le Algo Falls et que son propriétaire ne jugeait pas utile d’ignifuger tant la toiture prenait l’eau. Au point de s’écraser. L’inspecteur municipal lui avait pourtant ordonné de réparer la toiture… but we didn’t have the money. Libââârté de gérer sa tite buziness comme on l’entend, et au yâb la liberté des boutiquiers, de leur personnel et de leurs clients de vivre!
L’usage des cartes-privilège
Avec l’essor des cartes de crédit privilège qui offrent des récompenses juteuses aux grands consommateurs, c’est un peu comme si les pauvres «subventionnaient» les riches. Totalement régressif!
Il faut savoir que chaque fois que vous payez avec votre carte de crédit, Visa ou MasterCard impose au commerçant des frais d’acceptation de 1,5% à 3%. Les frais sont encore plus élevés sur les cartes privilège (Voyage, Platine, etc.) destinées aux clients à revenus élevés. – Stéphanie Grammond, La Presse, 5 février 2013
Et, de continuer la journaliste, ces frais affectent lourdement la rentabilité des commerçants, à qui Visa, MasterCard et les autres émetteurs nient le droit de refuser les cartes privilèges ou d’en surfacturer l’usage. Cette contrainte, précise-t-elle, c’est le prix à payer pour avoir le privilège de faire affaires avec les émetteurs de cartes.
Il en résulte que le commerçant doit refiler ces coûts additionnels – pour ne pas dire les profits de ces requins du financement – à l’ensemble des clients. Lire la suite