Un milliardaire en appelle à la révolution, pendant que des Israéliens accusent les Américains d’origine juive d’être de parfaits imbéciles. Si ce sont là des effets secondaires des changements climatiques, le jour n’est peut-être pas loin où on récoltera des oranges à Kuujjuaq.

Épais… et lâche!
Le milliardaire Donald Trump, fervent défenseur du candidat républicain MittRomney, a supprimé aujourd’hui certains de ses commentaires agressifs postés sur Twitter, suite à la réélection du président Barack Obama.[…] Au total, plus de dix commentaires traduisant la colère du milliardaire ont été publiés, dont « notre nation est pour la première fois, une grande nation divisée », ou encore « le monde rit de nous », allant même jusqu’à encourager « une révolution dans ce pays ».
« Le collège électoral est un désastre pour une démocratie », fulminait encore le milliardaire, évoquant le système électoral américain. – le Figaro, 7 novembre 2012
Trump a raison sur un point: le collège électoral est une sinistre farce, qui ne rend vraiment pas justice aux électeurs, certains pesant plus lourd que d’autres. L’exemple qui suit est bien sûr théorique et ne risque pas de se produire, mais si on poussait les choses à l’extrême, moins de 5% des suffrages exprimés à l’échelle nationale pourraient suffiew pour permettre à un candidat à la présidence de l’emporter. C’est ce qui pourrait survenir si un candidat obtenait de faibles majorités dans des États où le taux de participation est très faible, alors que son adversaire récolterait des majorités écrasantes dans d’autres États où le taux de participation serait très élevé.
Mais pour le reste, pouah! Ça ne prenait pourtant pas la tête à Papineau pour deviner que si Romney détient une avance de un million de voix avant le dépouillement des votes de 38 millions de Californiens majoritairement Démocrates, cette avance de un million va se transformer en déficit! Ou peut-être Donald Trump était-il trop saoul pour se souvenir de l’existence de la Californie?
Un appel à la révolution? De la part d’un zouf qui vaut environ 3 milliards de dollars, il n’est pas très prudent d’en appeler au renversement de l’ordre établi!
L’État-nombril
Plusieurs commentateurs considèrent que le grand perdant de cette joute électorale, c’est Benyamin Netanyahu. Ce dernier n’a pas caché ses sympathies pour le candidat Républicain; Obama – qui n’a plus rien à gagner du lobby Juif puisqu’il en est à son dernier mandat – pourrait bien lui en faire payer le prix.
Et ce, d’autant plus que la communauté juive des États-Unis demeure derrière lui.
A national exit poll carried by CNN showed US Jewish support for the president breaking 69 percent, with some 30% supporting Republican Mitt Romney. – Hilary Leila Krieger, Jerusalem Post, 7 novembre 2012
Un fossé semble d’ailleurs se creuser entre les nationalistes israéliens d’extrême droite et la communauté judéo-américaine, à la fois plus modérée et plus critique des politiques adoptées par le gouvernement Netanyahu sous l’inspiration des partis religieux d’extrême-droite. Pire, les réflexions et commentaires publiés en Israël sur le résultat de l’élection américaine comportent trop de propos injurieux envers les USA et leur communauté juive pour me laisser indifférent.
Je m’inquiète, et je pense que tous les Juifs devraient s’inquiéter de cet isolement progressif d’Israël, dont le repli sur soi aura fatalement un prix. Et ce sont peut-être les Américains d’origine juive qui lui enverra la facture! Je ne suis pas de ceux qui contribuent sciemment au financement de l’État d’Israël; ce n’est donc pas de moi que pourront venir les mesures de représailles. Mais si on devait me solliciter tous les ans pour contribuer financièrement à la survie et à la défense de la terre des ancêtres, il me semble que je serais porté à ignorer de plus en plus cet État dont les ressortissants affichent envers la diaspora juive un mépris qui devient gênant.
Les expressions « repli sur soi » et « mépris » sont exagérées? Si j’en crois le discours de certains ultra-nationalistes, elles constituent plutôt de bien pâles euphémismes.
Quelques échantillons de cette rhétorique abrasive, tels que publiés à la suite de cet article du JPost:
- Je crois que si [Dieu] nous défie avec la réélection d’Obama, c’est pour mieux nous rappeler que nous ne devrions faire confiance qu’en [Lui]. Al tivt’chu bin’divim. – Rar113
- HaShem [note : Dieu] nous guidera éternellement. Je suis franchement désolé pour tous ces Américains de bonne foi que cette élection va maintenir dans la souffrance. Le rêve américain est mort, mais le rêve israélien, lui, est très vivant. Malgré ce choix honteux fait par les Américains, nous allons continuer à prospérer et à vivre libres sur notre terre de Jérusalem et de Sion. Nous devrons toutefois compter davantage sur nous-mêmes, en même temps que notre leadership devra s’articuler sur la Nation et être capable d’affronter la communauté internationale et cette intimidation qu’elle va invariablement nous servir. Le temps est venu de mettre à la tête d’Israël un gouvernement de droite fort et résolument sioniste. עם ישראל חי. – Avi David BenZion
- Si [Dieu] a permis qu’Obama soit réélu, c’est au contraire pour aider les Israéliens de bonne foi à préserver leur Nation de la stupidité de l’extrême droite et des colons – Isaac
- La réélection de Hussein Obama n’empêchera pas Israël de se donner un gouvernement nationaliste de droite, ni n’empêchera la construction de ce que vous qualifies de colonies et que je considère plutôt comme des cantons Juifs parfaitement légitimes. – Avi David Benzion Lire la suite